Sombre Clair

Pour fêter la première année de mon retour à Rennes, j’ai décidé d’enfin tester le festival le plus éclectique de France : les Trans Musicales. C’est un festival organisé à Rennes depuis 1979 en décembre qui programme des artistes français et internationaux qui gagnent à être connus. Toutes les photos sont de Thomas BL

Pourquoi les Trans ?

Les Rencontres Trans Musicales, comme son nom l’indique, est un festival où le public côtoie les professionnels de la musique pour découvrir des artistes étonnants, différents, uniques mais surtout nouveaux ! Si le Printemps de Bourges est considéré comme le lancement de la saison, on peut dire que les Trans Musicales la terminent, tout en étant aux prémices de la saison suivante. En effet, les organisateurs de festivals profitent de l’évènement pour étoffer les programmations de l’année à venir.

Insincere (UK) sur la scène du Hall 8

Si la majorité des artistes de l’édition 2023 ne te parlent pas, c’est donc normal ! Par contre, tu connais peut-être Ben Harper, Lenny Kravitz qui ont joué pour la première fois en France aux Trans, ou encore les Daft Punk, Birdy Nam Nam, Stromae, Nirvana, etc. ? Ils sont tous et toutes passés par les Trans musicales où ils ont pu jouer devant un public nombreux et des pros intéressés.

A quoi ça ressemble, les Trans ?

Pour cette première participation, j’ai souhaité y aller tranquille en participant au festival uniquement vendredi et samedi alors qu’il commence dès le mercredi soir.

Première étape : où, qui, quand ?

Et oui ! Les Trans demandent un peu d’anticipation. En effet, le festival se déroule sur 11 scènes différents dans 6 lieux éparpillés à Rennes et aux alentours, jusqu’à 8 km du centre, dans le Parc Expo à Bruz. Certains concerts sont gratuits, d’autres payants en fonction de l’heure et du lieu. Les concerts débutent à 15h en ville et 20h au Parc Expo, pour te faire tenir jusqu’à 6h30. C’est d’ailleurs assez surprenant qu’un festival d’hiver débute la programmation dans son lieu principal à 20h, offrant donc une bonne partie de ses concerts après minuit.

Vendredi : on découvre !

Dès la sortie du boulot, je cours à l’UBU pour tenter de découvrir Ana Lua Caiano. Je dis tenter car arrivant à 18h (concert de 17h45 à 18h30), je double 100 m de file d’attente pour rejoindre la file accréditée qui patiente fébrilement en espérant que suffisamment de personnes quittent le concert pour pouvoir rentrer. Coup de chance, après quelques minutes d’attente, nous rentrons ! Il faudra ensuite se faufiler dans la foule très compacte pour espérer apercevoir la jeune artiste de 25 ans captiver son audience. N’ayant pas anticipé le froid rennais vs la moiteur de l’UBU, mon appareil se fige sous une épaisse couche de buée, m’empêchant de shooter alors qu’il ne reste que 5 grosses minutes.

Ana Lua Caiano (Portugal) à l’UBU

Je tombe sous le charme de son énergie primale, très ancrée, qui offre tout de même une très belle fraîcheur. Voilà le titre phare qui représente bien l’univers folklorique et électronique d’Ana Lua Caiano.

Je ne tarde pas à la fin du concert pour manger un morceau, prendre d’avantage de matériel photo pour rejoindre le Parc Expo via la navette, très bien gérée par la STAR (mieux que la ligne B, diront les mauvaises langues). J’arrive tout pile pour les dernières minutes de Rahill qui a la mauvaise idée de terminer le show 5 minutes en avance, ne me laissant que quelques minutes pour apprécier la pop aérienne et suave de l’artiste irano-américaine. Décidément, je n’ai pour l’instant droit qu’aux fins de concerts !

Rahill en concert au hall 3 du Parc Expo

Je file donc au hall 8 pour découvrir Roni Kaspi, qui met la batterie au centre de sa musique pour nous offrir une performance rythmée et secouée, agrémentée de morceaux chantés, plus mélodiques.

Entre deux concerts, je découvre l’univers complètement barré de Mélissa Guex & Clément Grin, formant Down. Clément Grin accompagne la danseuse d’une batterie entêtante, invitant à la transe.

Avant d’enchaîner avec Canblaster, j’ai quelques minutes pour en prendre plein les oreilles avec Audrey Henry, alias TINP pour This Is Not Punk.

C’est donc au tour de Cédric Steffens, ancien membre de Club Cheval, de monter sur la scène du Hall 9 sous le nom de Canblaster. On part pour un voyage dans les étoiles, en pleine digression électronique. Sa musique accompagnerait très bien l’expo PRISM aux Champs Libres, jusqu’au 31 mars 2024.

