Samedi 13 juillet, les portes de Musilac se referment après quatre jours de musiques de tous les genres, pour tous les publics. Nombreux sont les moments mémorables de cette édition, à commencer par une pluie violente qui s’est invitée à Aix-les-Bains durant plus de la moitié du festival. Retour sur une vingt-et-unième édition puissante, marquée par des records, des invités d’exception et des souvenirs à la pelle.
Une programmation forte et éclectique
Malgré quelques journées plus timides en termes de fréquentation que d’autres, Musilac a su tirer son épingle du jeu avec des artistes de renom, des raretés en France et un samedi plus que légendaire.
L’ouverture du festival, le 10 juillet, est marquée par un Lenny Kravitz en pleine forme, offrant un show de deux heures sur la scène Lac, au plus près de la Dent du Chat, symbole de la beauté du paysage savoyard. Ninho a également fait la différence avec une entrée remarquable par la porte d’un avion « Jefe Airlines » en feu. Cette même journée, Electric Callboy retourne également la scène Montagne avec un show puissant, électrique et éclectique, entre le métal, la techno, la k-pop et les flammes, quelques jours après un passage inoubliable à La Nuit de l’Erdre. Notons également la performance attendue d’Idles et le retour heureux de Shake Shake Go, groupe qui a débuté sa carrière il y a plus de dix ans sur la Korner de Musilac. Souvenirs et émotions pour le groupe franco-gallois, mais aussi pour le public qui les suit depuis lors.
Bien trop rares en France, Khruangbin époustoufle sur la scène Lac lors d’un 11 juillet marqué par les intempéries. C’est d’ailleurs Yungblud qui en fait les frais, malgré un public résistant et hyper motivé. L’anglais retourne comme prévu la scène devant des dizaines de milliers de fans. Une heure auparavant, il accompagnait Placebo lors d’une rencontre inattendue entre les deux groupes. Niveau électro, cette journée est marquée par la première visite de Vladimir Cauchemar, pourtant bien habitué des festivals, et de Calling Marian toute émue de voir le public envoûté malgré la pluie désormais battante.
Le mauvais temps continue d’ailleurs le vendredi, mais ce n’est pas ce qui stoppe les machines à tubes Dionysos, Louise Attaque, Etienne Daho et Hervé. D’ailleurs, ce dernier a rejoint le groupe de Mathias Malzieu pour un slam de folie en milieu d’après-midi, Malzieu étant blessé et ne pouvant offrir ce moment d’anthologie comme il en a l’habitude. Mauvaise note pour Sofiane Pamart qui quitte la scène vingt minutes plus tôt que prévu et pensées pour Jäde, seule artiste victime des intempéries obligée d’annuler son show.
Concernant la scène Korner, Hannah Grae hypnotise les courageux festivaliers qui pataugent dans la boue avec son rock anglais convainquant, pendant que Marguerite Thiam essaie tant bien que mal de conquérir les foules, non pas sans difficulté. Les textes touchants de l’artiste ont du mal à passer à travers les trombes d’eau : un passage de Tecktonik motive les spectateurs. Nous préférons retenir Deuxième Bouteille, morceau captivant de l’artiste qui sortira bientôt un nouvel album, plus organique que le premier.
Un samedi gravé dans les mémoires
Le 13 juillet restera parmi les grandes journées de Musilac. La date affichant complet trois semaines avant l’événement, les organisateurs annoncent la mise en vente de 500 places supplémentaires la semaine du festival, faisant de cette journée la plus fréquentée de l’histoire du festival.
Les têtes d’affiche s’enchaînent en un temps record sur les scènes Lac et Montagne et le soleil est de nouveau de la partie. Charlotte Cardin ouvre les hostilités et parle de Musilac comme du « plus beau festival du monde ». Jain revient sur scène après deux passages mémorables et semble plus heureuse que jamais de fouler la scène. Gossip, d’ailleurs, commence son show expliquant que « c’est très difficile de jouer après Jain ». La messe est dite. Le groupe de Beth Ditto n’a pourtant aucun mal à emmener son public avec ses titres comme Move in the Right Direction ou l’évident Heavy Cross.
Macklemore revient en superstar à Musilac, après un concert mémorable en 2019 sur la même scène. Le grand moment de ce show restera la venue surprise de Tones and I dès les premières minutes du show. Après une fête endiablée, Justice prend possession de la scène Montagne pour un spectacle son et lumière inoubliable. Le duo, présent quelques jours auparavant au Main Square, captive dès les premières minutes avec Genesis. Chaque seconde de ce spectacle est un moment visuel unique et chaque titre est interprété avec une mise en scène différente, faisant de ce show un spectacle impressionnant.
Après un final marqué par la venue de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay dans le public, Busy P et Boys Noize en B2B montent sur la scène de Justice. Les quatre artistes du label Ed Banger traversent la scène pour rejoindre la scène Montagne. Ces deux derniers embarquent Musilac pour un show terminant avec deux titres forts de sens : I <3 You So de Cassius, présenté comme un hommage à l’Aixois Philippe Zdar, et Killing in the Name Of de Rage Against the Machine.
La puissance de cette programmation entache cependant la visibilité des artistes présents ce soir-là sur la scène Korner et qui font les frais de la réputation des légendes. Noé Preszow débarque pourtant avec ses textes plein de sens, Lucky Love sait comment faire danser et émouvoir, les deux à la fois, tandis que Corine présente sa seule date en festival cet été. Des moments forts de cette immense dernière journée.
Musilac, grâce notamment au succès du samedi, s’approche de la barre symbolique des 100 000 festivaliers sans toutefois la franchir. Il n’en fallait pas plus pour que, dès l’ouverture du festival, Remy Perrier, cofondateur de l’événement, annonce la prochaine édition : le festival aixois sera bien de retour du 9 au 12 juillet 2025.