Le 22 février 2025, l’IFEMA Madrid accueillait une nouvelle édition du Horteralia, un festival bien connu des amateurs de culture pop espagnole qui fait penser de loin à notre Kermesse nationale. L’événement célèbre, avec humour et autodérision, tout ce que l’on pourrait qualifier de « kitsch » : costumes extravagants, tubes rétro et des artistes qui assument pleinement leur univers décalé. Le public, fidèle à l’esprit du festival, a répondu présent, prêt à concourir pour les fameuses récompenses du look le plus audacieux, comme la Riñonera de Oro ou les Hombreras de Plata.
Les festivités ont débuté avec Karina figure de la chanson espagnole des années 60. Représentante de l’Espagne à l’Eurovision en 1971 avec En un mundo nuevo, elle a ravi le public avec des chansons intemporelles. Une heure plus tard, Fórmula Abierta a pris le relais avec son mélange de pop ensoleillée et de sons dance. Né au début des années 2000 grâce à l’émission Operación Triunfo (la Star Academy espagnole), le groupe a enchaîné ses tubes les plus connus, dont Te quiero más. Un set festif qui a rapidement fait danser le public, plongeant l’IFEMA dans une atmosphère de légèreté assumée. À 18h00, OBK a apporté une touche électro-pop à la soirée. Actif depuis les années 90, le duo est souvent comparé à des artistes tels que Depeche Mode, bien qu’ils n’aient pas atteint le même succès international.
La nuit commence à tomber progressivement, le pavillon se remplit doucement et le duo Amistades Peligrosas monte sur scène. Connu pour ses titres abordant des thèmes sociaux et politiques, le groupe a su maintenir l’attention du public avec des chansons phares comme Me quedaré solo. Un moment plus introspectif qui a apporté une variation bienvenue dans la programmation. Cela, avant le show de, La Perra y el Cari, spectacle à l’esthétique originale et aux accents théâtraux, oscillant entre performance scénique et humour décalé. À 20h30, c’est Sharonne, la gagnante de Drag Race España et participante au Benidorm Fest 2023, sélection nationale pour l’Eurovision qui a pris le relais. Sa prestation mêle reprises pop internationales et quelques titres à elle, notamment Aire qu’elle a défendu à Benidorm. Vicky Larraz est alors montée sur scène. Ancienne chanteuse du groupe Olé Olé, (groupe très connu en espagne, bien moins en France) elle a revisité ses classiques des années 80, dont No controles, qui a trouvé un écho particulier chez les fans de longue date. C’est là que le lien avec la Kermesse est plus clair que jamais.
Le moment fort de la soirée est arrivé à 22h30 avec La Casa Azul, la tête d’affiche de la soirée et groupe référence de la scène espagnole. Projet mené par Guille Milkyway, le groupe a livré un set énergique aux sonorités électro-pop, avec des morceaux phares comme La revolución sexual et Nadie Pudo Volar. Pour un public non espagnol, ces musiques sont plus que conseillées pour découvrir l’Espagne musicale sous un autre jour, plus loin des reggaeton et des Rosalía connus à l’international. La nuit s’est poursuivie avec Nebulossa à minuit, dont les sonorités synthétiques et modernes ont su séduire le public nocturne. Représentante de l’Eurovision 2024, le duo porté par Mery, la chanteuse, a su emporter un public nombreux et en attente de Zorra, le titre phare du concours qui s’est déroulé en Suède. Si on fait fi du playback évident sur l’intégralité du show et du nombre de reprises internationales interprétées en espagnol, il est tout à fait possible de prendre plaisir et de rire de ce show qui s’est voulu dansant avec un grand nombre de danseurs.
Le duo Sonia y Selena, connu pour leurs tubes estivaux comme Yo quiero bailar, a clôturé l’événement. Connues à l’international pour leur célèbre Yo Quiero Bailar, les artistes représentent tout le concept de la passion assumée pour les années 2000, bien kitch, bien dansant, bien plaisir coupable.
Cette édition 2025 du Horteralia a tenu ses promesses : des performances variées, une ambiance bon enfant et une programmation rétro-kitch ainsi que quelques références nationales. Le public, à fond et déguisé pour la plupart – ce qui serait bien plus rare en France – a tenu haut la main la soirée pour des moments de rires et de kitch.