Ce vendredi soir à Aix-les-Bains, Musilac a rassemblé un large public dans une ambiance résolument familiale. Entre la fougue de Santa, la puissance de feu de Soprano et la richesse culturelle du collectif Lamomali, cette troisième journée a brillamment illustré la capacité du festival à faire dialoguer les générations et les styles.
Une journée qui s’éveille en douceur
L’heure du week-end a sonné et les festivaliers arrivent petit à petit sur l’esplanade. Ce sont les lyonnais de Second Major qui ouvrent le bal sur la scène Korner avec leur indie rock teintée de post-punk. L’ambiance est encore calme, les verres trinquent, les montagnes se dorent sous le soleil et les riffs s’échappent paisiblement en direction du lac turquoise. Le décor de Musilac, toujours aussi enchanteur, agit comme une mise en condition parfaite avant que le rythme ne s’intensifie.
Adé de retour, Benjamin Clementine envoûte l’esplanade
Vers 18h, Adé foule la scène principale. On l’avait découverte ici même en 2019 avec Thérapie Taxi et la revoilà en solo, plus pop-rock que jamais. Portée par ses tubes Tout savoir ou Sunset, l’artiste rayonne, portée par le public.

La transition est immédiate avec Benjamin Clementine. Le Britannique, en pleine tournée d’adieux, livre une performance hors du temps. Dans un calme presque sacré, il capte toute l’attention avec son timbre unique, son élégance et ses silences habités. Un moment suspendu, rare, qui rappelle que Musilac n’a jamais eu peur d’inviter des artistes pointus, à contre-courant des standards des gros festivals.
Santa électrise Musilac
Puis vient le choc Santa. Il y a de l’agitation côté Mainstage Montagne, les techniciens courent, les regards s’élèvent. Soudain, la chanteuse apparaît… suspendue la tête à l’envers. Le ton est donné : ici, pas de demi-mesure. Piano volant, slam dans le public… L’ancienne voix de Hyphen Hyphen offre une performance sidérante de générosité, de puissance vocale et de mise en scène. C’est le genre de concert qui vous laisse avec les frissons longtemps après la dernière note.

Soprano en showman XXL
Le public est désormais massif devant la grande scène. Dans les premiers rangs, des enfants sur les épaules de leurs parents attendent Soprano avec des étoiles dans les yeux. Quand le rappeur marseillais fait son entrée, suspendu lui aussi dans les airs, le festival prend une autre dimension. Lances flammes, danseurs, tubes en rafale, le show est millimétré et généreux. Pendant 1h30, Soprano joue son rôle de grand frère de la scène française à merveille, entre émotion, communion et bonne humeur contagieuse.
Lamomali : le voyage musical de la nuit
La nuit est tombée. Les sommets autour du lac sont à peine visibles, baignés dans la lumière de la lune, quand Lamomali prend possession de la scène. Ce projet franco-malien, porté par Mathieu Chedid et Fatoumata Diawara, crée une passerelle entre les continents. Entre folk wassoulou et envolées rock, le collectif rentre en pleine communion avec le public du festival.

Les titres de leur dernier album se mêlent aux classiques de -M-, revisités avec une belle audace : Mama Sam, Matchistador ou Je dis aime font chanter tout le public de Musilac. À son habitude, Matthieu Chedid descend dans la foule guitare en main, pour offrir un solo mémorable au milieu de ses fans. Le concert, à la fois dansant et poétique, restera sans doute comme l’un des grands moments de cette édition 2025.

Une fin de nuit en transe
Il est tard, mais les plus fêtards restent debout. Il faut dire que la fanfare techno Meute se charge de clôturer cette journée avec un set taillé pour les closing de festivals. Leurs cuivres fous et leurs rythmes électroniques font danser les musilakiens jusqu’à 2h du matin et leur célèbre reprise de You & Me de Flume agit comme un dernier souffle d’euphorie collective.
Ce troisième soir de Musilac a prouvé qu’éclectisme peut rimer avec cohérence tant que le fil rouge reste l’émotion. Ce qui restera sans doute dans les mémoires, c’est cette ambiance profondément familiale : jamais on n’avait vu autant d’enfants au premier rang, perchés sur les épaules de leurs parents avec les yeux écarquillés. Le plus beau, dans cette soirée, c’est sans doute que tous les artistes ont joué le jeu, adressant aux enfants des mots tendres, des accolades et des sourires sincères.