Sombre Clair

En plein coeur d’une tournée des festivals marquée par quelques annulations suite à de mauvaises conditions métérologiques, Caravan Palace arrive en force à La Nuit de l’Erdre, un jour ensoleillé de juillet. Malgré une chute récente de Zoé, chanteuse du groupe, l’obligeant à rester principalement assise, le groupe entraine une foule nombreuse. Rencontre avec Arnaud et Charles, membres de Caravan Palace.

Vous êtes sur la scène de La Nuit de l’Erdre pour présenter l’album Gangbusters Melody Club. Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?

Arnaud : Là, c’est un peu le début des festivals d’été, c’est cool. Il y a eu quelques annulations, le temps a été un peu difficile sur quelques festoches, mais là aujourd’hui, je pense qu’on a de la chance et la saison est lancée.

Charles : On a déjà eu deux annulations sur sept ou huit festivals. C’est pas génial comme pourcentage. Mais on vient de se faire une semaine de festival où il faisait beau, donc on aimerait bien que ça continue.

Jusqu’à présent, comment sentez-vous la relation avec le public sur scène quand vous montez dans les festivals éclectiques comme aujourd’hui ? 

Arnaud : Elle est assez bonne ! Bon, on est pas un groupe superstar, il y a souvent beaucoup de gens qui découvrent. Mais ouais, je crois que l’accueil est plutôt bon. 

Charles : Je crois qu’on a un set qui est bien pêchu et bien sculpté pour du festival.

Caravan Palace @ La Nuit de L’Erdre – ©️ Mathilde Baës
Quelle lignée avez-vous voulu transmettre dans l’album Gangbusters Melody Club ?

Arnaud : Pour les gens qui ne nous connaissent pas, on est un groupe qui mélange beaucoup de choses. Et concrètement un groupe d’électronique mais on mélange ça avec du swing, du jazz, du blues, de la soul, tout ce qui nous passe par la tête. Dans notre album précédent, nous étions un peu plus pop, avec des featuring vocaux, chanteurs, chanteuses, etc. Des formats un peu plus chanson. Et là, sur cet album, on s’est dit qu’on allait partir dans tous les sens et faire ce dont on avait envie avec des morceaux qui, on va dire en terme radiophonique, n’ont pas forcément de sens. Disons qu’en plein milieu du morceau, ça part sur autre chose et à la fin c’est encore autre chose. Mais c’était plaisant à faire ! Et puis bon, en tout cas, nos fans ont l’air contents. Donc c’est cool.

Cet album est très diversifié, effectivement. Comment avez-vous réussi à mélanger vos esthétiques tout en gardant une signature qui est très Caravan Palace ?

Charles : On met toujours un point d’honneur à mélanger évidemment le son électronique avec des sons vintage, mais on est ouvert à plein de styles musicaux. Donc on n’est pas que dans la house ou, je sais pas, dans le hip hop et tout ça, on aime bien aussi. Il y a des morceaux calmes, des ballades. Pour nous, c’est ça qui fait un album riche. C’est quand tu passes par plusieurs émotions.

Quand vous arrivez sur des festivals comme La Nuit de l’Erdre, de quelle manière vous arrivez à captiver les publics, pour réussir à mélanger un petit peu toutes les choses que vous avez fait, vos différents albums pour créer quelque chose qui soit finalement cohérent et qui entraîne tout le monde du début à la fin.

Arnaud : C’est toujours un équilibre un peu difficile. Il y a des groupes qui prennent le parti de jouer que leurs derniers morceaux, ça nous est arrivé de faire ça. Là, on fait un set où c’est vraiment les cinq des cinq albums de Caravan Palace qu’on joue. Après, c’est compliqué de faire un set pour les festivals, c’est un truc assez millimétré, il faut que ça monte, que ça redescende, que ça remonte un peu plus et ainsi de suite jusqu’à la fin où c’est normalement le point le plus haut, le climax. Après forcément, quand on fait un album, on se dit qu’il y a plein de morceaux qui vont fonctionner sur scène, on se met à les répéter, on se rend compte que pas du tout. Donc cela, on ne va pas les jouer. On adapte des vieux morceaux, parfois on les remet un peu au goût du jour, on les mélange avec d’autres, on s’amuse bien. C’est une épreuve qui est, qui est vraiment intéressante.

Caravan Palace @ La Nuit de L’Erdre – ©️ Mathilde Baës
Vous avez été couronnés de Platine aux USA. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?

