Le 7 mai dernier, FINNEAS était en concert au Trianon dans le cadre de sa tournée For Cryin’ Out Loud!. Un moment suspendu, entre ballades mélancoliques et déclarations sincères, où la pop élégante du chanteur-producteur américain a trouvé un écho vibrant chez le public français.
FINNEAS : l’ingénieur des émotions
On l’a longtemps connu comme “le frère de Billie Eilish”. En tant que co-compositeur, producteur attitré, confident artistique, cela parait tout à fait normal. Mais FINNEAS O’Connell, né en 1997 à Los Angeles, a peu à peu imposé sa propre voix dans le paysage musical et enchaine les dates, notamment en festival. Il sera d’ailleurs au Mad Cool de Madrid cet été, par exemple, après avoir joué plusieurs fois à Coachella, tant avec Billie que seul. Auteur, compositeur, multi-instrumentiste, il n’est pas seulement un artisan de l’ombre : il est un artiste total.
Depuis Optimist (2021), son premier album solo, jusqu’à For Cryin’ Out Loud! (2024), son dernier opus, FINNEAS explore les recoins de l’âme humaine. Ses textes évoquent la perte, l’amour imparfait, l’anxiété contemporaine — toujours avec cette voix douce, parfois presque chuchotée. Son style oscille entre la ballade piano-voix et la pop électronique raffinée, tant que parfois il est plus difficile de catégoriser l’artiste dans un style musicale, mais c’est surtout la sincérité brute qui fait sa marque.
Une setlist ciselée, entre larmes contenues et sourires complices
Au Trianon, c’est « Starfucker » qui a ouvert le bal, FINNEAS au piano. Un titre acide, lucide, qui installe immédiatement le ton. Le très percutant « Lotus Eater » a suivi, porté par une instrumentation plus rock, avant que « Cleats » ne vienne adoucir l’ambiance avec une nostalgie tendre.
La salle, déjà conquise et reprenant chacune des paroles sans hésitation, s’est laissée bercer par « Sweet Cherries », puis émouvoir par « What’s It Gonna Take to Break Your Heart? », l’un des moments suspendus du set. Entre deux titres, FINNEAS échange avec le public, glisse une anecdote sur Paris et rappelle que l’un de ses musiciens est descendant de Marie Antoinette (rien que ça !). L’artiste, d’ailleurs, n’hésite pas à piquer quelques téléphones dans l’assemblée pour se filmer, filmer ses musiciens, avant de rendre l’appareil. De quoi créer de beaux souvenirs, tant pour les chanceux.ses que pour le reste de l’audience.
Puis vient « Angel », d’une douceur envoûtante, suivie de « The Kids Are All Dying », où le chanteur déploie une critique sociale subtile sous une pop maîtrisée. Le binôme « Partners in Crime » et « A Concert Six Months From Now » renforce le lien intime qu’il tisse avec le public : l’un est plus narratif, l’autre plus introspectif, mais tous deux frappent juste.
Avec « 2001 », FINNEAS revient à des sonorités électroniques plus prononcées. « Little Window » et « Mona Lisa, Mona Lisa » (tiens, encore un écho à Paris : serait-ce pour cela qu’il arbore un béret français à peine cliché ?) s’enchaînent sans pause, comme deux facettes d’une même mélancolie. « Only a Lifetime » vient apaiser, presque consoler.
Puis, moment rare : FINNEAS interprète « Till Forever Falls Apart », originellement en duo avec Ashe. Il la chante seul, mais l’émotion est intacte. Le public retient son souffle. C’est beau, tout simplement.
Il rend ensuite hommage à sa sœur Billie avec « Family Feud », morceau dédié et probablement inédit, qui touche juste. Et enchaîne avec trois titres très attendus : « I Lost a Friend », bouleversant de simplicité, « Break My Heart Again », qui déclenche une ovation, et enfin « Let’s Fall in Love for the Night », un des morceaux les plus enjoués de sa discographie.
Pas besoin de rappel pour ce show de 19 titres : FINNEAS conclut avec « For Cryin’ Out Loud! », titre-manifeste de sa dernière tournée, qui résume parfaitement son art : parler des choses sérieuses sans jamais être lourd, mettre des mots justes sur ce que beaucoup taisent.