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Kalika : “Ma musique, mon image, tout mon projet, c’est que du vrai”

Météo capricieuse et scène française à Woodstower

Worakls : “J’ai envie de faire aimer la musique orchestrale à de nouveaux publics”

Sombre Clair

Kalika fait partie de cette nouvelle génération d’artistes que nous découvrons sur les scènes des festivals cet été, mais que nous aimerons encore plus sur les grandes scènes d’ici très peu de temps. Lors de son passage à Woodstower, nous avons pu échanger avec l’artiste sur sa carrière et ce qu’elle souhaite partager à travers son album, Adieu les Monstres.

Tu es en pleine tournée des festivals et avec ce soir un passage à Woodstower. Comment tu vis le rythme ?

Je viens d’avoir une petite semaine de pause donc je suis boostée à bloc. Je kiffe trop la tournée. Je le vis un peu comme des vacances, même si c’est fatigant physiquement. Quand tu t’entends bien avec ton équipe de tournée, tu as tendance à faire un peu trop la fête à chaque concert. C’est plus ça qui peut être fatigant. Sinon, c’est vraiment trop cool. Tu rencontres plein de publics différents, c’est des challenges qui peuvent être aussi stressants, c’est sûr. Mais j’aime bien les challenges, donc ça me va.

Entre première partie de Yelle et artiste en tête d’affiche à La Cigale et avec un show qui évolue scéniquement, comment ressens-tu ton évolution ?

Je suis assez contente de mon évolution sur scène car j’ai tout fait étape par étape. Au début, je jouais avec presque rien sur scène, j’étais en guitare-voix. À chaque fois, j’ai rajouté de nouveaux éléments, toujours au moment où je n’en pouvais plus de faire sans. On a ajouté progressivement les prods, puis un danseur, puis une batterie. Ensuite, il y a eu la scénographie et enfin les lumières. Comme tout est arrivé au compte goutte, je trouve cette évolution assez cohérente et logique.

Kalika à Woodstower – Clément Guyon – @clementg.photos
Tu n’as pas grillé d’étapes. 

J’ai pas grillé d’étapes, et c’est assez agréable de franchir les étapes quand tu te sens vraiment prête à le faire, quand tu en as vraiment envie. Le show me ressemble vraiment, il est assumé, car je l’ai imaginé pendant longtemps, j’ai imaginé plein de possibilités.

Depuis combien de temps travailles-tu sur cette version du show ? 

Tout a commencé avec la scène. Avant même de sortir mes sons sur les plateformes de streaming ou avec un label, j’étais déjà sur scène, il y a peut-être trois ou quatre ans. Depuis deux ans et demi, il y a les sons. C’est comme ça que je me suis fait repérer et que j’ai pu signer en label, ce qui a débloqué un grand nombre d’opportunités.

Yelle a marqué une époque et bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance internationale. As-tu l’impression d’être l’héritière de son art en France ?

Je pense que nous faisons partie de la même famille d’artistes, et il y a peu de gens avec qui je peux dire ça en France, avec qui je m’identifie vraiment. J’ai grandi en écoutant ses sons, j’étais fan. J’ai forcément été imprégnée d’une manière ou d’une autre, même si on est différentes. Je pense que j’ai un côté beaucoup plus sombre, plus triste. Chez Yelle, c’est plutôt la teuf, même si ses chansons ont beaucoup de sens et de double sens, notamment dans l’harmonie, dans la façon dont ses titres sont composés. Il y a un truc très lumineux, chez moi un peu moins. Mais je trouve que je découle de ce côté un peu pop trash. 

Sur les réseaux sociaux comme sur scène, tu te confies beaucoup, tu parles de tes états d’âme. Est-ce une manière d’être proche du public comme avec des amis, et que le public est un peu comme un confident ?

Avec le Kalika Gang, c’est comme ça que j’appelle mes fans, on se dit un peu tout, c’est vrai. Je ne sais pas si c’est toujours très bien. À la fois, je suis archi proche d’elles et d’eux, mais, parfois c’est allé un peu loin. J’ai reçu des appels à l’aide de personnes qui allaient très mal, qui me parlaient de suicide notamment. Je me suis demandée où était la limite. Forcément, quand je reçois ce genre de message, j’y réponds, mais je ne suis pas psy… C’est sûr qu’un lien proche peut créer quelque chose de dangereux. Mais globalement, mon lien avec le public est assez ouf. On est très proches, je pense que ce sont surtout des gens qui ont vécu un peu les mêmes trucs que moi, des gens qui ne se sont pas sentis à leur place et qui essayent d’être fiers de qui ils sont maintenant.

Kalika à Woodstower – Clément Guyon – @clementg.photos
On sent une réelle proximité notamment aussi parce que tu ne mâches pas tes mots ou tes opinions. C’est important pour toi de garder un côté authentique ?

C’est hyper important pour moi. C’est toujours comme ça que j’ai fait les choses. La musique, l’image, tout mon projet, c’est que du vrai. Après, c’est sûr que j’aime bien la fantaisie et que ce soit grandiose. Mais tout vient de ma tête, d’expériences vécues, d’imagerie que j’ai pu voir quand j’étais petite, de trucs que je transformais dans ma tête, quand ça n’allait pas. J’ai toujours voulu rester authentique, c’est ce que j’essaie de faire au mieux.

Tu sais que le fond est vrai, ce qui te permet d’aller plus loin dans la forme.

La forme est hyper importante aussi, elle raconte encore autre chose. Je travaille beaucoup sur l’image, ça m’intéresse vraiment. L’écriture est très brute, très trash, j’écris un peu comme je parle. De l’autre côté, j’essaie de créer des images fortes et que ça soit poétique.

Tu as des textes très forts, très engagés, notamment Sarah et Stéphane. Dans ce titre, tu parles des violences conjugales et de tes parents. Tu dis avoir écrit ce texte d’une traite et ne jamais l’avoir modifié. Pour toi, écrire c’est aussi un moyen de vouloir guérir ?

C’est complètement ça, pour l’instant en tout cas. Je pense que ça va changer à un moment, je ne vais pas aller mal tout le temps (rires). Ce premier album est une manière de devenir une adulte, je pense. Je reviens sur des souvenirs chelous, je les analyse pour faire en sorte que ça ne soit qu’une autobiographie et pour prendre de la distance. Je l’ai sorti en 2023 car je me sentais prête. J’ai composé et écrit Sarah et Stéphane il y a cinq ans. Je crois que c’est ma chanson la plus ancienne. J’ai enregistré le titre chez moi quand j’étais bien vénère, et je n’ai jamais modifié l’enregistrement. Je n’ai jamais réussi à reproduire la même émotion et je me suis dit tant pis. C’est un truc d’il y a cinq ans, mais ce n’est pas choquant. C’est même mieux, je pense. Des fois, le risque est que tu veuilles tellement faire un univers incroyable que ça devient trop contrôlé.

Le titre de l’album est Adieu les monstres. Les monstres sont-ils des démons de nos esprits que tu essaies d’exorciser à travers la musique ?

C’est complètement ça. C’est aussi des personnes que j’ai croisées sur le chemin. Pour aller mieux, j’ai parfois décidé de ne plus revoir certaines personnes, de faire une croix dessus. Il y a des gens sur lesquels on s’accroche. On espère qu’ils vont changer mais ils ne changeront jamais.

Propos recueillis par Leïla Colleaux et Anthony Kuntz. Merci à eux !

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