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Silly Boy Blue : “Si je veux changer de style, je pourrais oser le faire grâce à Bowie”

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Sombre Clair

Il y a des artistes que l’on aime pour leur musique, leur personnalité, leur énergie sur scène ou pour ce qu’ils évoquent en nous. Silly Boy Blue fait partie de ces artistes dont la vision est façonnée par un autre, par un être aussi passionnant qu’indescriptible. Rencontrée à Rock en Seine, nous avons échangé sur David Bowie, et la manière dont cet artiste l’accompagne dans la réalisation de sa vie, artistique et humaine.

Ton nom de scène, Silly Boy Blue vient d’une chanson de David Bowie. Est ce que tu peux nous expliquer un peu cette inspiration et cette histoire autour de ton nom ?

C’est un artiste que j’aime énormément depuis le début de ma vie. Quand j’ai voulu choisir un alias, je voulais qu’il ait un rapport avec lui. Il m’a tellement inspirée, portée que je voulais qu’il y ait un lien avec. C’est un de ses morceaux de son premier album éponyme, qui n’est pas très connu. C’était comme une évidence. J’ai entendu cette chanson et je me suis dit c’est ça, c’est ça mon nom, c’est ça que je veux.

À quel moment Bowie a commencé à avoir une influence sur toi ?

C’est un truc assez marrant. J’ai ce souvenir en commun avec un ami de grande section. Ils avaient passé Changes de Bowie et on a eu un fou rire. On s’en rappelle encore avec Léo, mon ami de maternelle. C’est à partir de ce moment-là qu’il s’est passé quelque chose. Ce titre m’a instantanément interpellé, puis Bowie est devenu toute ma vie. J’écoutais le best of de Bowie quand on partait en vacances avec mes parents, il était dans toutes mes playlists d’adolescente. C’était le sujet de mon mémoire de fin d’études qui commençait sur David Bowie. Toute ma vie est rythmée par Bowie, en fait.

Justement, tu as écrit un mémoire sur les corps androgynes dans la musique. Qu’est ce que tu as appris grâce à ce mémoire ?

Grâce à ce mémoire, j’ai appris plein de choses sur toute la manière de se présenter en tant que musicien ou musicienne, de David Bowie à Mykki Blanco. Il s’agissait de voir comment le glam rock avait influencé les gens un peu plus dark. J’y parle de Placebo, d’Indochine, de ces personnages qui se sont servis de ces codes, comment le glam rock s’est décliné dans le rap avec Frank Ocean, avec l’androgynie de Yungblud, avec plein de gens qui ont repris des codes qui venaient du glam rock. J’ai passé un an à juste regarder des clips et lire des livres sur ces gens et c’était la meilleure année de toute ma vie. (rires)

Bowie est un artiste qui repousse toujours les limites, qui se réinvente à chaque album, à chaque apparition. C’est ce qui te permet, à toi aussi, de te recréer à chaque fois ?

C’est une espèce de soupape de décompression de me dire qu’il y a ce mec qui a fait pour moi les plus belles choses dans la musique, qui a ouvert les portes pour tellement de gens après. C’est hyper rassurant de se dire qu’il a existé, car il a ouvert la voie. Demain, si je veux changer de style, de musique, de style vestimentaire, si je veux être quelqu’un de différent, je pourrais oser le faire grâce à Bowie. C’est incroyable d’avoir ce totem là en tête, pour moi et pour mille autres artistes.

Silly Boy Blue à Rock en Seine – @nicolasozukizil
Tu as sorti l’album Eternal Lover au mois de mai. Sur ton artwork, on peut ressentir un côté très inspiré par David Bowie, par son esthétique. Est-ce correct ?

Il y a quelque chose de beaucoup plus assumé. En fait, j’ai toujours eu un côté un peu dark, je m’habille en noir, blablabla. Je souhaitais l’assumer pleinement grâce à des gens comme Bowie qui sont allés des deux pieds décollés. Le mec, il arrivait sur scène avec un justaucorps, des ballerines et des paillettes plein le visage alors qu’on était dans les années 70. C’était à contre courant complet. Je me suis dit que j’avais le droit d’être qui j’ai envie d’être au moment où je voulais l’être, donc ici, d’y aller en mode veuve noire. C’est comme ça que je me sens en ce moment, c’est comme ça que j’ai envie d’être, avec des grandes robes, d’avoir le teint très pale, d’aller dans un personnage à fond.

C’est quoi, cette idée de veuve noire ?

C’est moi, tout simplement. J’ai écrit un morceau qui s’appelle Widow Dreams Forever (traduire par “la veuve rêve pour toujours”). Sur mon premier album, on m’a décrit comme “la reine des ruptures”. J’ai essayé de m’approprier cette idée comme quoi je serais “l’éternelle veuve pour tout le monde”. J’embrasse ce stigmate de la meuf qui pleure sur ses ex, que je suis la reine des veuves. J’ai mile exs et j’en parle tout le temps, très bien ! Je vais m’approprier ce rôle à fond.

Tu as déjà joué à Rock en Seine en 2019 sur l’Avant Seine, te voilà de retour sur la scène du Bosquet devant un public nombreux. Comment vois-tu ta transformation, autant humaine qu’artistique ?

C’est tout un travail, de s’imaginer plus loin et d’écrire en fonction de comment tu te vois être sur scène. J’étais trop contente de jouer ce soir parce que c’est un gros step pour moi. J’étais à Rock en Seine il y a quatre ans, toute petite en plein après midi. Je suis encore toute minus, mais il y a des pas qui sont faits et c’est symboliquement important. C’est très beau de me dire que j’ai réussi à un peu à transformer ce truc là, cet essai où j’étais planquée derrière mon ordi. Maintenant, il y a un groupe, je me sens bien sur scène et je suis bien là où je suis.

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