Présenté en 2022 dans la programmation du MaMA Festival, Lynks était le 26 avril 2024 au Hasard Ludique de Paris. Annoncé aux Eurockéennes en 2024, l’artiste britannique est l’une des révélations à ne pas rater cette année en France.
Lynks, aussi mystérieux qu’accessible
Une cagoule vissée sur le visage dans toutes ses apparitions, Lynks peut paraître à première vue comme un.e artiste qui garde une certaine distance avec son public. Faux ! Son électro- pop décalé et ses textes aussi amusants qu’engagés sont tout à fait accessibles et partagés par, désormais, des centaines de fans en France et en Europe. Ses danseurs et leur énergie folle savent comment captiver le public, échangent en permanence avec eux et leur offrent tout du long différentes joyeusetés (chocolats Celebrations, balles de tennis, champagne… tout y est !)
Avec ce concert au Hasard Ludique, l’artiste anglais.e signe sa première date en headlining hors du Royaume Uni. La France lui réserve par ailleurs un accueil très chaleureux dans une salle annoncée complète des semaines avant le spectacle. Annonçant dans un premier temps être malade et « ne pas pouvoir donner tout ce qu’iel aimerait », c’est pourtant bien tout le contraire qui se passe. Les chorégraphies semblent s’enchaîner sans efforts pour le performeur et pour ses trois danseurs et danseuses. Mais aussi pour le public, qui suit et réagit dès le premier titre, et à chaque surprenant pas de danse. Lynks le répète tout le long du show : iel ne s’attendait pas à voir autant de monde, et est vraiment, vraiment heureux.se d’être là.
C’est pourtant avec un album, Abomination, sous le bras et quelques dates en France (Cabaret Vert, Pelpass Festival, MaMA notamment), que l’artiste s’est fait.e connaitre par son public, voire une communauté impliquée. Car Lynks, c’est un.e artiste qui parle aux gens de son époque et surtout à une communauté queer engagée.
Queer, pop et aging
« Voilà ce qui se passe quand tu donnes un micro à un twink ». Ainsi l’artiste présente Abomination, son premier album. Il s’agit là d’un véritable manifeste sans faux-semblants de la modernité de la communauté gay. À mi-chemin entre la pop et l’électro rappelant parfois l’énergie délirante de Confidence Man, Lynks parle de cette « abomination », éliminant toutes les bonnes moeurs et les jugements presque religieux, comme dirait l’autre, « contre-naturenh ». Le titre Use it or Lose It, l’un de ceux qu’iel préfère, donne le ton : « My life ends the day I’m not invited to the orgy ». Via des textes drôles, les rendant accessibles, l’artiste peint un tableau moderne de la communauté queer de nos jours. Sans filtre, iel parle aussi de l’aging, ce phénomène qui laisse croire qu’à partir d’un certain âge, nous devenons « périmés ». Plus âgés, n’aurions-nous plus le droit de sortir, de danser, voire de chercher une nuit de plaisir ?
Lynks, au Royaume-Uni, est déjà un phénomène. Avant même la sortie de cet album, l’artiste a déjà foulé les plus grandes scènes du pays voisin. Iel sera au passage l’affiche du mythique Glastonbury en 2024. D’ailleurs, iel ne se limite pas aux scènes queer du pays, s’amusant même à contempler les réactions d’une partie du public non averti, parfois surpris, Ses quelques dates en France, mais aussi en Espagne, Allemagne, Croatie et même au Brésil, rappellent que sa notoriété dépasse déjà les frontières.
En 2024, Lynks jouera aux Eurockéennes de Belfort, à 23h30 sur la loggia, juste avant le show des Dropkick Murpkys. Si le festival de Belfort a su avoir du flair pour cette année, d’autres festivals pourraient suivre sur les programmations à venir les prochaines années.