Barbara Pravi
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Carpenter Brut aux Francofolies : « On est des guerriers, on n’a pas le choix. On part en bataille. « 

Tim Dup : « Dans une longue histoire d’amour, il y a forcément de la tempête. »

Barbara Pravi : “Je suis quelqu’un de tous les jours, quelqu’un qui sourit.”

Sombre Clair
Comment te sens-tu, à quelques heures de jouer aux Francofolies de La Rochelle ?

Carpenter : Je me sens comme pour n’importe quel autre concert, toujours un peu stressé au début. À mes yeux, peu importe où l’on joue, il faut faire le show du mieux possible, pour que les gens qui payent ne soient pas déçus. On n’a pas joué depuis trois ans et demi, donc on est rouillés comme des merdes. Mais voilà, on a déjà fait deux concerts et ça s’est plutôt bien passé. On est des guerriers, on n’a pas le choix. On part en bataille. 

Tu fais une grande tournée qui passe autant par l’Europe que par l’Amérique du Nord. Tu as du succès sur les deux continents. Sens-tu que la relation avec le public est différente outre atlantique ?

Carpenter : Globalement je ne pense pas. J’ai l’impression que c’est un peu les mêmes profils de personnes qui viennent me voir. Il y a du métalleux, du geek, du gamer, des gars qui aiment l’électro… C’est assez varié. Il y a peut-être des pays où les gens sont moins fous. Par exemple, les Hollandais sont moins excités que les Américains ou les Russes. Je crois que les Russes sont les plus fous qu’on ait vu. 

On ressent dans le titre de ton nouvel album, Leather Terror, une allégorie de la peur, un registre sombre. Est-ce le ton que tu as cherché à retransmettre ? 

Carpenter : J’ai toujours été un fan des films d’horreur ! Un film d’horreur n’est pas là pour te faire plaisir, tu dois être gêné et secoué. J’en ai un peu marre des films d’horreur qui te donnent ce que tu as envie de voir. Je reviens toujours aux vieux films horrifiques, qui ne s’emmerdent pas avec ça. Est-ce qu’on laisserait tranquille le réalisateur de Cannibal Holocaust si le film sortait aujourd’hui ? Il serait interdit partout. Aujourd’hui, la réalité est tellement nulle à chier que les gens veulent être rassurés devant un film. Moi quand je regarde un film, j’aime être bouleversé. Donc c’est un peu l’idée avec mon album, qui est à la fois violent, mais qui propose aussi d’autres tonalités, pour passer d’une émotion à une autre. Je sais pas si c’était vraiment ça ta question, mais on va dire que c’est ça ma réponse.

Dans ta tournée de 2019, on décelait une recherche esthétique autour des années 80, avec des images des films d’horreur de cette époque qui défilaient sur les écrans de la scène. Dans ton nouveau live, tu as procédé autrement. 

Carpenter : Pour plein de raisons, je ne diffuse plus ces extraits de films.. D’une part, la personne qui s’occupait de cela a complètement disparu des radars. Deuxièmement, on était un peu dans une zone grise au niveau des droits d’auteur. Et troisièmement, j’ai quand même eu des gens qui m’ont accusé de passer des images de femmes qui se font tuer. J’étais accusé d’être un machiste. Depuis, je fais plus attention. Il faudrait que les gens se détendent un peu, parce qu’on n’est pas ennemis à la base. En ce moment, ça dégénère vite sur les réseaux sociaux. Aussi, j’utilisais les mêmes images depuis trois ou quatre tournées. À un moment, il faut se renouveler. 

Sur cette ancienne tournée d’ailleurs, tu restais dans l’ombre. Aujourd’hui, tu as l’air de te mettre un peu plus en scène.

Carpenter : Je suis toujours aussi peu à l’aise avec mon image. Je ne suis pas un show-man. Le public me voit derrière mon ordi et doit penser que je réponds à mes mails. Quand ils me voient avec mes lunettes de soleil, ils se disent peut-être que je me la pète. Pour cette tournée, on a un peu plus stylisé la scène, c’est vrai que je me suis placé au milieu. En fait, je vois mieux les deux musiciens ainsi, et j’ai un côté un peu chef d’orchestre. 

Dans ce nouvel album, il y a une vraie richesse instrumentale qui se dégage. Dès l’Opening Title, on entend des cloches, des cordes… des expérimentations ? 

Carpenter : J’essaie de changer le style de mes morceaux à chaque album. Même si c’est toujours un peu les mêmes accords que je fais ou le même rythme, chaque morceau change. Avec des ordinateurs et des synthés, tu peux tellement explorer et expérimenter. Le prochain album sera plus punk, comme les groupes de punk-rock des années 80, mélangé avec de la musique de science-fiction des années 70. On verra bien ce que ça donne. 

Ma trilogie d’album va se terminer dans un univers futuriste. En 2100, le personnage est enfermé dans une chambre froide. Il est congelé, mais il y a une coupure de courant et l’idée c’est qu’il sorte de la chambre froide. Une inspiration science-fiction, que j’ai toujours bien aimé. 

Carpenter : C’est un pentagone. Je l’ai créé en pensant à une marque comme Nike. Tu connais le logo mais tu ne connais pas le nom du PDG de Nike. Tu t’en branles.. Donc je me suis dit que j’allais commencer Carpenter par le logo. C’est ce qui allait définir mon image, c’est-à-dire si un mec se fait tatouer ou un tag sur un mur,n saura que c’est Carpenter. C’est très important car les gens regardent la pochette du disque dans les bacs et maintenant sur Spotify. Comme je ne me mets pas en avant, il n’y a pas de photo promotionnelle de ma gueule. Il fallait quelque chose qui marque les gens. On a pris un pentagramme en y insérant une rose à l’intérieur. 

Est ce que tu es intéressé par l’idée de travailler sur des projets autres que les tiens ? 

Carpenter : On m’en propose souvent, soit des remixes, soit de faire des B.O. Plus ça va et plus j’ai du mal. Quand on me propose une musique de film, il faut que je me dise que j’ai pas perdu mon temps. Parce qu’une musique de film, ça ne se fait pas en quinze minutes. C’est un vrai taf, donc généralement je dis non. Là par exemple, je suis en tournée jusqu’en novembre. En rentrant, je vais être déglingué. 

Tu démontres un grand intérêt pour le cinéma. Est ce que tu es attiré par un rôle peut-être moins proche de la musique, dans l’écriture de scénario ou dans la réalisation ? 

Carpenter : Il y a un concept de film que j’aime, mais je ne suis pas réalisateur. En fait, j’ai pensé au type de film que j’aimerais voir au cinéma. Un film d’action futuriste. Mais j’attends le bon moment pour en parler. 

Est ce que tu as mis à profit le temps des confinements et de la pandémie pour créer ? 

Carpenter : J’ai fait l’album. J’avais dit au tourneur de 2018-2019 qu’on avait assez tourné, que je voulais réserver la fin de 2019 et l’année 2020 pour composer un nouvel album. Donc c’est tombé à ce moment-là. C’est le flair (rires). Tous mes potes avaient prévu de tourner, au final, ils sont restés chez eux.  

Article co-écrit avec Arthur Villalongue.

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