Depuis plus de dix ans, Kadebostany s’est imposé comme une entité musicale à part. Fondé par Guillaume, autoproclamé Président de la République de Kadebostany, ce projet helvète hybride électro-pop s’est illustré sur la scène internationale grâce à des tubes comme Castle in the Snow (rendu célèbre grâce à The Avener) ou leur reprise iconique de « Crazy in Love ». De leur passage à Solidays en 2014 à leurs concerts parisiens plus récents, le groupe a su cultiver une identité visuelle et sonore unique, percutante et marquante. Le 1er avril, c’est au Trabendo qu’ils ont offert une performance magistrale.
Avant que les lumières de la salle ne s’éteignent sur la magique salle du Trabendo, lieu de toutes les pépites musicales, trop peu connues chez nous mais bien ancrées par-delà les frontières, Cobalt entre en scène. Cette première partie résonne dans les oreilles d’un grand nombre d’auditeurs : l’artiste a su faire sa place dans le paysage grâce à sa prestation à La France a un Incroyable Talent et son titre Trop Tôt. Seul sur scène, le sourire en coin tout du long et la guitare sous le bras, Cobalt nous charme à chaque instant et nous transporte dans son univers, ses sentiments et ses émotions. Sa reprise de Corps de Yseult a capella est également à mentionner, tant elle est forte d’émotions. Le lendemain, c’est en première partie de Pierre Garnier qu’il se présentera.

Peu après, nous traversions les frontières, direction la République de Kadebostany. Pour l’occasion, quoi de mieux que l’hymne officiel, The National Anthem of Kadebostany ? ’immersion est totale. Le groupe instaure immédiatement son ambiance cinématographique, entre orchestration grandiose et minimalisme électronique. Les musiciens, trombone et trompette, entrent rapidement en scène après l’arrivée de Guillaume de Kadebostany, avant qu’un premier micro ne soit saisi par une voix puissante sur Early Morning Dreams. Hey! met ensuite rapidement tout le monde d’accord.
Notre chanteuse n’est pas seule à la voix. Un autre interprète, parisien en plus, rejoint la scène. Quoi ? Une deuxième chanteuse ? Le gouvernement de Kadebostany est au complet sur la scène du Trabendo. Parmi les moments forts, on retiendra l’interprétation poignante de Save Me, véritable claque émotionnelle, ainsi que l’incontournable Mind if I Stay, toujours aussi envoûtant en live. Les. Drapeaux de la république sous le bras, les interprètes de Walking Away montent sur des plateformes tournantes, micro sur pied.

L’atmosphère est à la fois indescriptible et hypnotique – peut être notre moment le plus marquant du concert. Le public a également eu droit à une magnifique reprise de Crazy in Love de Beyoncé, revisitée dans un mélange subtil de tension et de sensualité. La seconde moitié du concert a alterné entre mélancolie et puissance avec I Wasn’t Made for Love et Castle in the Snow, interprété par l’une des chanteuses en plein milieu du public, avant l’explosion de Take Me to the Moon et Wild in Secret, des morceaux qui ont transformé la salle en véritable dancefloor.
Pas de rappel conventionnel pour Kadebostany. Guillaume au français parfait (étant suisse) prend le micro, explique que « normalement, on sort, on boit un coup, et vous, vous criez – vous nous attendez – vous applaudissez ». Premier rappel avec Tears are Salted, Purple Sugar Kiss et une intense version de Walking with a Ghost, presque complètement transformée, la voix est seule guide nous permettant d’identifier le titre : peut être une version plus similaire nous aurait replongé dans de plus grands souvenirs. Mais, découvrir cette nouvelle version en live a de quoi nous transporter, et surtout, nous créer de nouveaux nombreux souvenirs.

Alors que nous pensions que, après plus d’une heure et demie de show, le concert allait vraiment se terminer, le groupe nous offre un ultime rappel, demandant même l’autorisation à la salle, pensant même qu’il était l’heure du curfew. Que nenni, commence Euphoria, titre trop rarement entendu sur scène – quel bonheur !
Ce concert au Trabendo s’inscrit dans la lignée des prestations marquantes du groupe, et nous replonge directement à leur genèse : la première tournée était, à l’époque, passée par Solidays. Dix ans plus tard, l’amour de la formation est toujours aussi sincère. La musicalité a évolué, s’est démultipliée. Les émotions, elles, n’ont pas changé. Une chose est sûre : une date à Paris pourrait bien se faire attendre, du moins, c’est le souhait du groupe et de son public.