Sombre Clair

Originaire de Troyes, arrivé à Paris pour y réaliser son rêve de se développer dans la musique, SAAN s’apprête à sortir un nouvel EP avant de conquérir la France. Il se présente au Printemps de Bourges devant les publics et les professionnels, afin d’assoir sa réputation à venir. Rencontre avec le chanteur et producteur qui a déjà tout pour lui.

Comment tu te sens, à quelques jours de jouer sur le Printemps de Bourges ?

J’ai super hâte. Je suis allé plusieurs fois au Printemps de Bourges quand j’étais plus jeune, pour découvrir de nouvelles musiques et de nouveaux artistes. J’ai vraiment vraiment hâte de remettre les pieds là bas, en tant qu’artiste cette fois. Je pense que le petit gamin que j’étais serait très content. C’est presque de l’impatience, un peu de stress comme à chaque concert, mais surtout de l’impatience.

Le Printemps de Bourges est un événement assez important pour beaucoup d’artistes, quelle que soit leur envergure. Qu’est ce que tu attends de ta date ?

Déjà, proposer mon univers devant des personnes qui vont découvrir qui je suis. J’ai envie d’apporter ma petite couleur en plein milieu de ce festival, de montrer mon univers durant les 20 minutes de show que je vais faire. Ça va être très rapide, très intense et j’espère que je pourrais dire un maximum de ce que de ce que j’ai sur le cœur, musicalement et peut être convertir de nouveaux fidèles à ma cause !

Tu as fait quelques dates, notamment La Boule Noire, et tu as déjà 7000 auditeurs sur Spotify. Comment tu expliques cet engouement ?

Je pense qu’il y a plein de facteurs qui jouent, déjà parce que j’ai fait beaucoup de premières parties. Il faut savoir que c’est super ingrat de faire une première partie, mais c’est tout aussi magnifique. Tu vas jouer devant un public qui ne te connait pas, qui pour la plupart n’a pas envie de te voir parce qu’ils ont payé pour un artiste principal. Et avec mes musiciens, on aime ce défi. C’est un peu le casse gueule mais on l’a tellement fait qu’on a réussi à récupérer des gens au fil du chemin. Et vu que je bosse beaucoup avec des artistes, car je compose également, je pense que les gens finissent par se demander qui est le petit mec qui fait du son un peu partout.

Tu disais de Haza pas que cet EP n’était pas spécialement comme tu l’imaginais, qu’il était plus honnête et joli. Les gens avec qui tu as travaillé t’ont permis de créer une autre ligne directrice ?

Je pense que j’ai créé Haza à une période de ma vie où j’étais peut être plus naïf dans le positif et dans le négatif des choses. C’est un moment où les choses étaient peut être un peu plus colorées. Je ne dis pas que ça va moins bien aujourd’hui, au contraire, j’arrive avec un projet dont je suis ultra fier et tout va pour le mieux. Avec Haza, il y avait moins de prise de tête. Aujourd’hui avec Paradis qui va sortir, on a voulu fouiller un peu plus dans qui j’étais, plus que dans la manière dont je faisais de la musique. Je pense que Haza est un bon projet qui montre que je suis capable de faire du son. Le prochain projet, c’est qui je suis vraiment. On enlève désormais SAAM et on parle de Nassim. D’ailleurs, on sort des nouveaux singles en ce moment, qui annoncent ce nouveau projet. La direction artistique est assez différente, bien plus spécialisée, bien plus peaufinée.

Quand tu parles de qui tu es vraiment, quelle est l’histoire que tu veux raconter Paradis ?

Mon prochain projet va s’appeler Paradis, pas dans le sens religieux, plutôt dans le sens spirituel ou physique : qu’est ce qu’un paradis pour toi dans l’ordre du vivant ? Est-ce un moment dans ta vie ? Une chose qui te fait du bien ? Je le représente par une chambre, qui pour moi peut être n’importe quel paradis. J’ai envie de ramener cette idée de savoir ce que je mettrai dans cette chambre pour montrer comment je peux vivre au mieux ou au pire, quelles sont mes meilleures inspirations et quels sont mes pires démons. Parce que je ne suis pas que chanteur, je fais des instruments, je compose, je mixe moi même mon projet. C’est vraiment un truc très intime.

Dans les différents titres que tu vas sortir sur ce prochain EP, chaque chanson tire un aspect différent de ton histoire ? Ou est ce qu’il y a un fil conducteur ?

Il y aura un peu des deux. C’est vraiment comme si j’allais voir un psy et qui voudrait faire un puzzle de qui je suis. Il sortirait Paradis en musique. Il y a plusieurs thèmes différents sur ma famille, sur la mort, sur ma vision des choses et tout va ensemble. C’est un grand bloc, c’est l’ordre de la manière où je range des choses. Il n’y a pas de codes musicaux dans ce projet, j’ai juste mis vraiment qui je suis.

