Depuis plus de vingt-cinq ans, Solidays entrecroise la musique et les engagements en proposant un festival aux valeurs bien ancrées. La force de cet événement ? L’amour, avant tout. Cette nouvelle édition qui s’est tenue du 27 au 29 juin à l’Hippodrome de Longchamp a tenu ses engagements, avec une programmation puissante permettant de frôler le record de fréquentation de l’édition précédente.
Solidays fait depuis le début des années 2000 partie des premiers rendez-vous de l’été sur Paris, bien qu’aujourd’hui le public vienne de toute la France – voire de plus loin. Dès le vendredi, le soleil (pas encore écrasant) était de la partie, parfait pour accueillir Sean Paul sur la scène Paris et, quelques instants plus tard, la grande Yoa. Grande par sa voix, par sa prestance, par son amour de la scène. Une première à Solidays pour l’artiste qui remplissait il y a quelques semaines l’Olympia et qui, ce soir encore, a prouvé qu’elle est définitivement installée dans le paysage de la scène française.
Peu après, place au grand Damso. Sa venue n’était une surprise pour personne, bien avant son annonce officielle à Solidays – il avait été plus rapide que la production du festival. Une story d’Angèle, pieds sur un gazon un peu sec, pouvait laisser imaginer une venue surprise ? Il n’en sera rien, mais tant pis : Damso fait le show, presque invisible sur scène si on évite les premiers rangs, grâce à une scénographie imposante mettant en avant une grande structure métallique et de nombreux danseurs. Une première date de la tournée des festivals, avant de rejoindre rapidement la programmation des Eurockéennes ou des Vieilles Charrues dans quelques jours. Plus tard, Shay prendra sa place sur la même scène avec un show spécifiquement créé pour une date unique à Solidays. Elle aussi fait le choix de la structure métallique et réunit une foule impressionnante pour une journée plus que complète. Le lendemain, après le traditionnel hommage aux bénévoles, Lamomali, parmi les groupes à retrouver un peu partout cet été, prend place sur scène, peu avant le puissant Apashe et son Brass orchestra, à mi chemin entre MEUTE et Worakls Orchestra. Bagarre était également de la partie. Annoncés tard, c’est avec une grande joie que nous les revoyons à Solidays, d’autant plus qu’il s’agit là de leur tournée d’adieu avec un clap de fin à la Cigale en décembre, et une ultime date en festival à la Fête de l’Humanité en septembre.
Kompromat aussi nous réserve une surprise : celle de la venue de Christine and the Queens alias Rahim Redcar pour interpréter leur ultime chanson d’un set survolté, n’oubliant pas le classique de la rencontre entre Vitalic et Rebeka Warrior : la mort sur le dancefloor (déjà interprété par Vitalic à Solidays en 2014… souvenirs !)
Que dire des nuits de Solidays, ces moments de communion en musique et en sueur, sous les fameux chapiteaux Dôme et Domino jusqu’au petit lever du soleil ? C’est peut être le plus grand charme de Solidays, le moment le plus intense et les musiques les plus fortes. Cette année, nous pouvions compter sur la déjantée Stella Bossi bien trop rare en France, l’unique Perceval qui transcende les codes de l’électro et… de la musique médiévale, ou encore Victoria, qui n’est autre que Victoria De Angelis, superstar dé Måneskin. Ou encore, des traditionnels collectifs Viens la Fête ou Chronologic, qui chaque année renversent Longchamp à coups de hits d’hier et d’aujourd’hui.
Outre les concerts, n’oublions pas ce qu’est Solidays : un événement organisé par Solidarité Sida dont le but premier est de récolter des fonds pour lutter contre le VIH et développer des programmes d’aide un peu partout dans le monde. Ainsi, sur le site de Longchamp, le projet est régulièrement rappelé, que ce soit lors de la cérémonie contre l’oubli, à l’exposition Sex In The City ou lors de la cérémonie du Patchwork des noms.
Retour sur un samedi pré-caniculaire et une nouvelle salve d’artistes. Le compteur n’est pas au complet pour Solidays, l’ambiance l’est complètement. Pour bien se mettre en jambe la sulfureuse Éloi plus énergique que jamais sous la scène Domino est là pour tout retourner. Quelques minutes après, l’émotion. Zaho de Sagazan, près d’un an après son marquant passage à Rock en Seine, captive Longchamp avec un show équilibré, entre titres prenants et danse exaltante – pour s’oublier en musique. Un moment fort est à marquer : le public aide une personne en fauteuil roulant à rejoindre les premiers rangs, portée par le public, pour chanter la Symphonie des Éclairs avec Zaho. On s’en souviendra. En parallèle, MEUTE transportait la scène Dôme avec sa fanfare techno, que l’on retrouvera entre autres à Musilac et à la Fête de l’Humanité.
Après une seconde nuit de sueur, retour à Longchamp pour une ultime journée, cette fois sous une chaleur écrasante et avec des allées pleines à craquer. Au programme, journée rap avec SCH et Kalash pour baisser le rideau sur cette édition du festival.
Sans oublier le grand retour de Yelle, pour célébrer ses 20 ans de carrière, ni Aliocha Schneider et son timbre de voix émouvant. Et bien évidemment GIMS, qui clôture en beauté cette nouvelle édition de Solidays. Le festival engagé salue une dernière fois son public, permettant à quelques bénévoles de monter sur scène tandis que le directeur, Luc Barret, rappelle les enjeux de Solidays. Si cette édition fut un succès à bien des niveaux, l’équipe rappelle que l’économie des festivals est fragile et que le modèle doit perdurer. Une mise en garde très clair dans un contexte plus qu’incertain.
