Le Cabaret Vert a fait fort en programmant un artiste qui, entre le moment de son annonce et celui de sa venue, a gagné une immense reconnaissance. Teddy Swims rencontre Esprit Festivalier, revient sur son parcours et sa relation avec la scène.
Tu es presque tête d’affiche sur cette édition du Cabaret Vert : comment vis-tu ce succès exponentiel ?
Je suis ravi d’être ici ! Ça va être notre première vraie occasion de découvrir la culture et de voir des groupes locaux ou nationaux français. Souvent, on vient en France et on ne joue vraiment qu’à Paris. Je reste toujours très proche de la salle de concert, donc je n’ai pas vraiment l’occasion d’explorer ou de faire quoi que ce soit. Donc, je suis vraiment content cette fois-ci, parce que je sens que je vais mieux capter l’essence de la culture française.
En 2022, tu jouais encore dans des clubs à Paris, comme au FVTVR. Deux ans plus tard, te voilà ici : qu’est-ce qui s’est passé pour toi entre-temps ?
C’est vraiment incroyable, je suis super honoré d’être ici. Plus tu viens et tu poses, disons, ton drapeau quelque part, plus tu rencontres des gens en chemin, et je suis vraiment heureux de ça. Le public ici ne cesse de grandir, et donc c’est vraiment un honneur d’entendre ça.
Si on remonte encore, ta vie était complètement différente en 2019, tu vivais de nouveau chez ton père. Comment tu vois ces changements dans ta vie ?
Franchement, être dans ce monde aujourd’hui, c’est déjà fou. Maintenant, je vis à L.A. Revenir de ce moment où tout s’est effondré et où j’ai dû retourner vivre chez mon père, jusqu’à là où on en est maintenant, avec cette carrière qui a bien pris, c’est un honneur. Je me sens accompli, je sens que j’ai pu poursuivre mes rêves. Quand tu le fais, tu récoltes ce que tu sèmes dans ce monde.
Tu as un album qui s’appelle I Tried Everything But Therapy. La scène, c’est une sorte de thérapie pour toi ?
Oh, absolument. Surtout quand je suis sur scène. Je pense que, sur scène, j’ai un peu l’occasion de balancer toutes mes émotions, mes traumas, au public. Et de les voir chanter les paroles en retour, d’entendre des histoires de fans qui me disent : « ça m’a aidé à traverser mon divorce » ou « ça m’a aidé à surmonter une rupture », ça me fait me sentir moins seul. Et j’espère que ça les fait se sentir moins seuls aussi. Je pense qu’on a trouvé un terrain d’entente ensemble dans cette communauté qu’on a réussi à bâtir. Ça a été très thérapeutique pour moi de savoir que je ne suis pas seul dans mes ressentis.
C’est important pour toi de savoir que les gens reprennent tes textes, et, plus encore, tes histoires ?
Ça a été un endroit tellement sûr pour moi, où traverser mes propres épreuves et connecter avec des gens qui vivent des choses similaires. On a pu trouver une communauté, une tribu où on se comprend tous. Je pense que c’est le meilleur métier du monde.
Swims est l’acronyme de « Someone Who Isn’t Me Sometimes ». Est-ce qu’il y a une relation entre ce personnage scénique et la personne que tu es ?
Je ne crois pas. J’essaie de tout faire pour les lier. J’essaie vraiment d’être aussi honnête, vulnérable et ouvert que possible. Je sens que je change constamment, que j’évolue, que je grandis, et il y a toujours des apprentissages (et aussi des désapprentissages) que je fais au fil du temps. Je pense que ce nom est juste un livre ouvert, que je peux être ce que je ressens que je dois être à ce moment-là. Et je serai toujours en train de changer et d’évoluer.
La chanson Lose Control connaît beaucoup de succès. Quelle en est la signification ?
J’avais l’habitude de me sentir comme si je perdais le contrôle, mais je pense que ça venait aussi d’une peur d’être abandonné ou laissé de côté. Aujourd’hui, au lieu de perdre le contrôle sur les choses que je ne peux pas maîtriser, j’ai plutôt appris à lâcher prise, à laisser aller ce que je ne peux pas contrôler, et à accepter les choses. Pendant longtemps dans ma vie, j’avais l’impression que je voulais contrôler ma vie, planifier tout et décider de comment ça devait être. Mais parfois, il faut juste prendre du recul et laisser la vie être ce qu’elle doit être. Tu dois lâcher prise sur ce que tu ne peux pas contrôler, tu vois ? Et je pense que cette chanson m’a appris beaucoup de leçons au fil du temps.
Est-ce que tu essaies de garder le contrôle sur ta carrière ? Comment fais-tu pour rester toi-même ?
C’est tout ce que j’essaie de faire maintenant : me laisser être moi-même et laisser le reste se faire comme il doit. J’essaie de ne pas trop m’accrocher à des idées précieuses de ce que tout doit être. J’essaie juste de laisser les choses être ce qu’elles doivent être et de continuer à avancer librement et de façon authentique.
Tu as sorti une autre version de ton album. Plutôt que de l’appeler « extended » ou « deluxe », tu as choisi « 1.5 ». Pourquoi ?
On a une partie deux qui arrive. On prévoit soit au début de l’année prochaine, soit à l’automne de cette année. J’ai l’impression que l’histoire n’était pas tout à fait terminée. Donc je voulais ajouter un petit quelque chose pour nous faire patienter jusqu’à la suite de l’histoire.
Ta musique est plutôt éclectique. De nos jours, beaucoup d’artistes n’aiment pas qualifier leur musique. Est-ce que tu penses que c’est bien de ne pas mettre d’étiquette ?
Je pense qu’en création, il y a un truc qui se perd si tu mets trop de barrières et de contraintes sur ce que doit être une chanson. Si ça sonne trop rock’n’roll, ou trop country, ou trop R&B, alors tu te mets en travers de ce que la chanson veut être. Et chez nous, on dit toujours que le membre le plus important du groupe, c’est la chanson. Peu importe ce qu’elle dit, peu importe l’ambiance dans la pièce, je pense qu’on suit simplement ça. Je pense qu’on ne devrait jamais se soucier de ce que la chanson doit être ou de quel genre elle doit appartenir, parce que ça enlève l’émotion de la chanson. Tout d’un coup, tu te retrouves avec une mauvaise chanson.
À la fin de l’année, tu joueras à Paris à la Salle Pleyel. Comment te prépares-tu pour ce concert ?
On avance comme d’habitude. On essaie juste de rester humbles, de bien se préparer, et de rester passionnés. Tant qu’on s’éclate et qu’on s’amuse, tout va bien. Je suis reconnaissant qu’on soit venus et qu’on ait passé du temps ici peut-être cinq fois cette année. Le truc, pour bâtir une communauté ou une tribu ici, c’est que tu dois revenir à chaque fois. Et de voir ça grandir, c’est toujours incroyable pour moi.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ?
Je souhaite juste qu’on reste tous en sécurité et heureux. Je pense que la règle numéro un, c’est de s’amuser. Tant qu’on s’éclate, la vie continuera d’être fun, tu vois, c’est ça la règle numéro un.