L’art a toujours vraiment eu une place importante dans ta vie. À quel moment tu as compris que ça allait devenir ta vie ?

Mon premier rêve était d’être mangaka. Quand j’étais petit, je faisais du dessin et de la guitare à côté. Quand je suis devenu adolescent, j’ai eu cette petite crise d’ado qui fait que j’ai tout voulu inverser dans ma vie et j’ai totalement arrêté. C’est la musique qui m’a mis une tarte. Je pense que quand tu grandis, il y a un moment où on a besoin d’un exutoire, plus grand. La musique m’a permis de trouver mon compte. Je suis parti à la fac en me souvenant que j’ai la musique à côté, bien qu’en faisant de études de droit conventionnelles. J’étais dans ma frustration pendant toute ma licence. C’est à ma dernière année de droit où j’ai totalement explosé. Je ne suis plus retourné à la fac, j’ai construit un studio dans le Crous où j’étais. J’ai commencé à enregistrer tous les rappeurs de la ville dans laquelle je faisais mes études, donc à Tours, sans que personne ne sache. Mes parents, comme tout le monde, pensaient que j’allais à la fac. Je me suis laissé un an pour pouvoir bouger quelque chose dans ma vie, et j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont permis de venir à Paris, de signer en maisons de disques et dans quelques jours faire de le Printemps de Bourges. C’était le pari le plus risqué de ma vie !

Ton style est une fusion qui vient de tes différentes origines. Comment as-tu réussi à composer pour créer ton propre style ?

C’est toujours facile de définir le style des gens qu’on écoute, de comprendre pourquoi ils le font. Quand c’est pour toi, impossible de comprendre pourquoi tu fais, ni comment tu l’as trouvé. Tout le temps, je me pose la question de la cohérence de ma DA, je ne comprends pas toujours ce que je fais. Au final, c’est au moment où j’arrête de me prendre la tête que je fais les choses ultra naturellement. Quand tu testes des choses, au début, c’est infecte et à force d’épurer, tu finis par trouver un endroit où tu te sens confortable. Le secret est de ne pas s’enfermer dedans, mais de glisser sur cette vague là. Et je pense que c’est ce qui fait le style de chacun. J’ai effectivement beaucoup d’influences, mon père écoute beaucoup de raï, ma soeur beaucoup de chansons américaines. Moi, je suis un peu entre les deux. Je pense que mon cerveau prend une dose de chaque sans forcément que je m’en aperçoive. Et ça fait du SAAN.

Tu produis également pour d’autres artistes. Pour toi, l’exercice est différent ?

La pression n’est pas la même et l’inspiration est différente. Quand tu travailles pour toi, tu n’as pas trop de recul, tu restes tête dans le guidon, tu ne sais pas trop où tu vas et en même temps tu peux tout tester. Si tu te rates c’est pas grave, tu peux recommencer. Quand tu travailles pour quelqu’un d’autre, tu dois mettre du respect autant que le mec met du respect sur ton travail. Je produis surtout pour des albums, rarement pour des titres seuls, du coup j’essaye de rester cohérent. Vu que c’est pas pour moi, je me prends moins la tête et ça fonctionne mieux. J’ai juste à pousser l’artiste et à lui proposer mes idées musicales. Mais la pression est différente. Je crois que j’ai besoin des deux pour vivre correctement. J’ai besoin de me lâcher musicalement avec des gens et de me prendre la tête de ouf sur mon projet.

Concernant ton titre Jouet, il y avait aussi justement, il y avait toute cette histoire que t’as voulu créer, qui est à la fois très concrète, qui est personnelle et qui est en même temps très accessible. Penses-tu que ce genre de thématique qui te parle peut parler aux autres ?

Un jour Nekfeu a dit dans une interview “c’est marrant parce que quand tu veux parler de choses, générales, tu touches personne. Et c’est au moment où tu penses que personne va te comprendre, que les gens sont touchés”. Jouet, c’est exactement ça. C’est une période de ma vie où il s’était passé un truc avec une personne que j’aimais. Au final, c’est la chanson qui a pu changer ma vie parce que c’est une chanson qui m’a permis d’être appelé par le label dans lequel je suis, qui m’a ouvert plein de portes. C’est la chanson presque qui porte mon projet Haza. C’était juste un moment où j’avais juste envie de pousser un coup de gueule sur un truc qui me saoulait (rires). C’est une chanson ultra accessible, ultra générale. Mais au moment où j’écrivais, elle n’était pas du tout accessible. Je voulais juste exprimer mon ressenti, et au final, ça s’est ouvert bien plus que je ne l’imaginais.

À lire également