Rechercher Menu

Urumi au Cabaret Vert : “Même si c’est la merde, faut y aller du début jusqu’à la fin”

Cédric Cheminaud, directeur adjoint du Cabaret Vert, présente les coulisses de l’événement.

Soleil, plage et Woodstower

Sombre Clair
Comment tu te sens-tu aujourd’hui au Cabaret Vert ?

La météo est un peu compliquée aujourd’hui, mais je pense que les festivaliers, surtout les jeunes, s’en foutent. J’ai quand même un peu la pression, vu que c’est un gros festival. Après, je joue pendant une heure, ça va passer vite. Je vais envoyer mes sons préférés, voir comment le public réagit, j’espère que ça va aller !

Il y a un peu plus d’un mois, tu as joué à Solidays. Quel est ton souvenir de cette date ?

Mon souvenir sur cette date, c’est que j’ai perdu ma clé USB avant de passer sur scène. Ouais, c’est ça le gros souvenir de cette date (rires), en allant checker des fans devant avant de monter sur scène. En fait, j’ai téléchargé les sons pendant que je les jouais. C’était un peu sport mais ça c’est hyper bien passé, c’était l’un de mes meilleurs sets. Mon set a été décalé de quinze minutes, le temps que tout le monde cherche, mais bien sûr on n’a jamais retrouvé ma clé. J’étais révoltée, le public était révolté, en plus c’était pendant les élections, tout le monde avait la rage, moi la première, c’était vraiment ouf. Au final, je suis trop contente. Même avec l’histoire de la clé, direct après mon set, on en parlait déjà en rigolant. Je ne faisais pas trop la maligne sur le coup, mais maintenant on en rigole de fou.

Urumi @ Cabaret Vert 2024 – © VINCEVDH
On parle souvent avec ironie de David Guetta et du mythe de la clé USB, sans laquelle on ne peut rien faire. En fait, t’as géré !

Franchement, avec ce qui s’est passé avec Grimes à Coachella, j’étais en phobie du pire truc qui puisse arriver à un DJ pendant qu’il joue. J’étais vraiment à me dire qu’il fallait être indulgent avec Grimes, j’avais beaucoup de compassion pour elle et j’en ai toujours. C’est là que je me suis dit qu’en tant que DJ, on n’a pas vraiment le droit de péter un câble sur scène. Même si c’est la merde, faut y aller du début jusqu’à la fin et donner le meilleur de soi-même. Si j’ai réussi à mixer sans clé USB, logiquement, tout le monde peut s’en sortir. C’est ce que j’ai dit au public, qui a été indulgent. Il n’y a rien qui allait m’empêcher de foutre la merde.

Que penses-tu de l’arrivée en force de la musique techno sur les festivals éclectiques comme le Cabaret Vert ou Solidays ?

J’avoue que ça me stresse un peu quand je me retrouve bookée dans des festivals éclectiques. J’ai toujours peur d’être trop violente, j’ai peur du flop. J’ai du checker qui passait avant et après moi pour voir un peu où je me situe. En plus, on a souvent l’habitude de me faire jouer à la fin. C’est plus facile pour moi de jouer après un Trym par exemple, que de jouer après un rappeur. Je sais jamais trop où me positionner. Je pense qu’on doit être beaucoup de DJs à avoir ce stress là. J’ai toujours peur d’être en face d’un public 100 % rap, comme ça va être le cas dans un festival où je joue en septembre. C’est une date que j’ai déjà commencé à préparer, justement car je n’ai pas envie de la rater. Après, c’est souvent les mêmes personnes qu’on voit en soirée techno et en soirée rap. Il y a un point commun parmi toute la jeunesse de gens qui écoutent du rap et de la techno. C’est eux que je cherche en soirée. Après, j’avoue que je suis une grosse stressée. Il n’y a pas un set où je ne suis pas en stress. Donc si tu m’emmènes dans un truc où je ne suis pas sûre du style musical, de la manière dont les gens vont recevoir mon set, ce sera un peu la surprise pour moi quand je vais commencer à mixer. 

Urumi @ Cabaret Vert 2024 – © VINCEVDH
Tu as commencé en tant que DJ avant de devenir productrice. Qu’est-ce que ça a changé dans ta carrière ?