Arnaud : On aime bien dire qu’on est un groupe qui court pas le 100 mètres, mais qui fait plutôt des marathons. Donc les choses en général sont assez assez lentes pour Caravan Palace. Donc on a l’habitude de s’habituer aux succès ou aux échecs, ce qui peut arriver également. On ne devient pas disque de platine en deux semaines quoi. En général, ça prend un peu de temps. Parfois on sort un album, bon ça marche pas trop, puis on sait pas pourquoi, six mois après, le truc se met à décoller. Ce qui a été le cas sur un de nos morceaux qui s’appelle Lone Digger, où on a fait beaucoup de beaucoup de vues sur YouTube, sans vraiment savoir d’où ça venait. C’est tranquille quoi, tu vois, on a le temps de gérer le succès et donc les échecs aussi.

Et en même temps, vous avez déjà un succès international, notamment aux Etats-Unis, qui fonctionne assez bien. La réception change beaucoup pour vous selon les pays ?

Charles : On nous pose souvent cette question, mais on ne voit pas forcément une grande différence entre les pays. Globalement, nos concerts se passent un peu partout. Les gens ont envie de se lâcher, de faire la fête. Après, c’est sûr que jouer aux Etats-Unis, c’est un peu un rêve de gosse, d’y faire une tournée. Donc ça a une saveur particulière. Mais on aime jouer partout en fait, où qu’on soit. On a joué en Corée il n’y a pas longtemps, public à fond, en Espagne, en Angleterre, c’était génial.

Concernant votre présence médiatique, on dit que vous êtes assez peu présents dans les médias. Qu’est-ce qui explique que vous acceptez plus facilement les interviews ?

Charles : Ah ben non, en fait on ne refuse pas forcément les médias, c’est juste qu’en France on n’a pas non plus un grand soutien médiatique !

Arnaud : Bon après, il faut reconnaître que les sur les réseaux sociaux etc, on est très mauvais (rires). Ça c’est sans appel. Non, non, mais après faire des interviews, pourquoi pas ? Après, on est assez pudiques, et du coup le truc de “vis ma vie de musicien” sur Instagram, on a un peu de mal. Mais bon, on essaye de progresser ! Mais bon c’est pas trop notre truc, ce qui est un peu regrettable de nos jours. Mais on s’en fait pas, c’est comme ça. 

Caravan Palace @ La Nuit de L’Erdre – ©️ Mathilde Baës
Quel est l’impact de vos réseaux dans votre progression ?

Charles : On a une grosse fanbase sur YouTube.

Arnaud : On est fort sur YouTube, mais c’est aussi parce que c’est un réseau où on n’est pas forcément amené à se montrer soi même, un peu plus avec les Shorts maintenant. Donc c’est plus autour de nos clips, on fait beaucoup d’animations, de trucs comme ça, où nous on est pas mis en scène. En fait ça nous arrange bien, mais par exemple sur Instagram on est un peu plus en galère. Mais c’est comme ça, on peut pas être bon partout ou mauvais partout d’ailleurs.

Ces dernières années, la musique fusion prend une importance de plus en plus grande, avec des artistes comme Worakls qui mélangent, par exemple, l’électro et la musique classique. Est-ce une aubaine pour vous ?

Charles : Hier, on jouait dans un festival de jazz par exemple, et quelqu’un m’a dit qu’il a découvert le jazz grâce à Caravan Palace. Donc y a un petit côté sympa à entendre ça. Bon, on a quand même pas inventé le jazz (rires). Mais c’est quand même assez flatteur de s’entendre dire ça, de faire découvrir des styles, refaire vivre un style qui a peut être un peu moins la côte en ce moment. C’est un truc qui nous plaît. Et mélanger des genres, si tu aimes deux styles de musique, c’est génial.

Caravan Palace @ La Nuit de L’Erdre – ©️ Mathilde Baës
Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux personnes qui pourraient vous découvrir en live ?

Arnaud : On invite tout le monde évidemment à nous écouter, à venir nous voir en live pour voir quelque chose d’un peu différent de tout ce qui peut se faire. On peut comprendre que ça plaise pas à tout le monde. Mais toujours est-il que c’est un peu différent de ce qu’on voit dans le paysage musical actuel. Rien que pour ça, je pense que si les gens sont curieux, ils peuvent être intéressés et à mon avis on peut les embarquer avec nous sur scène, avec notre set.

À lire également