Tim Dup est l’incarnation de la poésie, de la sensibilité, sur de la musique qui nous emporte et nous émeut. Nous avons eu la chance de rencontrer le jeune artiste lors de son passage au festival Musilac, sous un soleil de plomb. Retour sur une rencontre hors du temps.
Après deux ans sans festivals et notamment une date qui a été prévue à Musilac l’année dernière, comment tu te sens à quelques heures de monter sur scène pour retrouver ton public ?
Tim : Franchement, c’est le pied. C’est formidable de redécouvrir des formats de festivals d’été. Je pense que c’est tout ce qu’on aime quand on fait de la musique. Peut-être qu’il y aura un public qui me connaît, mais il va y avoir aussi beaucoup de gens qui ne me connaissent pas du tout, qui découvrent. Et ça, c’est très chouette parce que ça permet de te faire découvrir à plus de monde. En plus, c’est des cadres assez idylliques. Quand tu arrives au bord du lac du Bourget, qu’il y a un soleil pareil, ça met dans les conditions pour passer un bon moment. C’est aussi des périodes où les gens ont un esprit de légèreté.
On ressent dans ton dernier album, dès les premiers titres, quelque chose de très positif musicalement. Sur scène, comment arrives-tu à transmettre toute cette bonne humeur, toute cette joie ?
Tim : Cette joie, elle arrive surtout sur le troisième disque, les deux autres étaient différents. Il y avait le premier album, Mélancolie Heureuse. Je pense que cette idée infuse dans un peu tout ce que je fais. Le deuxième était un peu plus sombre, plus cérébral. Et là, on joue les trois sur scène. Donc l’enjeu est de créer un nouvel espace au sein de ces trois disques qui puissent les réunir dans un même concert. En plus, en festival, le show est raccourci. On installe une ambiance qui à la fois puisse représenter tout ce que je fais artistiquement, mais aussi qui puisse faire un peu bouger. Je ne suis d’ailleurs plus seul sur scène, c’est plus rock. Ça permet d’amener toute l’énergie du troisième disque et de transformer les premier et deuxième dans la même verve un peu électrique, en créant un show à part entière. Ça c’est assez marrant de l’adapter aussi à chaque date.
Ce troisième album a été écrit dans les Landes. Tu parles notamment de l’importance de la lumière, très présente dans ce lieu. Est-ce facile de retranscrire des émotions, un souvenir, peut-être même des odeurs, de ces moments que tu as pu passer en écrivant cet album ?
Tim : Dans ma personnalité, je suis depuis toujours très contemplatif et attaché à l’idée de mettre du sens à une idée sensorielle qui va de la création et du coup de la restituer. J’aime la musique et les histoires qui sont parlantes en termes de visuel, de proposition d’images qui passent soit par des descriptions, soit par des métaphores, des adjectifs, des allégories. J’étais dans un endroit disposé à l’inspiration. Cet album, qui n’était pas prévu aussi rapidement, est beaucoup plus organique et je l’ai fait dans un état de sérénité, de bulle un peu figée avec le confinement. Je suis allé dans des univers plus pop comme sur Juste Pour Te Plaire, qui cassait avec ce que j’avais pu faire avant. Pour les retrouvailles avec le public, j’avais envie de quelque chose de solaire.
On peut penser que tu es une personne très sentimentale, avec beaucoup de textes qui vont utiliser la deuxième personne du singulier. Est ce qu’elle se dirige vers une personne en concret ou est-ce un “tu” qui peut évoluer en fonction des titres
Tim : Déjà ça, ça te sort de toi même, tu es moins dans un jeu et tu inclus l’autre. Il y a du “tu”, mais il y a aussi pas mal de “il”, notamment dans ces descriptions un peu contemplatives, que ce soit à la troisième personne comme dans “Place Espoir”, où je personnifie la Place de la République pour la présenter comme une femme à part entière. C’est un exercice de style qui est assez marrant parce que tu parles de l’autre, mais en même temps tu mets beaucoup de toi dedans. Concernant le “tu”, ça dépend. C’est parfois lié à des histoires d’amour et dans ces cas là, c’est plus un état d’esprit ou une personne, ou une succession de personnes qui ont inspiré un état. Il y a parfois des titres destinées à gens en particulier. Moi, ça m’amuse beaucoup de jouer de ces pronoms et je trouve que quand tu es à la troisième personne, tu es dans une histoire tout de suite et avec le “tu”, tu es dans une proximité qui sort de toi même. Concernant le “je”, il ne faut pas en avoir peur.
Concernant le titre Les Cinquantièmes Hurlants : c’est une position géographique assez précise. Que représente cette zone ?
Tim : C’est une zone de tempêtes en pleine mer, de bourrasques, d’incertitudes. J’ai cristallisé ça à la fois. C’est une histoire d’amour où je dis à la personne que j’aimerais me retrouver avec elle – ça peut être avec lui c’est ça qui est intéressant aussi à la troisième personne, c’est très ouvert – On cherche à se retrouver dans un endroit chaotique mais sans mensonge. C’était aussi lié à une histoire d’amour, à quelque chose d’imparfait, d’amener une personne dans un endroit d’imperfection, de troubles et d’émotions. Dans une histoire d’amour, quand tu conscientises une longue histoire, il y a forcément de la tempête.
Dans ta musique, il y a un mélange entre une variété française et quelque chose de très moderne, très ancré dans notre époque, qui crée quelque chose de vraiment unique, qui n’appartient qu’à toi. Et comment as-tu réussi à trouver ce compromis, cet équilibre parfait qui te correspond autant ?
Tim : C’est un équilibre qui vient de tentatives. Notre génération n’a pas trop de frontières, ne serait-ce que dans notre façon d’écouter de la musique. Depuis gamin en plus, mes parents m’ont fait écouter de la musique et je suis passé par plein de phases d’évolution. J’ai commencé le piano, puis le jazz, j’ai fait du reggae pendant deux ans, du rockabilly. Je pense à juste un trait d’union, c’est l’émotion. Donc le premier disque, je pense que j’ai essayé un peu de faire une synthèse de ce qui me plait, à savoir des sonorités hip hop, de l’électro et de la chanson piano. Le deuxième, tu creuses un peu ça et le troisième, enfin, c’est vraiment une exploration qui est un peu sans fin. J’essaie de ne rien oublier. Je trouve intéressant de rester en phase avec notre époque, mais qui n’est pas une posture juste parce qu’on vit dans cette époque.
Tu as eu de très belles collaborations notamment avec Cécile Hercule qui a fait la première partie d’Alain Souchon. Comment s’est faite cette rencontre ? Et avec les autres artistes ?
Tim : Cécile m’a proposé de venir chanter sur sa chanson où je ne suis qu’interprète. Avec Véronique Sanson sur son disque de reprises de duos “Volatile” je ne faisais que chanter. C’est génial, c’est toi qui rentre à fond dans l’univers de l’autre. Avec les autres artistes, évidemment, c’est une fusion de deux univers, de deux sensibilités. J’ai notamment parlé avec Gaël Faye de la thématique du départ qui lui parle. Tu sais aussi pourquoi tu vas chercher des gens. Tu sais que tu as des atomes en commun sur des envies d’écriture ou des thématiques. Autre exemple, avec Synapson, ils ont apporté la prod et moi j’arrive avec le texte. L’idée c’est d’avoir une symbiose pour que ça fasse une chanson avec paroles et musique. C’est pour ça aussi que je fais ce métier. Tout se partage, que ce soit avec des musiciens sur scène ou avec des artistes en dehors.