J’ai toujours été plus attirée par la prod que par le fait de mixer, mais je n’avais pas les bonnes personnes autour de moi pour m’apprendre, donc ça a mis mis du temps. Au bout de ma deuxième année de Djing, je voulais déjà produire, c’était la suite logique pour moi, c’était une évidence. J’ai juste attendu d’être à l’aise sur les platines, de capter comment la musique est construite, à force de la passer, de l’étudier, avant de m’y mettre. Mais ça a toujours été mon objectif. Après, entre le moment où j’ai commencé à produire et le moment où j’ai commencé à sortir des sons, je pense qu’il s’est passé au moins trois ans. Même si aujourd’hui je mixe en clé USB, mon but est de très vite passer au live, d’avoir de plus en plus de prods à moi dans mon show. J’aimerais même pousser encore plus le délire, si je peux dans quelques années avoir des musiciens avec moi sur scène, essayer d’élargir au maximum le spectre du DJ.

Quelle relation tu fais entre la musique électronique et la musique instrumentale ?

Les musiciens, pour moi, sont des génies. En tant que productrice, c’est hyper intéressant d’appeler un musicien pour venir embellir un son, rajouter une ligne de basse, une ligne de guitare ou juste une vraie drum qui tape fort. Je travaille souvent avec des musiciens pour ça. Même mon ingé, Nachos, est aussi guitariste. Dès que j’ai besoin d’une guitare, c’est lui qui arrive. Je lui fais écouter mes refs, et c’est trop bien, c’est bien mieux qu’un plugin ! C’est mieux des humains que des plugins (rires). 

Dans la musique électronique, il y a une nouvelle génération de DJ qui arrive, notamment de plus en plus de DJ féminines. Pour toi, la parité va-t-elle dans le bon sens ?

Je pense qu’on a encore de la marge, hein, avant qu’il y ait une espèce de semblant d’équité entre les gars et les meufs. En fait, j’ai l’impression qu’on est dans une phase où il y a de la place pour tout le monde, même au niveau des mecs, même si ça a l’air un peu plus fermé, plus compliqué de se démarquer. En tout cas, quand je vois qu’une meuf aime parler de DJing, de l’envie de mixer, je lui dis mais vas-y ! Pour l’instant, on n’est vraiment pas assez nombreuses, tout est bon à prendre. Franchement, des fois je conseille à des meufs, juste un petit job étudiant, de mixer en week-end, tu ramasses tes 200 €, ça peut sauver une life, ça fait tes courses, c’est une heure par ci par là, c’est moins épuisant qu’un job regular d’étudiant 12 ou 24 h semaine. En vrai, il n’y a absolument rien à perdre et c’est un métier où il n’y a que des avantages. C’est aussi du partage, c’est de la musique. Je l’ai fait un peu par curiosité, c’est devenu mon vrai métier, je ne m’en plains clairement pas.

Urumi @ Cabaret Vert 2024 – © VINCEVDH
Tu peux nous parler de ton titre Bitch Mood et ce que ça a impliqué pour toi ?

Ça a été un peu une surprise, un hasard en fait. Je crois que c’était l’année dernière ou l’année d’avant. Je ne sais pas du tout pourquoi je l’ai fait, c’est après coup que j’ai remarqué la construction des sons, le nombre de BPM. C’est après que j’ai capté que c’était de la hard dance à 150 bpm. Je l’ai fait en live sur Insta avec ma commu. C’est même une des meuf de ma commu qui a écrit les paroles. C’était vraiment un partage et je commençais déjà à m’enfoncer dans de la techno plus hard. Je me suis alors dit qu’il fallait que je brode mon set autour de ce genre de sons pour pouvoir jouer pleinement. Même en produisant, je trouvais que mes sons n’allaient pas assez vite, que ça ne tapait pas assez fort. 

Tu as des artistes qui t’ont inspiré et dont tu voudrais parler ?

À la base,  je kiffe le métal, je kiffe le rock et et j’aime bien quand ça tabasse. En faisant Bitch Mood, je me suis rendu compte qu’en fait, il y avait un autre monde où la musique était comme ça, avec des kicks qui tabassent, sans que ce soit de la drum n bass. Je peux d’ailleurs citer Von Bikrav. En fait, je crois que c’est Von Bikrav. Quand je l’ai découvert, je venais de sortir RAP 2 RAVE. Mon gars m’a dit “Tu devrais écouter ce mec”. Même si je ne me considère pas dans le même délire que Von Bikrav car c’est le GOAT incontesté. Quand j’ai écouté sa musique, j’ai pété un plomb, je me suis dit attends, comment j’ai fait pour passer à côté de ça ? C’est ça que je veux faire, mélanger des genres, aller dans la violence, faire bouger les gens et la guerre tout simplement ! Von Bikrav, c’est vraiment tellement profond que j’y fais plus gaffe, mais si je devais citer des exemples, c’est dans ce genre d’idées. Je valide absolument tout et je les admire à fond.

À lire également