Quelques minutes avant son entrée sur scène, alors que le soleil se souche sur l’esplanade du lac du Bourget à Aix les Bains, nous rencontrons Tiwayo. Ce passionné de musique tout autant que de voyage se confie sur sa relation aux émotions et à swa manière de les transmettre sur scène. Un échange passionnant en ce dernier jour de Musilac.
Tu es sur le point de jouer à Musilac. Comment te sens-tu ?
Je dois dire que je suis quand même impressionné. On vient d’arriver, on a fait pas mal de route et c’est vrai que le site est très beau, et Selah Sue est en train de jouer en ce moment. Je suis impressionné et super content d’être là.
Ta tournée est assez intense, avec une date notamment au festival de Nîmes en première partie de Christophe Maé, ou plusieurs fois en première partie de Polnareff. Comment ça se passe pour toi ?
Ça se passe super bien. J’ai alterné des première partie où j’étais en guitare voix, donc j’ai fait les premières parties, notamment sur les Zéniths de Polnareff, c’est une super expérience. On a également fait quelques festivals avec le groupe, donc j’étais un peu entre les deux. C’était cool, c’était des sensations différentes à chaque fois. On a aussi fait de super dates à Cognac et à Carcassonne.
Ce soir, tu joues assez tard. Est-ce que ça change ta manière de percevoir le live ?
Oui, ça change énormément. Plus tard tu joues, plus il faut envoyer. En fonction de la lumière et du monde, ça change beaucoup. Les gens et leur ressenti n’est pas pareil qu’en pleine journée.
Ton nom d’artiste, Tiwayo, est né lors d’un voyage. Quelle est son histoire ?
C’est un surnom que l’on m’a donné de mon premier voyage aux États-Unis. Depuis une dizaine d’années, je voyage beaucoup entre la France et les États-Unis. Lors de mon premier voyage là bas, un homme m’a surnommé The Young Old, ce qui veut dire le jeune vieux. J’ai gardé les initiales TYO, qui donne Tiwayo. Je trouve que ça me correspond bien.
Cet album, Desert Dream, représente cette idée du voyage qui te correspond tellement. Comment, sur scène, arrives-tu à transmettre ces idées mentales, pour faire voyager ton public avec toi ?
C’est un défi, notamment par le fait de jouer cet album. Le premier était très basé sur la basse et la batterie. Quand on a une musique qui est naturellement basée sur une rythmique, très punchy, je dirais que c’est plus facile à adapter sur le format festival. Desert Dream est très intime, très moody. Effectivement, c’était un challenge, je pense pour moi et pour le groupe, d’adapter ça au format festival. On arrive sur un in between entre le son du premier et du deuxième album, avec des moments qui sont assez punchy et des moments beaucoup plus sweet. Cet album est très basé sur les sensations, ce qu’on essaie de faire ressentir notamment avec les sons de guitare.
L’émotion est également une idée qui revient souvent dans ton art. Quelle est ta recette pour les transmettre à ton public ?
Mon biais, mon vecteur en l’occurence, c’est les chansons. En fait, dans cet album, j’ai fait tous les arrangements. On essaie de faire passer ces sensations, ces souvenirs, ces moments au travers des chansons. Ça commence par une guitare voix, mais aussi de toute la musique, de tous les arrangements que j’ai fait derrière. Après, en live, et c’est un peu le truc dingue, c’est que chaque concert est différent. C’est toujours un défi de réussir à faire passer le truc, car rien n’est gagné, surtout quand on est quand on n’est pas connu. J’essaie de créer ce moment d’intimité avec les gens pour essayer de leur donner quelque chose de vraiment sincère.
Si tu devais définir ce nouvel album Desert Dream, que dirais-tu ?
Je reviens sur l’idée que c’est un album sensoriel qui est imprégné des souvenirs de mon dernier voyage aux États-Unis. J’ai passé pas mal de temps en Californie et notamment dans le désert. Là bas, j’ai ressenti un certain nombre de choses et j’ai essayé de capturer la lumière, les sensations. Cet album reporte également mes expériences de vie ici en France et à Paris. Donc c’est un album un peu entre les deux. C’est un album qui est très vocal.
Comment trouver une cohérence entre les dix titres que tu proposes avec cet album pour défendre cette notion d’émotion et de sensation ?
J’ai pris vachement de temps à essayer de construire cet album, c’est un format auquel je suis très attaché. Même si aujourd’hui, le format playlist est très important, c’est le format album qui me plaît le plus, surtout avec Desert Dream. J’ai essayé de penser comme pour un film ou un road movie. J’ai pris du temps pour le structurer. Je sais que chaque chanson est un peu comme une mini scène. On essaye de créer du relief tout en gardant toujours le même mood, une certaine ambiance pour que l’auditeur soit capturé dans ce désert imaginaire tout du long.
Ta musique est un mélange entre un style très actuelle, mêlé d’une certaine nostalgie des sixties notamment. Comment arrives-tu à mélanger tes différents attraits musicaux pour créer quelque chose de très personnel ?
J’aime bien l’idée de peinture dans ma manière de travailler, encore une fois c’est un peu comme un challenge. Pour cet album, j’ai surtout travaillé avec mon ordinateur et fait évoluer mes arrangements. Au début, j’ai enregistré une guitare, ça va en appeler une autre. Je fais mes morceaux vraiment comme des peintures, c’est à dire que petit à petit, les morceaux évoluent, on essaie différentes rythmiques. Et puis c’est des couches qu’on superpose. Effectivement, j’ai un côté très roots qui me tient à cœur. J’écoute beaucoup de blues et de soul, beaucoup de musique des sixties. J’aime beaucoup, par exemple Mazzy Stars, c’est une réelle inspiration. J’essaie également de garder une certaine edge de musique actuelle et ça passe par la rythmique, le traitement du son, le mixage.
Tu as le projet de t’exporter aux États-Unis ?
J’ai enregistré mon premier album là bas. J’ai enregistré ce nouvel album, Desert Dream, sorti fin avril 2023. Je pense que pour le troisième album, j’y retournerais. J’ai donc déjà fait du studio aux États-Unis, mais je n’ai pas encore fait de live. C’est quelque chose qui me plairait beaucoup.