Sombre Clair

Il y a des concerts qui marquent les esprits plus que d’autres. Lors du festival Musilac, à Aix les Bains, nous avons pu rencontrer Benjamin et Nili de Lilly Wood and The Prick, qui se livrent quant à leur tournée, au monde des festivals, et à leur succès.

Vous êtes de retour à Musilac après deux concerts que vous avez fait ici. Quels souvenirs avez-vous, six ans après votre dernier passage ?

Benjamin : Déjà, le cadre est super. On est très contents de revenir, et il y a beaucoup d’artistes, c’est un gros festival. Ça fait du bien de côtoyer un large public et de retrouver des sensations peut-être qu’on a eu sur scène à ce moment-là. C’est cool.

On se souvient d’une énergie très fédératrice sur scène. Un moment vraiment de partage avec le public qui a laissé de grands souvenirs. De quelle manière vous essayez de créer cette relation aussi proche avec votre public ?

Nili : Je pense que déjà, nous essayons de nous éclater. Quand tu t’éclates sur scène, c’est contagieux. Plus tu es dans un lâcher prise et plus tu kiffes, plus les gens ont envie de se lâcher. J’ai ‘impression que la scène fait un peu comme un miroir.

Musilac - © Bazile Hamard
Musilac – © Bazile Hamard
Vous avez fait une pause de six ans. Cette pause, qu’est ce qu’elle vous a apporté ?

Benjamin : Comme un nouveau souffle. Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble pendant dix ans. Et du coup, de retrouver l’inspiration et l’envie d’avoir envie. Nous sommes très contents d’avoir repris depuis un an.

Après avoir fait une pause, le COVID n’ayant rien aidé, se retrouver sur scène avec autant de dates dans le coup, est-ce éprouvant ?

Nili : En ce qui nous concerne, nous retrouvons quelque chose de normal vu que depuis qu’on est gamins, on est sur la route. C’est de ne pas être sur scène qui était bizarre. Tout à coup, plein d’automatismes se remettent en place très facilement, que ce soit au sein du groupe, sur la route ou sur scène. J’ai l’impression qu’on ne s’est jamais arrêtés.

Lilly Wood and the Prick
Lilly Wood and the Prick @ Musilac / Bazile Hamard
Vous êtes en promotion pour présenter votre album “Most Anything”, que vous avez sorti dans une période compliquée. Lors de vos premières dates il y a un an, vous disiez que c’était parfois un peu compliqué de remplir les salles. Mais vous êtes arrivés à aller jusqu’à l’Olympia en fin d’année. D’une certaine manière, est ce que c’est un peu en disant la lune qu’on atteint les étoiles ?

Nili : J’ai souvent tendance à être un peu plus négative que Ben, à me poser plein de questions et à voir le verre à moitié vide. Il me rappelle souvent que sur 20 ans de carrière, tu ne peux pas être là tout le temps. Je pense que c’est vrai, et encore, nous n’avons pas joué devant des salles vides. Dès le début de notre carrière, nous avons eu des salles très remplies. On a eu l’habitude de vivre des trucs hallucinants, et je pense qu’une espèce de niveau plutôt normal, je peux le vivre comme un échec. Alors qu’en fait tout va bien. Ben me rassure sur ce point.

Benjamin : Ça met un peu de temps pour que le public soit au courant que tu es de retour. Avec l’avancée des dates, peut-être avec le bouche à oreille, le public est beaucoup plus au rendez-vous, après plusieurs mois de tournée.

Lilly Wood and the Prick
Jouer dans des salles qui sont plus petites, ça peut apporter un sentiment de proximité avec le public ?

Nili : En France, tu as les SMAC, et sinon c’est des Zénith, que je déteste. De toutes façons, je pense pas qu’on remplirait les Zéniths dans toutes les villes de France. Je préfère les festivals parce qu’il y a un espace. T’es pas enfermé dans une espèce de boîte.

Nili, tu as vécu en Californie, en Angleterre, tu as une culture qui est plus centrée sur l’Indie Rock. Ben, tu as un éventail qui peut aller de Barbara à Depeche Mode, qui sont des choses qui peuvent être très différentes. C’est ça qui crée la force de Lilly Wood and the Prick ?

Nili : Notre ADN, c’est qu’on est hybrides, que c’est teinté de 1000 choses. Après, on a plein de goûts en commun, mais le côté un peu crado clairement de moi et le côté un peu clinquant, 80s, c’est plus Benjamin.

https://www.youtube.com/watch?v=rEm4_4Jecc8
Nili, tu chantes en anglais et tu parles de sujets parfois forts. Il y a beaucoup d’artistes français qui font le choix de chanter en anglais, qui disent que ça permet parfois d’avoir une sorte de filtre ou de dire plus facilement les mots qu’on veut dire.

Nili : Pour les gens qui ne comprendraient pas l’anglais, la musique, c’est aussi une histoire d’énergie, de ressenti. Des fois, j’écoute plein d’italo disco. Je ne comprends rien à ce qu’ils racontent, mais c’est pas grave. La musique, ce n’est pas que le texte. Je prends un grand soin envers mes textes, mais il n’y a pas que ça. J’ai bien envie que des gens de n’importe quel pays puissent écouter de la musique, de n’importe quel pays. De plus, j’ai l’impression qu’en anglais, c’est un tout petit peu moins technique qu’en français. 

Il y a aussi un titre qui est You Want My Money, qui est sorti aussi en espagnol, Quieres Mi Plata. Pourquoi avoir fait ce choix de l’espagnol ? 

Nili : Franchement, aucune idée. Une matinée de connerie. J’ai une cousine à moi qui est à moitié argentine, de nous aider à traduire le texte. Je dis à Ben “est-ce qu’on peut faire ça ?”

Benjamin : C’était drôle l’exercice, c’est cool. Moi j’aime bien.

Concernant votre l’album Most Anything, est ce qu’il y a une sorte de cohésion dans l’idée que vous avez voulu partager avec cet album ? Qu’est ce que vous avez voulu partager en termes de textes, de valeurs, de passion ?

Nili : Je pense que depuis le début, on a des textes qui sont engagés. Dans notre premier EP, nous parlons déjà de violences conjugales, Prayer in C qui était sur le premier album, même si il a été remixé plus tard, parle déjà de qu’est ce qu’on est en train de faire à notre planète. J’ai pas l’impression qu’on surfe sur un truc maintenant. Aujourd’hui, c’est plus la mode, donc les gens font plus attention. Mais en tout cas, nous nos textes c’est soit ça, soit “il m’a brisé le cœur” (rires).

Propos recueillis par Sébastien Martinez

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