Si j’avais la liberté de me placer où il me semblait sur les premiers concerts, je change décidément d’ambiance en arrivant à l’espace entre la scène et le public (le crashpit) pour découvrir Uche Yara. Elle n’a sorti que 2 singles mais a déjà joué devant des dizaines de milliers de personnes en première partie des Rolling Stones, s’il vous plaît !

Avant son entrée sur scène, je sens une certaine fébrilité dans le public. Est-ce cette artiste dont on pourra dire dans quelques années qu’on l’a vue avant tout le monde aux Trans Musicales ? En tous cas, les photographes, vidéastes et télévisions ne s’y trompent pas, le crashpit est bondé !

Comme moi, vous aurez peut-être l’impression d’avoir déjà entendu ça quelque part ?

Uche Yara nous offre toute son énergie pour nous embarquer dans son univers, avec parfois une ambiance de pub anglais, parfois un timbre rappelant Hollie Cook et toujours un grand smile et ce qu’il faut de folie et d’esprit rebelle ! Cette jeune artiste solaire, pleine de charisme, mérite d’être suivie attentivement.

Vous reprendrez bien un peu d’énergie, de folie ? Alors direction le hall 3 pour Diskopunk pour leur première française. Les suédois balancent les watts et font danser le public !

C’est ainsi que se termine mon vendredi soir, après une petite heure pour rentrer depuis le Parc Expo jusque chez moi, avec un melting pot musical dans les oreilles. Vivement demain !

Samedi : ça pique un peu mais c’est cool !

Après quelques heures de tri et de retouche de quelques centaines de photos, dont un extrait est disponible sur notre Instagram, je termine pile à temps pour aller écouter Mokhtar et ses sonorités orientales. Le Liberté prend la forme d’une tente bédouine au milieu du désert, où le groupe rennais nous invite tantôt à contempler, tantôt à danser. La fin du set prend même des allures techno, ça me donne envie d’une collab’ avec Meute.

La beauté des Trans c’est de nous faire voyager, même de nous faire faire le tout du monde sans éclater notre budget carbone. On part donc sillonner les grandes prairies vallonnées et verdoyantes du Pays de Galles avec Cerys Hafana et sa harpe triple. Dans une ambiance feutrée, les notes gracieuses et délicates emplissent l’Opéra de Rennes.

Après avoir repris le bus, j’arrive au hall 8 du Parc Expo pour écouter l’étrange mélange ukraino-japonais Heavenphetamine. La situation politique de l’Ukraine les a conduit à récolter des fonds afin d’aider les victimes de la guerre, chapeau.

C’est ensuite le tour de rejoindre la musique électronique mélodieuse de la souriante Anushka Chkheidze, captivante ! C’est super de la voir hyper heureuse de jouer devant un public si nombreux, merci les Trans.

Retour aux sixties avec The Silver Lines composé de 4 jeunes garçons de Birmingham. Si ça vous rappelle vaguement les Beatles, leur musique aussi ! Leur pop rock funky réveille et me transporte à Camden Town, un dimanche ensoleillé. Un groupe un peu punk dans la musique mais avec un col roulé et une écharpe en laine. On dirait les Ramoneurs de Menhirs et leur charentaises, essayant de mettre de l’ambiance avec les bras toutes les 5 minutes !

La soirée avance et l’arrangement des concerts me mène voir Insincere, un très jeune trio (très heureux d’être là) devenu viral sur Tiktok avec un titre : Angels Don’t Fuck. On se balade entre mélodies sympa, morceaux encore un peu perfectibles et bangers en devenir.

Quelques années après avoir kiffé le système son de Ministry of Sound, j’étais obligé de faire un tour dans la Greenroom. Si le set était impossible à photographier car très sombre, j’ai bien pu voir Audrey Danza faire danser des milliers de festivalier avec sa techno survoltée.

La soirée ne fait que commencer pour beaucoup de festivaliers mais je décide alors de raccrocher, pensant déjà au petit millier de photo qui m’attend et au réveil très matinal pour une presta photo toute la journée du dimanche. C’était une belle première expérience aux Trans Musicales de Rennes. L’exercice d’un festival en hiver, dans un lieu sans charme (soyons honnêtes), sans les fameux couchers de soleils et la douceur de vivre estivale est un pari osé. La programmation d’artistes peu connus du grand public l’est aussi, mais procure un grand plaisir lorsqu’on « découvre » ce qui va constituer notre playlist des prochains mois.
Les Trans Musicales demandent un peu d’organisation pour choisir quels artistes voir et quand, mais ça vaut le coup ! Et encore, je n’ai pas parlé du festival off… Rendez-vous l’an prochain !

À lire également