Dark Light

Dans l’imaginaire collectif de l’Allemagne musicale figure un nom féminin : celui de Nena, l’interprète du si célèbre 99 Luftballons. Le titre de 1983 a parcouru bien des générations et continue de marquer nos soirées. L’interprète de ce hit a pourtant bien plus dans son répertoire et l’a prouvé, ce samedi 2 novembre, pendant plus de deux heures de spectacle.

Les fans l’attendaient depuis dix heures ce matin, alignés dans le froid d’un samedi de novembre à Paris. Certains viennent de loin, les conversations en allemand dans la file d’attente en sont la preuve. Nena et ses quarante ans de carrière ont fédéré des dizaines de milliers de fans à travers le monde, dépassant de loin les frontières de l’Allemagne.

20 heures. Les lumières du Trianon, qui accueillait la partie “Pro” du MaMA festival il y a encore quelques semaines, s’éteignent. Un “N” géant orne le fond de la scène où les musiciens s’installent sous les applaudissements nourris d’une foule compacte et infatigable. Liebe ist est le premier titre et Nena apparaît, vêtue d’une veste rouge apportant une touche chaude à une scénographie assez sobre en termes de couleurs. Quelques secondes suffisent pour démontrer que Nena n’a rien perdu de sa voix.

Pendant plus de deux heures et vingt-quatre titres, l’artiste allemande propose un show éclectique et des tubes marquant les nombreux fans. Nur geträumt, joué très tôt lors du concert, est le tout premier morceau de Nena, lequel l’a propulsé rapidement en tant que superstar allemande. D’ailleurs, l’artiste s’essaie sans difficulté au français dans un show qui se veut trilingue avec l’anglais et bien évidemment l’allemand. Son titre Amour Candide, proposé en juin 2024, est au passage l’un des grands moments du début du concert : un morceau spécialement en français. Pour l’anecdote, derrière ces touches synthétiques et pop-punk, se cache tout simplement une réédition de Nur geträumt, pour célébrer les quarante ans de son premier album éponyme.

Dans une époque marquée par les nouvelles vagues musicales en Europe (Mecano en Espagne, Taxi Girl en France), Nena s’impose comme une icône germanique. A mi-chemin entre le punk de l’époque, les touches électroniques à la Kraftwerk et la pop fédératrice, Nena dépasse les codes des genres et offre au public des morceaux très différents, moins connus pour ceux qui se sont arrêtés à 99 Luftballons, de vrais tubes pour les plus grands fans. 

Laissant régulièrement la part belle à ses musiciens, Nena salue également son “plus jeune” fils que l’on retrouve aux claviers ! Ce dernier n’hésite pas à prendre également le micro, à l’instar de certains des dix musiciens (rien que ça) présents sur la scène du Trianon. Il y a difficilement de la place pour tout le monde, mais qu’importe. Notons d’ailleurs l’un des moments marquants : un duo chanté entre Nena et l’un de ses musiciens, derrière un rideau blanc s’imposant en devant de scène et créant un jeu d’ombres sur Genau jetzt, touchant titre datant de 2015, encore une époque musicale qu’a traversée l’artiste. 

Nena @ Le Trianon ©️Théo Delattre

Serait-il possible de terminer cet article sans citer l’indétrônable 99 Luftballons, joué quelques minutes avant un rappel d’anthologie ? Alors que ce ne devrait être une surprise pour personne, le morceau commence avec un grand lancer de ballons de baudruche dans le public. Sourire aux lèvres, les artistes présents sur scène prennent un plaisir inlassable à chantonner avec la foule les paroles connues de tous, même des non-germanophones. Surprise lorsque, quelques instants plus tard, le groupe reprend Hey Jude, classique des Beatles, en y incorporant les mots “99 Luftballons”, repris sans difficulté par un public ému, ne pouvant quitter la scène du regard. Rappel oblige, Nena revient avec ses compères pour interpréter – encore – quatre morceaux, avant de quitter la scène avec le classique Alles neu, traduire par “tout nouveau”. 

Cent-vingt minutes de bonheur et de rétrospective de la musique de Nena, mais pas que. Avec ce concert au Trianon, le public fait un réel voyage dans la musique d’hier et d’aujourd’hui, depuis la grande époque du punk et de la new wave à la pop des années 2010, en passant par les débuts des sonorités électroniques à la Depeche Mode. Un grand moment d’émotion qui peut se classer parmi les instants d’exception uniques, partagé avec une artiste qui, fin 2024, cumule encore près de six millions d’auditeurs mensuels sur Spotify.

Nena @ Le Trianon ©️Théo Delattre
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