Ce vendredi, les Viagra Boys étaient de retour à Paris pour ouvrir leur tournée européenne avec la délicatesse d’un kangourou sous caféine dans un magasin de porcelaine. Leur nouvel album “viagr aboys” sortait justement ce jour-là. Une ou deux écoutes furtives à la pause-déjeuner, un grand verre d’eau pour se donner bonne conscience, et hop : direction le Zénith pour un grand plongeon post-punk dans le week-end. Leur dernier passage dans la capitale, lors de Rock en Seine 2023, avait gravé dans les mémoires un souvenir glorieux de désordre organisé. Spoiler alert : ils ont remis ça.
Le guide Michelin des pogo-crustacés
Cooper T vient de terminer son set quand une techno bien grasse fait vibrer les murs du Zénith. La fosse se resserre, les gradins frémissent. 21h : extinction des lumières. Le rideau se lève sur les Viagra Boys ! Sebastian Murphy débarque sur scène, ventre et tatouages au vent, comme un pirate fêtant son centième rhum. Le groupe débute avec “Man Made Of Meat« . « Allright, Okay… » hurle-t-il : et tout de suite, les premiers pogoteurs surgissent, aussi sauvages qu’une colonie de mouettes sur une chips oubliée. « Slow Learner », « Punk Rock Loser » : la machine s’emballe, les bières pleuvent, les slams déferlent, transformant la fosse en une joyeuse marée humaine.

Premier tsunami de la soirée : « I Ain’t No Thief » déferle sur la salle. En quelques secondes, d’énormes cercles de pogo se forment, brassant une foule déjà bouillante. Les visages s’éclairent, les corps se bousculent et ce n’est que le début.

Toujours aussi élégamment déglingués, les Viagra Boys empilent les tubes avec la désinvolture d’un gamin qui empile des châteaux de sable au bord d’une marée montante. « Troglodyte », « Ain’t Nice » et une rafale de nouveaux morceaux éclaboussent la foule d’un groove sale et furieux. Mention spéciale pour « Sports« , l’hymne non officiel des amoureux du jogging sans chaussures et des chiens saucisses. Puis vient déjà le rappel, avec notamment « Worms » : ultime coup d’éclat pour conclure ce voyage musical en douceur et revenir à la réalité.

Merci les crevettes, on se revoit bientôt
Les lumières se rallument sur un joyeux champ de bataille : sol collant de pintes éclatées, cheveux transpirants, sourires hébétés. Quelques survivants déguisés en crevettes rampent dignement vers la sortie. Mission accomplie : les Viagra Boys ont de nouveau mis Paris sans dessus dessous avec leur génie bordélique. Vivement la prochaine.