Du mercredi 16 au vendredi 18 octobre 2024 s’est tenue la quinzième édition du MaMA Festival, rendez-vous incontournable d’un public de passionnés, des professionnels de l’industrie musicale et des artistes de demain. Retour sur 3 jours pluvieux mais heureux au cœur de Paris.
Article coécrit avec Théo Delattre
Des salles mythiques en effervescence
Tout habitué du MaMA le sait : cette convention, qui se démarque des festivals traditionnels, se vit tout autant dans les salles que dans la rue ou dans les bars attenants. Car le MaMA, c’est d’abord plus de 100 concerts, tous registres confondus, répartis dans 10 salles les plus mythiques de la capitale, rangées entre les boulevards de Clichy et de Rochechouart.
Convention le jour, festival la nuit, les professionnels de l’industrie musicale ou les fans d’un artiste en pleine ascension se retrouvent volontiers autour d’un verre à la Cantine de la Cigale, avant d’aller se déhancher sur la piste de la Machine du Moulin Rouge ou de la Boule Noire. Et l’édition 2024 ne déroge pas à la règle, même la pluie – Paris étant en alerte orange aux inondations le jeudi soir – n’a pas entaché la motivation d’un public venu dénicher les futures pépites de la scène musicale française.
Authenticité et diversité des styles, maîtres-mots de la programmation
Le MaMA se distingue par sa volonté de mettre en lumière des talents émergents, sans nécessairement privilégier les têtes d’affiche nationales ou internationales : c’est précisément ce qui en fait sa force. En se concentrant sur la découverte et l’émergence de nouveaux talents, le MaMA est un véritable tremplin pour les artistes qui feront la scène de demain. Là où les festivals traditionnels accueillent un grand nombre de stars déjà établies, le MaMA est l’un des événements qui les façonne.
De par sa programmation éclectique, le MaMA attire des publics tout aussi larges et variés.
Difficile de faire des choix alors que plusieurs artistes – dont le nom est souvent encore inconnu, jouent en même temps. Par exemple, mercredi 16 octobre, il faut faire un choix entre Kids Return, pépite indie du producteur À Gauche de la Lune croisée à Solidays en 2023, ou Léman, chanteur reconnu via The Voice aux textes percutants. Notre cœur nous emmène à la Boule Noire où Léman entre en scène pendant près d’une heure au cours de laquelle il parle avec émotion notamment de l’industrie musicale et de la difficulté de s’y faire une place. Sa présence scénique laisse imaginer un très beau début de carrière, mais surtout le début de nouveaux projets plus conséquents. Serait-il surprenant de le retrouver, à la manière d’Hervé en 2024, sur les affiches des festivals 2025 ?
Même son de cloche lorsqu’il faut se décider entre Carla à la Boule Noire et Please à la Cigale. La première se démarque, après avoir écrit pour Mika ou Louane, par sa voix et ses textes. Please rappelle l’émotion de la musique de Supertramp et conquiert la salle de la Cigale, pleine à craquer. En même temps, quelques minutes auparavant, RORI enflamme la même scène. Déjà en tête des charts belges et canadiens avec son titre Docteur, l’artiste pop-rock francophone a brillé sur la scène de Lana del Rey, un mercredi de 2024 à Rock en Seine, et prépare son petit bout de chemin. C’est peut-être elle la révélation du MaMA de cette année. Va t-elle suivre un parcours à la Angèle, venue seule avec son piano en 2017 à Pigalle, quelques années plus tard sur la scène de Coachella ?
Continuons avec un voyage en plein coeur de la Belgique : The Haunted Youth propose un voyage musical en plein coeur de l’indie rock. Leur titre Coming Home résonne encore dans nos oreilles comme un moment enivrant, expulsant en dehors de la salle parisienne toutes nos émotions négatives.
Le jeudi soir, Théa marque les esprits lors d’un show puissant et dynamique dans le pur registre emo-pop, captant l’attention d’un public déjà chauffé par la performance de Soft Loft auparavant. L’énergie vibrante et bienveillante de l’artiste, qui a parfois du mal à proposer un show linéaire dans son genre musical, s’ajoute à une succession de groupes électriques, notamment Servo et Johnny Mafia, qui lui ont succédé plus tard dans la nuit. Ce dernier groupe, dont l’album 2024 : Année du dragon a été rendu possible grâce au talent de Francis Caste, promet de briser encore plus de barrières musicales. Avec des mélodies accrocheuses et une présence scénique indéniable, Johnny Mafia a parfaitement clôturé la soirée à la Machine, tout en confirmant son futur statut d’icône du rock indépendant français.
Enfin, Martin Luminet et les Astral Bakers ont parfaitement incarné la mission du festival de révélation des talents en devenir. Martin Luminet, déjà remarqué aux Francofolies en 2023, a offert une performance intense à la Cigale en mêlant pop mélodique et mélancolie. De leur côté, les Astral Bakers, qui ont précédé RORI dans cette même salle, ont enflammé le public avec leur rock-métal cinglant et leur jeu de scène unique.
Le MaMA Festival, lieu d’effervescence et de passion pour la musique, a une nouvelle fois confirmé son statut de pépinière de talents en rassemblant passionnés, artistes émergents et professionnels de l’industrie musicale. Cette quinzième édition a illuminé les salles les plus mythiques de Paris et a de nouveau souligné l’importance de soutenir la créativité et l’originalité musicale. Cette recette indéniable permet l’ouverture d’un espace où innovation et authenticité prennent le pas sur la notoriété des artistes. Aucun doute, le MaMA est, et restera, le tremplin des étoiles montantes de la scène francophone.