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Silly Boy Blue : « Le public a grandi, et j’ai grandi avec lui »

Récit des 20 ans du Main Square festival

Musilac pluvieux, Musilac heureux

Sombre Clair
Tu es de retour pour une saison des festivals en 2024 après une grosse saison en 2023. Quels changements as-tu pu apporter à ton show ?

Déjà, ce show a pris une cinquantaine, une soixantaine de dates depuis le début de la tournée. Donc on a forcément changé des choses. On a adapté des morceaux, on a retravaillé toute la vision du set qu’on avait. Je chante d’une manière différente aussi. C’est la fin de la tournée puisqu’on a commencé donc l’été dernier, on a fait toute l’année et là, c’est les dernières dates avant octobre, avant celle à Nantes en octobre, où on termine la tournée. Donc c’est vrai qu’il y a un truc plus rodé, mais aussi beaucoup plus d’émotions parce qu’on se rapproche de plus en plus des dernières dates. C’est aussi une espèce de grand mélange entre la maîtrise et l’émotion à chaque date qui vient cet été.

J’ai vu que tu étais assez émue de jouer à Nantes il y a quelques jours.

C’est toujours un gros truc pour moi de jouer à Nantes parce que c’est là que j’ai fait mes premiers concerts. C’est là qu’il y a ma famille, c’est toujours un moment précieux. En fait, quel que soit le jour, quelle que soit l’heure, ce sera toujours quelque chose d’important à mes yeux, parce que c’est là d’où je viens. J’aime trop jouer ici à chaque fois, c’est toujours un grand plaisir.

On sent de l’engouement pour ta musique, notamment en festival. Comment arrives-tu à capter ton public ?

Ça dépend. Chaque public est hyper différent, donc il y a des publics où tu sais que t’as envie de leur parler et de les intégrer dans le show. Tu as des publics où c’est direct beaucoup plus fluide, ils ont envie d’entendre de la musique, d’autres qui ont envie d’entendre du piano voix. Il y a des publics qui ont envie de danser. Il n’y a jamais qu’un seul public et c’est ça qui est cool. Tu arrives et tu sais pas devant qui tu vas jouer ni comment tu vas faire ton set. C’est ça que j’adore dans les festivals. Selon la programmation, tout est hyper différent. Il y a des moments où tu joues comme ici à 18 h. Puis il y a des moments où tu joues à 23 h et il faut s’adapter. Du coup, c’est toujours un nouveau live, à chaque festival.

Silly Boy Blue @ La Nuit de l’Erdre – ©️ Laura Galland (@lauraglld_)
Ton premier album t’a permis d’obtenir une Victoire de la musique. Qu’est ce que ça a changé pour toi ?

Les Victoires, c’était un grand moment de pression et ça m’a appris à bosser dans le stress, avec les gens que j’aime. C’est une de mes meilleures copines qui a fait ma tenue. C’est que des personnes proches de moi, c’est Jean-Max qui a fait les lumières du corset que je portais, qui a fait ma scénographie. Il m’a fallu apprendre à bosser avec des gens sur qui on peut mutuellement se hurler dessus, mais c’est tellement fort qu’on était dans une espèce de bateau, dans une grande tempête, on était tous ensemble et on s’en est très bien sortis. J’ai fait exactement ce que je voulais faire. C’est ça que ça a changé pour moi : c’est ma vision du travail, avec des gens qu’on aime. C’était tellement intense ! À partir de ce moment-là, je n’ai souhaité travailler qu’avec des gens avec qui j’aimais bosser. 

Tu avais un corset tout en LED, c’était une folie !

C’est nous qui avons soudé les petites LED le dimanche (rires) ! Tout le monde nous a demandé de quelle marque venait le corset, c’était vraiment Mathilde et moi le dimanche matin en train de souder des LED et de nous dire “alors t’as fini ? Non, ça n’a pas tenu !” (rires). Ce corset était branché à ma jambe, j’avais un câble que Jean-Max a scotché avec du gaffer. Cette expérience n’avait aucun sens, mais c’était en même temps le meilleur truc du monde !

Tu n’as pas voulu le réutiliser ?

Je l’ai mis dans la cave de mes potes la semaine dernière (rires) ! Je ne savais pas quoi en faire et j’ai déménagé. Et j’ai demandé à mes copines si elles avaient de la place, elles m’ont dit “non, pas trop”, j’ai dit “ouais, mais c’est le corset des Victoires de la Musique”, elles m’ont dit qu’évidemment, elles le prenaient ! Il est dans des gros sacs chez des amies à côté de chez moi.

Comment as-tu senti que ta carrière a changé depuis la sortie de ton album en 2023 ?

