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Terrenoire à Musilac : “Il y a un truc de communion qui m’a beaucoup ému.”

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Sombre Clair

C’est à la sortie d’un live plein d’émotions, mais aussi d’intensité, que nous rencontrons Terrenoire à Musilac. Sous un soleil de plomb, les deux frères se livrent sur la composition de ce show, mais aussi sur leur parcours. Tel un exploit sportif, leur vie est une course vers la lumière, vers le bonheur. Récit d’un duo français pas comme les autres. 

Ce concert à Musilac sur un paysage si emblématique et en plus dans une tournée de festivals qui est assez grande pour vous. Après le concert, comment vous sentez-vous ? Quelle émotion avez vous ressenti et comment ça s’est passé ? 

Raphaël : Du soleil, beaucoup de chaleur, des corps qui sont éprouvés. Je trouve une générosité du public, une amitié du public magnifique. C’est franchement un des moments où on a senti l’énergie grandir vraiment au fur et à mesure. C’était vraiment super beau. Il y a vraiment un truc de communion qui m’a beaucoup ému. C’était assez précieux ce soir, enfin cet après-midi, pour le coup. 

Théo : C’est un bon apprentissage de jouer sous le cagnard. Ça demande d’aller chercher de nouveaux souffles. On va faire encore une quinzaine de festivals, souvent sur des créneaux similaires. C’est très intéressant de savoir ce que c’est, ce que répond le corps et ce qu’il faut faire pour le préparer à ces conditions.

Terrenoire à Musilac © Bazil

Il y a plein de tensions dans votre live. Vous cherchez la rupture, vous avez des énergies hyper radicales.

Théo : Notre premier album s’appelle “Les forces contraires” dans cette idée de contrariété. La musique reste quand même un médium, un lieu de catharsis. On peut expérimenter sur scène les sentiments qui nous habitent et qui se disent merde les uns les autres. 

Vous avez été élus “révélation masculine” aux Victoires de la Musique. Comment avez-vous vécu cet événement ? 

Théo : Les Victoires nous ont sortis de notre zone de confort, parce qu’il fallait faire un show lumière, son, écrire pour un orchestre, avec un écran 3D, incorporer des musiciens avec nous sur ce projet, chose qui n’avait jamais été faite avant. Ça a été une période d’apprentissage, de joie, de discipline, de rigueur, d’exigence. C’est des endroits où on se sent monter.

Cette Victoire vous a apporté beaucoup de reconnaissance. Comment vivez-vous cette accélération ?

Raphaël : On aime bien avoir la main sur le levier de vitesse dans la manière dont on vit les choses, pour ne pas être tout à coup l’objet d’une sursaturation. Dans les films de Scorsese, le personnage principal est au top dans les trente premières minutes. Ensuite, il se pète la gueule et c’est l’histoire de son déclin. Toutes les carrières qui saturent immédiatement ressemblent à un film de Scorsese. Et moi, ça ne me fait pas envie de vivre comme ça, parce que je suis avec mon frère. J’ai envie qu’on se protège. Bien sûr, il y a plein de choses qui ont fait grandir le projet, dont les Victoires. Mais comme on n’aime pas l’imaginaire du trop, on essaie d’avoir une ligne narrative qui grandit petit à petit. On n’a jamais eu cette sensation de stagner et nous avons tout appris. Ce que l’on ne sait pas faire, on le délègue. On crée un écosystème autour de ce métier et on essaie de savourer le rythme, pour toujours garder le plaisir, le rêve et de ne pas se saturer. 

Côté artistique, vous travaillez comment tous les deux ?

Raphaël : C’est plutôt moi qui vais écrire les textes et les petites ébauches de chansons. Le reste de la composition, le son de Terrenoire, c’est Théo qu’il le fait.

Terrenoire
Terrenoire à Musilac © Bazil

Vous avez écrit votre premier album à la suite de la perte de votre papa, puis vous avez fait une réédition en deux parties.

Théo : Ça allait faire bientôt trois ans et demi que notre père était mort. Nous avions besoin de parler d’autre chose pour clore aussi ce dialogue là envers nous même. Entre ce premier album et le deuxième, on a cette contrariété de trouver de l’or dans les ombres, avec des morceaux beaucoup plus dansants et joyeux. 

Raphaël : On parlait principalement de la mort. Il nous manquait la résolution. Trois ans, c’est pas très long pour vivre quelque chose qui est éprouvant. Avec le temps, tu peux avoir le recul pour ressentir l’énergie vitale de la lumière. On ne veut pas être tristes, on va être heureux dans cette existence. Et du coup, la musique nous permet de traiter ça.

Vous avez de très belles collaborations, notamment avec Pomme et Bernard Lavilliers. Comment se sont passées ces rencontres ?

Raphaël : On n’a jamais réfléchi aux collaborations comme un truc marketing. Avec Pomme, on s’est rencontrés à Lyon aux 24 heures du mot où nous avons créé une chanson avant de la présenter. Quand le COVID est arrivé, on n’a pas pu la chanter dans ces Olympia, chose qu’elle avait souhaité. Donc on lui a proposé de l’enregistrer en studio. Avec Bernard Lavilliers, c’était impressionnant. Il est venu au studio pendant quatre jours. Il envahit l’espace sans nous éteindre. Vraiment, il a une énergie vitale hors du commun. 

Vous jouez également aux FrancoFolies de La Rochelle avec une programmation assez singulière d’artistes français, notamment Gaetan Roussel et Lavilliers. Est-ce que pour vous, c’est synonyme de reconnaissance sur le territoire français ?

Raphaël : Ça nous fait plaisir. Après, on s’est toujours tenu un peu à distance des lieux cool. C’est aussi important de jouer n’importe où que de jouer dans les endroits ou il y a les pros. Si il n’y a pas un endroit où c’est plus important, il y a des moments ou tu n’as plus les trouilles parce qu’il y a plus d’enjeux. Chaque lieu a son importance, c’est réel. 

Parlez-nous de votre pochette d’album.

Raphaël : C’est une toile qui a été peinte par notre ami Lenny Guetta, avec un thème inspiré de la Renaissance. On adore son travail qui lui a pris des années. La force contraire, c’est le tableau en entier. Pour la réédition, c’est Regular, graphiste incroyable qui a travaillé. Il a fait Orelsan, Lomepal et l’album que va sortir Pomme. On lui a demandé de créer une déchirure heureuse, pour faire brûler cette image un peu dure, en tout cas un peu austère et figée, de nos visages déformés par la fatigue. Comme le phoenix, il faut brûler pour revivre. 

Terrenoire album Les Forces Contraires
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