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Maxime Noly : « À Woodstower, nous cherchons à créer une expérience globale »

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Sombre Clair

À quelques mois de la vingt-cinquième édition de Woodstower, et après une édition compliquée en 2023 suite à des conditions météorologiques défavorables, l’équipe du festival est de retour pour une proposition plus intéressante que jamais. Malgré les enjeux liés aux difficultés de l’année dernière, Woodstower tient grâce à une équipe forte et déterminée à offrir une expérience unique. Maxime Noly, directeur de Woodstower, a accepté de répondre à nos questions.

Vous venez d’annoncer les dernières nouveautés de l’édition 2024 de Woodstower. Comment se passe la préparation du festival jusqu’à présent ?

Pour l’instant, tout se passe bien, j’espère que ça va continuer ainsi ! La période se charge, sachant que nous nous rapprochons du festival. La conférence de presse [du 21 mai, ndlr] est un moment important. C’est là que l’on donne le top avec tous les partenaires et les médias pour préparer le festival. Pour l’instant, on est plutôt contents et sereins. On espère une bonne météo.

En 2024, vous célébrez la 25ᵉ édition de Woodstower. Ce festival défend des valeurs depuis le début. Comment arrivez-vous à les développer au fil des éditions ?

Notre ADN est fondé sur nos valeurs autour du développement durable et sur notre programmation artistique. À Woodstower, 80 % du public a entre 15 et 35 ans. Il s’agit donc de proposer une expérience globale qui dépasse le simple cadre de la musique avec plein d’autres temps forts. L’objectif, chaque année, est de questionner ces aspects, de voir comment les faire progresser, évoluer. Il faut bien sûr s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, et se demander comment, collectivement, on construit tout ça. Avec les difficultés que nous avons connues l’année dernière suite à une météo extrêmement capricieuse, 2024 est forcément une année où on se remet en question. Il ne faut tout de même pas oublier ce qui fait les fondamentaux et l’intérêt du projet.

Kalika à Woodstower – Clément Guyon – @clementg.photos
Booba est le premier artiste que vous avez annoncé, c’est presque une exclusivité cet été. C’était un objectif de l’inviter ?

Nous cherchons toujours à garder une programmation qui soit à l’image de ce qu’on a toujours pu faire en termes de musique. Le fait d’accueillir Booba est pour nous une grande fierté parce que c’est un artiste rare et légendaire. C’est pour les artistes comme lui, un peu dans une classe à part, que l’on fait ce métier. On sait jamais trop comment ça va se passer, c’est un peu la magie du truc. C’était pour nous l’un des enjeux. 

Woodstower 2024
Vous êtes un festival indépendant. Comment continuer à l’être sachant les difficultés que cela peut engendrer ?

Le festival existe depuis vingt-cinq ans. Nous avons une identité sur le territoire, nous proposons un événement particulier. Bien que nous soyions indépendant, nous avons des partenaires associés, notamment le lieu qui nous accueille, le grand parc de Miribel-Jonage, qui est un lieu incroyable. Pour moi, ça fait partie des fondations sur lesquelles il faut s’appuyer en étant indépendant. Dans notre conseil d’administration, il n’y a pas d’entités extérieures qui siègent, c’est nous qui prenons toutes nos décisions. Pour autant, les partenaires comme le parc et les partenaires publics aident à ce que les événements puissent garder leur indépendance et assurer leur valeur. Nous avons aussi toujours des partenaires privés et des prestataires qui nous accompagnent, même si aujourd’hui, la ressource se fait de plus en plus rare. Que ça soit dans le son, la scène, la billetterie, le merchandising, ce sont plus que des prestataires : ils sont dans une dynamique de partenariat. Ça fait aussi la différence sur un projet indépendant, parce que nous portons des valeurs. Je ne pense pas que nous puissions recevoir ce soutien si nous n’avions pas ces valeurs là. C’est la somme de toutes ces petites choses qu’il faut réussir à additionner. Également dans notre cas, parce qu’on est aussi un projet associatif, nous avons des bénévoles qui sont toujours au rendez-vous. Si nous devions nous en passer, nous devrions ajouter plusieurs centaines de milliers d’euros de masse salariale pour que l’événement puisse se tenir. Forcément, ce ne serait pas viable, ou alors à des prix complètement délirants pour le public, sachant que nous souhaitons continuer à offrir des prix de concerts qui restent accessibles, c’est notre choix et c’est un engagement. Mais ce n’est pas évident à tenir.

Concernant les nouveautés de 2024, vous avez des changements de scènes, mais aussi plein de nouveaux éléments qui arrivent.

Nous souhaitons insister de nouveau sur le côté “expérience” de Woodstower. Comme chaque année, nous gardons toujours nos auto tamponneuses qui connaissent un franc succès chaque année. On a une scène qui s’appelle La Boum, qui vient remplacer la Scène Saint-Denis que nous avions jusqu’à l’an dernier. 

Cette année, nous proposons une nouvelle expérience : le “Boomcoeur”. C’est une expérience sensorielle et immersive dans un container assez rigolo. Les autres nouveautés se trouvent dans la partie gratuite de l’éco village, notamment avec les aspects de sensibilisation. On souhaite proposer toujours plus de choses pour les enfants, mais aussi emmener les gens faire des balades dans le grand parc. On souhaite accompagner notre public dans d’autres pratiques et d’autres propositions. L’un de nos objectifs est de marquer notre différence avec ce genre de propositions pour rappeler que Woodstower, c’est certes un festival de musique, mais on peut y vivre des expériences différentes, hors du temps, un peu comme une bulle dans laquelle on vient avec ses amis pour passer un moment dont on se souviendra. 

Woodstower 2022 – ©️ Brice Robert
Qu’est-ce qui te pousse à proposer ce genre d’expériences ?

Je suis très influencé par les festivals anglais qui ont cette approche du village où il y a, au-delà des questions de décors, plein d’activités pluridisciplinaires et d’expériences. Je suis convaincu que l’avenir des festivals se trouve dans ce genre d’idées. Vu que nous sommes un festival indépendant, nous pourrons difficilement faire la course aux têtes d’affiche dans le futur. C’est avec ces idées-là que l’on va se démarquer. 

Il y a 25 ans, il y avait moins de festivals en France. La concurrence aujourd’hui est-elle un défi ? Le projet de Woodstower est-il une manière de se démarquer ?

Je pense que c’est c’est l’identité d’un événement qui fait que les publics se fidélisent et reviennent d’une année sur l’autre. Le COVID a beaucoup fait de mal sur ce point, sachant que notre public est assez jeune et que la fidélité est plus compliquée à maintenir. Après, le fait d’être présents depuis longtemps permet de rester dans le paysage, d’être reconnu, d’être identifié. Le territoire de la Métropole lyonnaise est assez particulier : les Nuits de Fourvière est un gros événement dans un format très particulier et rare en France, ils accueillent des artistes d’un très gros calibre sur des jauges assez restreintes. Les Nuits Sonores est également un acteur historique indépendant dans les musiques électroniques. Par conséquent, il n’y a pas de grosses machines présentes sur le territoire. Le festival Inversion a essayé de s’implanter il y a quelques années, mais ça n’a pas fonctionné. Nous avons un tissu et un écosystème qui sont très forts, très indépendants. Nous parlons, travaillons ensemble, ce qui est vraiment une force.. Ça permet d’avoir, je pense pour le public, une proposition qui soit diversifiée et équilibrée.

Woodstower 2022 – ©️ Brice Robert
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