Ça a changé parce qu’il y a des il y a des nouvelles personnes qui sont arrivées dans mon public. Il y a des gens qui sont restés et qui ont encore plus suivi la tournée. Ça a changé car il y a des gens qui, grâce à cet album, ont découvert le premier album. Donc il y a plein de choses qui ont évolué dans ma manière d’être avec mon public aussi. J’ai dévoilé beaucoup de choses et les gens se sont approprié plein de nouveaux bouts de ma vie. Le public a grandi, et j’ai grandi avec lui. En fait, c’est une espèce de donnant donnant, de construction de carrière. Avant, j’écrivais des morceaux dans ma chambre et je les sortais sur Internet juste parce que je voulais que mes potes puissent les écouter. Et maintenant, je sors des morceaux, il y a des gens qui les chantent pendant les concerts.

Silly Boy Blue @ La Nuit de l’Erdre – ©️ Laura Galland (@lauraglld_)
Pour écrire cet album, tu t’es isolée à Londres. Du coup, comment ça s’est passé ?

Ça a duré un mois. C’était une très grande solitude dont j’avais besoin à ce moment là. Je n’ai parlé à personne pendant les sept premiers jours. Puis j’ai commencé à devenir un peu zinzin (rires). Je suis partie dans un magasin pour entendre des voix d’autres gens, j’en avais besoin. En fait, j’avais besoin de me lever, de faire de la musique, manger, faire de la musique, sortir de ce monde, faire de la musique. J’ai eu besoin de cet isolement total parce que c’est très facile de se laisser happer par des choses, par des gens, par des sorties, par des concerts et en fait d’être seule avec mon cerveau, en vrai. C’était horrible. J’en ai des diverses, le plus triste de ma vie. Mais avec le recul, je n’aurais pas pu écrire cet album si je ne l’avais pas fait comme ça. Donc ça m’a apporté une grande solitude, une grande tristesse, mais une grande pause dans ma vie qui a permis cet album. 

Cet album, c’est ta vie, tes ruptures, tes expériences, racontée de manière plus légère que sur ton premier album, Breakup Songs. Est-ce une manière de te libérer, de te guérir ?

Le premier album a vraiment été créé dans la douleur. J’avais besoin de sortir tout ce qui se passait en moi. C’est un peu cliché, mais le truc du second album, de la maturité, en vrai ça marche trop bien ! La manière de faire était assez vertueuse, je n’ai pas que parlé de tristesse, de rupture et de colère. J’avais écrit mes premières chansons d’amour aussi, vraiment d’amour, pas d’amour de rupture. Et du coup, il y a un truc qui était très vertueux. La question était plutôt de savoir sur quoi écrire au jour le jour. Ce n’était pas un besoin d’écrire pour ne pas pleurer. J’ai pris beaucoup plus de plaisir à l’écriture.

Silly Boy Blue @ La Nuit de l’Erdre – ©️ Laura Galland (@lauraglld_)
Le titre Hopeless est très court, les paroles fortes, la musique évolutive tout du long. Quel était le projet de ce titre ? Comment tu l’as créé ?

Je voulais que ce soit vraiment une sorte d’interlude dans l’album ou bien là, pour le coup, un sentiment assez négatif, un peu chelou quand tu sais que tu t’auto convaincs qu’une relation va bien. Il y avait un espèce de cri dans ce morceau qui faisait que j’avais envie de me dire “tu te convaincs d’un truc qui ne marche pas”. Et c’était un sentiment très pur. Je l’ai écrite comme ça, cette chanson et avec mon producteur Paco, il a écouté et on s’est dit qu’il fallait la laisser telle quel. C’est une balance dans l’album qui fait que là, on rentre dans des côtés beaucoup plus tranchés et un truc un peu viscéral. Et je voulais que ça reste comme ça. Donc on l’a quasiment pas modifié de la maquette.

Penses-tu que des textes tantôt mélancoliques dans un premier album, tantôt plus légers dans un second, peuvent avoir un impact sur ton public qui peut vivre des histoires similaires ?

En fait, ouais, ça marche bien de ce point de vue. J’étais très contente de recevoir des messages de gens qui me disaient que ça les aidait pendant une rupture où ils étaient triste. Cet album là, en fait, moi je l’écris en étant aussi plus heureuse. Et quand j’ai reçu des messages de gens qui me disaient qu’ils l’avaient écouté tout l’été avec leurs amis, qu’ils ont ressassé Not A Friend dans la voiture en road trip, je me dis que c’est trop cool. Ça me fait plaisir de faire partie de la vie des gens dans des moments où ils vont pas bien, mais aussi dans des moments où ils vont bien. C’est cool quand j’ai plein de mamans ou de papas, d’oncles ou de tantes, qui m’ont envoyé des vidéos de leur gosse qui chantent les paroles.  C’est trop cool, ça veut dire qu’ils passent des moments aussi très joyeux. C’est bien d’avoir un peu toute cette palette d’émotions. Ça m’embêterait d’être un peu à la chanteuse triste. C’est pas ce que je suis forcément tout le temps, donc c’était chouette d’avoir autre chose aussi.

Silly Boy Blue @ La Nuit de l’Erdre – ©️ Laura Galland (@lauraglld_)
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