Ben l'Oncle Soul - © Baptiste Bourgouin
Barbara Pravi
Rechercher Menu

Ben (l’Oncle Soul) : “On se laisse la porte ouverte pour pouvoir changer, improviser à tout moment.”

Barbara Pravi : “Je suis quelqu’un de tous les jours, quelqu’un qui sourit.”

Magenta à Musilac : “Vu le niveau de folie du projet à l’époque, on ne mesurait que partiellement les choses”

Sombre Clair

Vous connaissez sûrement Ben pour son précédent nom de scène, Ben l’Oncle Soul. C’est un artiste aux multiples facettes que nous rencontrons au festival O’Tempo, à quelques kilomètres d’Orléans, le 28 août. Naviguant entre les styles et ses différentes amours musicales, l’artiste nous raconte l’histoire derrière sa carrière, et son plaisir de retrouver son public sur scène.

Comment tu te sens, à quelques minutes de jouer sur le festival O’Tempo ?

Ben  : Écoute très bien. Très content de repartir sur les routes et de faire des concerts à nouveau. On a fait une pause au mois d’août pour garder un peu de vacances au milieu de l’été. On reprend avec les festivals et le début de la saison d’automne qui va commencer.

Tu es en tournée pour présenter ton cinquième album. Comment se passe la réception avec le public et comment se passent ces rendez vous ?

Ben : En fait, on le présente sans le présenter. On fait quelques titres de Red Mango, mais on joue mes albums précédents aussi. Les gens aiment bien la touche latin-reggae. Ça marche bien en festival. Je ne fais pas tout le répertoire reggae. J’ai fait un thème vraiment pour cet album, c’est une petite parenthèse, histoire de voir ce qu’on avait en stock sur ce thème. Mais c’est vraiment une parenthèse. Je me suis pas mis à faire du reggae.

Sur cette tournée, et même avant, tu as joué dans des salles comme le Casino de Paris ou le New Morning, qui sont des salles à taille humaine. Tu as aussi joué dans des grands lieux comme la Halle Tony Garnier. La réception ou le plaisir est différent en fonction des lieux ? 

Ben : C’est toujours différent. Le plaisir que je me suis créé à partir de ça, c’est de m’adapter partout, de sentir qu’on est à l’aise dans les différents environnements. On ne fait jamais le même concert. Aujourd’hui, on joue à 16 h. Je ne vais pas jouer les mêmes titres que si j’avais joué à 23 h parce que je sais que les gens seraient là pour faire la fête. Donc du coup, et non, il y a une vraie, il y avait une vraie cogite pour rentrer en résonance avec soit un lieu, soit un public. Et en fait, c’est cette gamberge là, moi qui me fait kiffer, puisque maintenant mon répertoire s’agrandit, on fait des disques aussi pour que justement le répertoire puisse évoluer, s’agrandir. Aujourd’hui, j’ai cinq albums, donc ça me permet d’avoir plein de chansons. Et comment les faire vivre toutes ? C’est justement en essayant d’adapter au lieu au public, quand aujourd’hui on a envie de faire celles là. 

Chacun de tes albums peut avoir des intonations ou un style musical un peu différent. Est ce que ça marque des périodes de ta vie ?

Ben : Le travail dans un album, ça reste à priori commencer à une date et terminer à une autre date. Donc, pendant cette période là, qu’est ce que tu fais ? Par quoi tu es influencé ? Est ce que t’as envie de la cohérence entre les titres ? J’aime bien le côté séries. Je trouve ça intéressant aujourd’hui, parce qu’on est en digital. Si on a envie de faire 120 titres, on fait 120 titres. Si on a envie d’en faire un seul et de le sortir comme ça, c’est possible. Il n’y a plus d’obligation de format. Sauf quand on aime bien les objets. J’aime bien les vinyles et tout. Donc ça m’a obligé à faire des petits albums pour que tout tienne dessus. Et surtout, j’aime bien le côté séries, c’est à dire que je vais garder un espèce de fil conducteur et je vais essayer de le tirer sur une dizaine de créations. Je trouvais cool de faire un clin d’œil à la musique reggae que j’ai écouté un peu plus jeune, qui m’a beaucoup influencé et qui fait partie aujourd’hui de la découverte.

Sur ton album Red Mango, il y a plein de reprises qui te sont chères. Comment tu as choisi ces reprises particulières ? 

Ben : Ils se sont faits très naturellement en studio. J’étais avec des musiciens qui s’appellent les Monophonics. Tout le monde a donné son avis et l’idée les a plutôt bottés. Ils sont très respectueux de la musique et ont surtout fait de la soul jusqu’à présent, ils ne voulaient pas trop en sortir. Ils ont quand même accepté le challenge. On est passé par la soul pour faire le lien. On a appris des morceaux de soul music, essentiellement des morceaux qu’on adore. Et les musiciens ont donné des idées. Moi aussi j’en ai apporté. Imagine, c’est un peu le morceau qui sort du lot parce qu’il est pop. Il y a aussi Stay de Rihanna. C’est le morceau le plus moderne, parce que le reste, c’est des morceaux de soul des années 70.

Pourquoi l’album Red Mango s’appelle t-il ainsi ?

Ben : C’est pour moi une pause, une petite parenthèse musicale, un kiff qu’on s’est tapé avec des potes. C’est un peu le fruit que tu manges sur le bord de la route. La mangue pousse dans la Caraïbe. Quand elle est rouge, c’est qu’elle est bien mûre et on peut la cueillir ou juste la ramasser et la consommer. Un peu comme le disque.

Ce disque est apparu deux ans après le précédent, alors que jusqu’à présent, tu travaillais plutôt sur quatre ans, entre les tournées et la production du disque. Tu as changé de méthode de travail ?

Ben : Ici, c’est des reprises, donc c’est plus facile à mettre en place, c’est moins long à composer. En fait, il y a juste le travail de réarrangement et d’enregistrement à faire. Généralement c’est le travail d’écriture qui me prend du temps. Pour écrire une chanson, raconter une histoire, il faut la créer de toutes pièces, pas juste une interprétation. En plus, notre axe, c’était de les faire en reggae. Donc c’est facile.

Vu que tu as des répertoires qui sont quand même assez différents, de la soul en passant au reggae, est-ce que un défi de créer une cohésion ?

Ben : J’ai vraiment la chance de travailler avec les mêmes musiciens depuis douze ans. On se connaît sur le bout des doigts. Ils connaissent mon répertoire et on s’éclate. Même si on prépare le concert, on se laisse la porte ouverte pour pouvoir changer, improviser à tout moment. Ça c’est du jazz à mon sens, le fait de garder la porte ouverte à de l’improvisation, à un feeling général aussi, à l’étincelle du batteur ou du guitariste qui va dire « Ah ben voilà, j’ai envie de jouer ça, on va le faire comme ça ». Et c’est en cela que répéter l’exercice de faire des concerts reste excitant. Il reste super agréable.

Laisser un commentaire
À lire également