Du 6 au 8 juin, le bois de Vincennes a de nouveau vibré au rythme de We Love Green. Si cette édition 2025 a été marquée par une météo (enfin) clémente, le festival a proposé une programmation électrisante et une foule dense est venue célébrer la musique sous toutes ses formes. Trois jours d’énergie, de chaleur et de sons éclectiques, dans un écrin toujours aussi vert et engagé.
Des têtes d’affiche à la hauteur
We Love Green 2025 a tenu toutes ses promesses, misant sur des artistes de renommée internationale pour remplir les scènes principales.
Le vendredi, la grande scène, ou la Prairie pour les intimes, a vu défiler une série d’artistes urbains francophones très attendus. Tiakola, désormais incontournable sur la scène du rap français, a ouvert le bal avec un show calibré, avant de laisser la place à Vald puis à SDM, qui confirment leur statut de bêtes de scène. Côté Clairière, grande scène surmontée d’un chapiteau, le clou du spectacle revient sans conteste à Paul Kalkbrenner. Le géant de la techno allemande a livré un set puissant au coucher du soleil, transportant le public dans une transe électronique pure.

Yseult, très attendue après un album poignant salué par la critique, a quant à elle délivré un show rock and roll, toutefois sans musiciens sur scène. Une performance qui faisait la part belle à son dernier projet, que l’artiste a fièrement auto-produit de bout en bout.
Sur la scène La La Land, à l’entrée du festival, Kavinsky enchaîne ses classiques à grands coups de basses synthétiques, comme un retour triomphal aux années 2010, et clôture son set sur son Nightcall, revenu en force après sa célèbre prestation à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris l’an dernier, en compagnie d’Angèle et de Phoenix.

Samedi : le brat day
Le samedi était sans doute la journée la plus dense et éclectique. Par ailleurs, la journée était complète depuis plusieurs semaines. Et pour cause : le phénomène Charli XCX a amené le brat summer au bois de Vincennes ! Avec un show hyper visuel, percutant et énergique, la star britannique a enchaîné ses tubes futuristes en mêlant pop synthétique et énergie punk, comblant des milliers de fans venus de France et d’Europe, habillés du vert pomme si singulier de son dernier album.
Air, groupe mythique de la French Touch que l’on retrouvera également à Musilac en juillet prochain, a également signé un moment suspendu, entre nappes planantes et nostalgie vibrante. Leur présence rare sur scène a ravi les connaisseurs. Le moment fort restera certainement la venue surprise d’une certaine… Charli XCX ! Un clin d’œil inattendu qui a surpris et ravi tout le monde, offrant un échange artistique inédit entre deux univers.

Gesaffelstein, de retour en France après une absence remarquée depuis plus de dix ans, a plongé le festival dans une ambiance sombre et radicale. Son set millimétré, entre techno industrielle et électro noire, a offert un contraste saisissant avec la légèreté pop de Charli XCX. L’artiste, fidèle à son esthétique cinématographique, a captivé le public par sa rigueur et son intensité.
Parmi les révélations marquantes de cette édition, Theodora a confirmé qu’elle est l’une des voix les plus excitantes de la pop française. Originaire de Saint-Denis, elle mêle humour, audace et influences multiples dans un univers musical aussi impertinent qu’attachant. Son tube KONGOLESE SOUS BBL a fait danser tout l’hiver, et sur scène, elle électrise par son énergie et son sens du spectacle.
Moment fort : la venue surprise de Chilly Gonzales, Juliette Armanet et Luidji pour l’accompagner sur scène, preuve de l’ampleur qu’a pris son projet. Fraichement programmée à la prochaine Fête de l’Huma, Theodora incarne une pop libre, fraîche et résolument actuelle.

Dimanche : une clôture électrique
Le dimanche, le festival a changé de ton. Plus onirique, plus introspectif, mais tout aussi intense. LCD Soundsystem a offert un final magistral : James Murphy et ses acolytes ont enchaîné leurs morceaux cultes dans une ambiance électrique devant une foule compacte et déchaînée. Juste avant, FKA Twigs a livré un show visuellement saisissant, chorégraphié avec une précision millimétrée en 3 actes, transportant le public dans un univers à la fois éthéré et brutal. Enfin, à la Canopée, The Dare fut, malgré un show de seulement 50 minutes, l’une de nos plus belles surprises du week-end.

Beach House a offert un moment suspendu à la Clairière. Un concert chill et profondément émouvant, comme un souffle doux au cœur du tumulte du festival. Clara Luciani, figure incontournable de la pop française contemporaine, a elle aussi brillé sur la grande scène, en pleine golden hour. Sur scène, sa présence magnétique a transcendé ses tubes, repris par la masse de festivaliers venus à sa rencontre, mêlant puissance vocale et délicatesse mélodique. Depuis ses débuts, Clara Luciani cultive un univers à la fois solaire et profond, qui a su toucher un large public et s’imposer comme l’une des voix majeures de la scène française.

Un engagement toujours aussi fort
Comme chaque année, We Love Green n’a pas dérogé à son engagement éco-responsable. Gobelets réutilisables, cuisine végétarienne à l’honneur, conférences sur la transition écologique, présence d’associations en nombre : tout est pensé pour limiter l’impact du festival. Si certains y voient un vernis green, le festival continue malgré tout de faire figure d’exception parmi les grands rendez-vous musicaux européens en intégrant l’écologie dans son ADN. Seule ombre au tableau, n’oublions pas que la venue d’artistes internationaux, en particulier de l’exclu Charli XCX le samedi, a fait se déplacer de nombreux touristes européens, voire d’autres continents.

Une météo (presque) miraculeuse
C’est devenu une blague récurrente, mais dont les organisateurs se passeraient bien : We Love Green, We Love pluie. Et pourtant, cette année, la météo a pris tout le monde de court. Le soleil a brillé durant la majorité week-end, et seules quelques averses dans la soirée du samedi sont venues troubler le long chemin retour des festivaliers, venus en nombre pour voir la tornade Charli XCX. Résultat : une ambiance détendue, des pelouses enfin praticables, et un public ravi de ne pas devoir patauger dans la boue.
We Love Green 2025 restera comme une édition particulièrement réussie. Portée par le beau temps, une programmation solide et éclectique, et des festivaliers comblés, le festival confirme qu’il sait se renouveler tout en gardant son identité forte. Et sous le ciel (presque) bleu de Vincennes, les festivaliers sont repartis le cœur léger, déjà prêts à revivre ça l’année prochaine.