Félix et Laurène : deux prénoms qui risquent de se graver dans nos esprits. Après plusieurs EP, un album et des singles, le duo qui forme Vénus VNR s’apprête à conquérir le Printemps de Bourges. Félix, ancien membre de Thérapie Taxi, revient sur son parcours et le succès grandissant de ce projet qui parle à toute une génération.
Comment vous vous sentez tous les deux à quelques jours de jouer au Printemps de Bourges ?
On est ravis, d’autant plus que ça tombe la semaine de la sortie de notre prochain EP. Pour être honnête, on a légèrement adapté la date à l’événement. Donc c’est une semaine intense qui nous attend la semaine prochaine. La sortie de l’EP et Bourges, qui est un rendez-vous particulier. C’est un bon stress, un stress agréable.
Que pouvez-vous attendre d’une date sur le Printemps de Bourges ?
Le particularité de ce festival et surtout le contexte dans lequel on va jouer, c’est que c’est des soirées pros. C’est devant des programmateurs, des tourneurs, des labels. C’est quand même une ambiance particulière. On a préparé une setlist assez frontale, courte et efficace, avec des enchaînements de morceaux plus rapides. On esaie de faire une synthèse de notre univers, de la manière la plus claire, la plus limpide possible. Par exemple, on joue après demain dans une SMAC à Tourcoing, un vrai concert, c’est pas du tout la même setlist. On fait une répète spéciale pour Bourges avec des enchaînements spéciaux. On commence par des morceaux qui ont pour but d’attirer l’attention dès le début. Le but sinon, c’est d’arriver à se marrer et à prendre du plaisir malgré les enjeux plus pros.
Vous sortez un EP la même semaine, et avez un rythme de sorties très rapide : quelques singles cette année, également en 2023, et même un album en 2022.
On maintient le flow d’un disque par an depuis le début. Ça nous permet de maintenir en continuité un peu de live et de maintenir à jour nos envies. Un disque, entre le moment où on le compose, on l’enregistre et où il sort, devient vite obsolète. Ça nous permet d’avoir une setlist toujours en mouvement, avec de nouvelles influences. Ce nouvel EP nous permet de temporiser entre deux albums et de ramener un petit vent de fraîcheur en 2024. Ça nous a relancé une tournée qui a commencé en janvier et qui s’étale jusqu’à l’été. On prépare déjà notre album pour 2025, et cet EP nous permet de tester de nouvelles choses, avec de nouvelles personnes avec qui on travaille en studio. Et ça nous amène du nouveau public !
Vous êtes ici en révélation, mais vous avez déjà 13 000 auditeurs mensuels sur Spotify. Comment expliquez-vous ce succès ?
En fait, on a fait notre premier disque sur le label de Stupeflip qui s’appelle Etic System. À l’époque, on a fait du live sans même avoir sorti de disque, parce qu’un artiste de Stupeflip qui s’appelle Cadillac est parti en tournée tout de suite, et nous l’avons accompagné dès notre arrivée. Cette tournée était quasiment complète partout, et nous n’avions encore rien sorti. Maintenant il y a des villes par lesquelles on repasse, et des gens reviennent déjà nous voir. Ça a été la première étape, puis tout s’est fait au fil des sorties, à force de jouer dans les festivals, c’est aussi là où on ramène du public. On est aussi beaucoup soutenu par les plateformes, notamment Spotify. On a une petite fanbase naissante, mais on aimerait aller encore plus loin avec ce nouvel EP.
Comment s’est faite la rencontre avec le label de Stupeflip ?
Avant Vénus VNR, j’étais dans Thérapie Taxi avec qui j’ai fait le premier album. Un de nos co-éditeurs était réal du premier album de Stupeflip. À la fin du premier album de Thérapie Taxi, je suis parti faire mon projet et j’ai été en lien avec cet éditeur, qui a kiffé les démos que j’avais en stock. Ils nous a présenté à ce label, qui venait d’ailleurs de sortir Stup Virus. Il y avait eu une levée de fonds historique. Ils savaient que c’était une bonne période pour eux et donc ça s’est fait comme ça. Ça a été la suite de mes contrats avec Thérapie Taxi. De mon côté, je travaillais déjà avec Laurène donc on avait déjà des démos en stock. Tout s’est enchaîné super vite. Six mois après la fin de mon contrat avec Thérapie Taxi, on obtient les premières SMAC et l’ouverture de la Cigale pour Cadillac.
