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Molecule : “La musique jamaïcaine a joué un rôle fondamental dans mon parcours”

Rencontre avec Rémi, responsable communication de La Nuit de l’Erdre

Fêtons l’Humanité en septembre

Sombre Clair

Les voyages forment la jeunesse, dirons-nous. Ils forment aussi les grands artistes. Molécule offre un live original, tiré de toutes ses influences et de toute son histoire. Sa musique, il la puise de voyages, d’expériences, de rencontres. C’est de tout cela dont il nous parle lors de notre rencontre au Cabaret Vert.

Pour commencer, nous voulions parler de ton processus créatif, qui semble différent de celui de nombreux artistes. Tu as par exemple enregistré un podcast sur un bateau à Saint-Malo et tu es allé jusqu’au Groenland… As-tu un lien particulier avec la mer ?

Effectivement, la mer est un élément important pour moi, même si je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. En 2013, je suis parti sur un bateau pour composer de la musique en pleine tempête entre l’Islande et l’Écosse, puis je suis allé au Groenland, où j’ai découvert une version de la mer plus glacée. En 2017, j’ai travaillé sur un projet à Nazaré autour de sa fameuse vague géante, et aussi lors du Vendée Globe, une course à voile autour du monde. Il y a deux ans, j’ai même enregistré sur un phare hanté. C’est au fil de ces projets que j’ai réalisé à quel point la mer était un thème récurrent dans mon travail. J’ai alors commencé à me questionner sur cette attirance. Je pense que la mer me fascine pour plusieurs raisons : elle se situe à la frontière du conscient et de l’inconscient, elle est mystérieuse et instable, offrant des couleurs et des états toujours changeants. Cela la rend très inspirante. Il y a aussi quelque chose de profondément mystérieux, comme un appel vers l’inconnu, une quête qui répond aux grandes questions de la vie.

Comment trouves-tu ces lieux ? Est-ce que c’est toi qui les cherches ou est-ce que ça se fait au gré des rencontres et des propositions ?

Cela fonctionne surtout par intuition. Je ressens que tel ou tel lieu a quelque chose à révéler, une émotion ou une expérience unique à offrir. Les projets que j’entreprends sont souvent lourds à organiser logistiquement. Une fois l’intuition de départ confirmée, il faut trouver l’organisation, les équipes pour partir. L’image est également essentielle pour moi. Je tiens à travailler avec quelqu’un qui puisse capturer des images afin de témoigner des endroits où la musique a été créée. Cela permet de créer des concerts immersifs en live 360°, des clips, et tout ce qui accompagne un album.

Comment arrives-tu à représenter ces thématiques de la mer et du voyage dans des festivals éclectiques comme le Cabaret Vert ?

Ce soir, je vais présenter mon dernier album que j’ai créé en Jamaïque. J’y ai collaboré avec des chanteurs légendaires de la scène reggae roots jamaïcaine, en mélangeant ces influences avec mes racines house de la French Touch. La performance tournera principalement autour des morceaux de cet album, avec quelques clins d’œil à mes projets précédents. Je n’ai pas de préparation spécifique, je suis en tournée en ce moment, donc je joue ma setlist habituelle. Chaque performance est unique, car j’interprète mes morceaux avec des synthés modulaires et mes machines, en fonction de l’ambiance et du public. L’objectif est de créer un moment spécial.

Comment as-tu réussi à fusionner la French Touch avec le reggae ?

Pour moi, mélanger ces deux genres a été assez naturel. La musique jamaïcaine a joué un rôle fondamental dans mon parcours, notamment grâce aux sorciers du dub comme King Tubby et Mad Professor, avec qui j’ai travaillé. À cela s’ajoutent des figures emblématiques de la French Touch comme Didier Falcone, Boombass de Cassius, et Étienne de Crécy, qui ont collaboré sur cet album. Après une décennie d’expérimentation, j’avais envie de faire un album plus simple et solaire, en réunissant ces deux grandes influences. Cela s’est fait de manière très spontanée et motivée par le désir de collaborer. Cet album est peut-être moins cérébral, mais il est plus lumineux et joyeux, ce qui se reflète dans mes performances en tournée. Ces moments de partage sur scène me donnent l’énergie nécessaire pour repartir en solitaire vers de nouvelles aventures, notamment dans le froid du nord dans les mois à venir.

Tu as également joué dans beaucoup de lieux insolites, similaires à ceux où tu crées ?

Oui, énormément. Par exemple, pour une performance avec Cercle, j’ai joué dans un igloo aux Arcs, pour la sortie de mon album -22.7°C au Groenland. J’ai aussi joué dans des bases de sous-marins et des grottes. Cela dépend des opportunités et des sollicitations des festivals. En tant que musicien, on dépend aussi des organisateurs. On est invité à jouer ici ou là, et on accepte selon l’humeur du moment.

Quelles sont tes inspirations musicales ?

Mes inspirations viennent surtout de légendes du rock. Je suis un grand fan de Pink Floyd. Dans la musique électronique, j’ai été marqué par le premier album des Daft Punk, Homework, dans les années 90. Je suis aussi de la génération grunge avec des groupes comme Nirvana et Pearl Jam, ainsi que du courant trip-hop avec des artistes comme Tricky et Massive Attack. À partir de ces influences, j’essaie de tracer mon propre chemin.

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