Pour la toute première fois, Esprit Festivalier a franchi les portes de l’enfer pour s’immerger dans l’un des plus grands festivals de métal au monde : le Hellfest. Pendant quatre jours, près de 180 groupes se sont succédé sur une dizaine de scènes, entre le site principal et les concerts du Hellfest Corner. Retour sur une édition brûlante au sens propre comme au figuré, où wall of death, circle pit et slam ont rythmé notre séjour.
Day 1 : Échauffement sans concession
On débute notre marathon sonore avec Skindred sur la Mainstage, toujours aussi proche de leur public. Leur énergie bondissante met tout le monde d’accord. À peine le set terminé, on traverse la forêt du Kingdom of Muscadet pour rejoindre la Warzone, direction Soft Play (ex-Slaves). Sur scène flotte un drapeau palestinien, dans la fosse ça pogote sévère. Les deux punks s’offrent plusieurs descentes dans le public, guitare à la main, jusqu’à clore ce set furieux avec leur tube “The Hunter”.

Pas le temps de souffler : Airbourne entre en scène. « Are you ready to rock ? » hurle le frontman, et dès les premiers riffs, les bières s’envolent dans les airs. Le public se transforme en pogo géant. Il fait 35°C, ressenti 1000 dans la fosse.
La soirée monte encore d’un cran avec l’arrivée de Korn, première grosse tête d’affiche du week-end. Après une longue attente, un rideau tombe au moment où résonne le célèbre “Are you readyyyy?”. Explosion dans le public. On recule, on avance, on ondule. La tension est électrique et le groupe livre un show puissant.

On termine la soirée avec Electric Callboy, qui déchaînent les festivaliers avec leur univers délirant et improbable. Un set aussi absurde qu’euphorique, clôturé par un feu d’artifice : le Hellfest est bel et bien lancé.
Day 2 : Le jour qui fait débat
Le thermomètre grimpe encore, mais les festivaliers sont là, motivés et déterminés. On commence cette deuxième journée avec la Pop Brutal de Sun, étonnante et percutante, avant de se laisser happer par la tension électrique de Last Train. Leurs envolées rock hypnotisent la Mainstage. Puis vient Royal Republic, ambiance disco rock feel-good, les sourires sont partout.
The Hu enchaînent avec un set envoûtant de métal mongol, une véritable expérience sonore et visuelle qui nous transporte loin de Clisson. Place ensuite à Within Temptation qui offre un show sublime, entre pyrotechnie et émotion, la chanteuse prend le temps d’exprimer son soutien à l’Ukraine.

Pendant leur concert, la foule se densifie sérieusement. Le public se presse pour la tête d’affiche du jour : Muse. Leur présence avait divisé lors de l’annonce : “Pas assez heavy”, “On n’ira pas les voir”… Pourtant, à 23h, la Mainstage est noire de monde. Le set démarre timidement à cause d’un problème technique majeur : la guitare de Matthew Bellamy est inaudible pendant plus de 30 minutes. On le voit se donner à fond sur scène, mais le son ne suit pas. Puis, miracle : la guitare revient, le mix s’améliore. Muse enchaîne alors les tubes heavy de son répertoire, laissant de côté les titres pop. Le public rugit, chante, slamme. Le concert se termine par une immense wall of death, comme pour faire taire les sceptiques. Pari réussi.
Day 3 : Rock old school et concert du week-end
Ce troisième soir parle à une génération un peu plus âgée que notre équipe, mais qu’importe, on est là pour la légende. Sur la Mainstage, Judas Priest offre un concert massif, carré, implacable. La légende est intacte. Viennent ensuite les Scorpions, et on pense à nos parents qui ont dansé sur “Still Loving You” ou “Wind of Change”. Le public reprend en chœur, même si le chanteur semble un peu à bout de souffle.

Mais c’est bien plus tard que se produit le choc du week-end. Il est 1h du matin quand on retourne à la Warzone, littéralement bondée. Sur scène : Turnstile. Le nom qui circule partout, même Charli XCX l’avait projeté en fond de scène à We Love Green. Et là, c’est un raz-de-marée.
Dès les premières notes, c’est l’explosion. Zéro téléphone dans la fosse, que des sourires, des cris, des pogos. Le frontman finit torse nu, la scène tremble sous les sauts des musiciens. Tout va très vite, l’intensité est folle. On se croirait revenu dans les années 2000, sans filtres, sans réseaux, juste la musique, le moment. Un show brut, viscéral, exceptionnel. C’est peut-être bien le concert du week-end, voire de l’été.
Day 4 : Atterrissage en douceur avec Linkin Park
Déjà le dernier jour. Les corps sont fatigués, le ciel un peu plus clément. Mais l’envie est toujours là. On commence avec Poppy, plus rock que jamais, puis on se prend une grosse claque inattendue avec le tout premier concert français de Blackgold. Un concentré de nu metal brut qui rappelle un certain groupe commençant par “Limp” et finissant par “Bizkit”…

Direction ensuite la Main Stage pour une séance de sport signée Refused. C’est leur dernier concert en France, dans le cadre de leur tournée d’adieu. Pas le temps de reprendre notre souffle : place aux légendaires Cypress Hill, qui adaptent leur set hip-hop à l’ambiance du Hellfest avec des clins d’œil à Slayer ou Rage Against The Machine.
Enfin, à 23h, la foule se masse devant la Mainstage pour Linkin Park. Un concert très attendu, mais qui peine à démarrer. Le groupe semble fatigué, les pauses sont longues, l’énergie peine à décoller. On apprend qu’ils ont annulé un concert deux jours plus tôt pour raisons de santé. Mais au fil du set, les tubes s’enchaînent, le public commence à s’enflammer. À la fin, tout le monde chante à pleins poumons sur “Bleed It Out”, comme une libération.
Le Hellfest s’achève sur un feu d’artifice monumental, les enceintes hurlant du AC/DC et du Linkin Park dans la nuit. On est épuisés. Vidés. Mais heureux. Heureux d’avoir vécu quatre jours d’enfer, d’avoir pris des gifles musicales à la chaîne, d’avoir partagé tout ça avec des milliers d’autres passionnés.