Dans votre musique, aussi à représenter la réalité telle qu’elle est dans des musiques assez éclectiques. De quelle manière votre histoire à tous les deux influence vos titres ?
C’est un projet très autobiographique, introspectif, coincé. Au fil des disques, on a notre discographie, mais avec un an de COVID, on a déjà pas mal de recul. Nous sommes passés à parler de sujets de vingtenaires à des sujets de trentenaires. Notre enjeu, c’est à chaque disque de se renouveler dans les thématiques, mais on n’a pas besoin de chercher bien loin. Nous parlons de choses qui nous arrivent, c’est en fait la manière la plus simple de trouver des trucs à dire, et on s’est rendu compte que c’était ce qui touchait le plus facilement les gens, car c’est des choses qui leur arrivent aussi. L’histoire du groupe s’est créée sur notre premier titre qui s’appellait Phoque, qui était une sorte de parodie d’un burn out en bureau. Sur un stage de fin d’études, j’avais hyper mal vécu le monde de l’entreprise. Je raconte en caricature en quoi cette dernière expérience professionnelle m’a saoulé, et ça a parlé à plein de gens alors que je parlais juste de ma vie. C’est tout l’intérêt du truc un peu abrasif et du second degré fun et réaliste.
Si les thématiques sont des thématiques de vies, vos productions sont très éclectiques. Comment créez-vous votre signature musicale ?
On s’est beaucoup posé la question sur le fait de changer de style, si c’était pas un peu problématique. Et en fait, le projet s’est installé comme ça, le genre de l’instrumentation n’importe peu. Maintenant on a posé les idées, un cadre tel qu’il est, ce qui fait qu’on peut se permettre de switcher avec un titre un peu plus urbain ou reggaeton, voire une chanson guitare voix. La signature, c’est justement les textes tels qu’ils sont écrits, à travers une manière de raconter qui est assez singulière, en plus de la voix de Laurène. Par contre, on a beaucoup travaillé sur la signature vocale de Laurène qui vient plutôt du conservatoire. On travaille également avec des nouveaux réals, des nouveaux genres pour éviter de tourner en rond. On a un titre dans l’EP qui arrive la semaine prochaine, qui est reggaeton, un style qu’on avait jamais tenté. Ça permet d’avoir un petit grain de surprise sans que ça soit un gros foutoir. Plusieurs disques ont été fait de cette manière, avec différentes équipes, et en fait ça colle.
Comment vous avez réussi à à englober tout ça sur scène, avec tous ces genres ?
Sur scène, on est accompagné par un homme orchestre. Et justement parce que nous, avec Laurène on est vachement dans la narration, on a pas trop le temps de jouer des instruments. Donc on a l’homme orchestre, Théo qui fait des claviers, les guitares. On harmonise également via ordinateur. C’est ça qui sert de fil conducteur. Avec un disque, on récupère ce qu’on appelle les stems, donc les instruments ont séparés. On refait un master spécial pour le live. Tous les titres, même qui proviennent de disques et d’époques et de réals différents, passent par la même moulinette. Et il n’y a pas de différence de volume, peu de différences de fréquences. Les voix sont vachement devant. On entend les textes, donc les gens se raccrochent à ça. C’est marrant, on remarque qu’instinctivement dans les setlists, on va regrouper les titres un peu par disque.
Ce mélange des genres peu aussi faire penser à des artistes comme Bagarre. Avez vous la sensation de vous retrouver dans une scène musicale française assez actuelle, assez moderne et assez libre ?
On est pas les seuls à être assez éclectiques dans nos styles. Bagarre est un bon exemple, d’ailleurs on a fait des premières parties pour eux au début parce qu’on nous a identifiés comme un genre de pop éclectique. Et même Stupeflip est un très bon exemple.Ils passent du métal au hip hop à des genres de pop. Ce qui est important, c’est l’attitude, le propos et l’intention. Donc dès le début on a été associés à ça avec Stupéflip, avec Bagarre, avec Naive New Beaters, on a enchaîné les trucs comme ça. Effectivement, il y a toute une scène comme ça assez libre. À l’époque du premier album de Thérapie Taxi, on parlait déjà d’électro pop. Ça peut commencer à mélanger la pop et l’électro. Je crois que la pop a besoin pour se renouveler de mélanger plein de trucs, c’est un peu acquis désormais.