Les adieux à la scène de Bagarre

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Photo : ©️ Roman Manciot

Le 4 décembre 2025 à La Cigale, nous disions Au Revoir à Vous à l’un des groupes qui a marqué la décennie, sur les scènes des clubs, des salles et des festivals. Non sans émotion pendant deux heures de show, les cinq membres de Bagarre ont tiré leur révérence. Retour sur une date unique pleine d’émotions.

La fin du collectif Bagarre était annoncée depuis le début de l’année 2025, avec un ultime EP — Nous étions cinq — et une tournée d’adieu pour clore le “club” qu’ils avaient créé. Qui aurait pu imaginer un tel concentré d’émotions ? Personne, pas même le groupe qui, même si la gorge pouvait être nouée dès les premières titres avec le meilleur de Musique de Club (Claque-le, Le Gouffre), assure dès les premières secondes. Premières secondes, d’ailleurs, qui rappellent directement le clip de Claque-Le. Nos cinq power-rangers en format acrosport sur leurs cubes lumineux sont là pour offrir un moment inoubliable. 

Sur chaque titre, les membres du groupe donnent le meilleur d’eux-mêmes et rappellent combien leur musique engagée et le club sont essentiels pour danser et pleurer. Dans le public, une sensation presque unique se partage. Peu ou pas de téléphones sans que le groupe n’ait à le demander, un public plus que jamais à fond – comme si chaque seconde se vivait comme la dernière. Ce soir, ces deux heures sont les nôtres, avant que le livre ne se referme et que les souvenirs prennent le pas. Chacun vit le concert comme il l’entend pour notre plus grand bonheur.

Bagarre, depuis 2012, enflamme toutes les scènes. Au début, c’était place de la Bastille, pendant une Pride ensoleillée et quelques amoureux éméchés découvrant le désormais très célèbre Bonsoir, nous sommes Bagarre. Ce fut ensuite les festivals, Solidays, Rock en Seine, les Charrues, les Eurockéennes… Une ultime date en festival lors de la Fête de l’Humanité 2025, devant des dizaines de milliers de personnes… Les scènes n’étaient pas toujours les plus grandes, mais les publics étaient très clairement parmi les plus intenses.

Ce soir, ce concert rend hommage à toutes les périodes du groupe, mais aussi aux membres dans leur intimité. Emma raconte que, étudiante aux débuts de Bagarre, elle est désormais maman, et son objectif, c’est celui d’inculquer les meilleures valeurs à son enfant. Boule dans la gorge, une nouvelle fois, pour elle comme nous nous. Puis une chanson pour tous les ex, DIE, avec Liv del Estal en invitée surprise, rien que ça. Puis Mus nous lance un ultime Kabylifornie. Un dernier slam. De derniers logos, qui ne se sont pas fait attendre, clairement. La Bête n’a pas eu à se faire prier pour scinder cette foule en deux

Si l’énergie est puissante, les émotions sont d’autant plus intenses. Peut être surtout pendant Peur de Demain, chanté en acoustique en plein milieu de la foule, guitare à la main. Majnoun parle quelques instants auparavant de la perte d’un membre de sa famille. De notre côté, dans le public, impossible de se retenir plus longtemps. Retour aux titres bien dansants, l’inévitable Diamant chanté par Emma seule sur scène se fait accompagner d’un millier de doigts d’honneur de haut en bas, le public sait pourquoi. Index à l’envers, majeur en l’air. 

 Une nouvelle fois, le groupe se rejoint au plein milieu de la Cigale interpréter le difficile Injuste. Repris par des murmures de l’assemblée, assise autour du groupe, sans téléphones, les yeux pleins d’émotions. Les applaudissements ne se calment pas, puis la fête reprend sur une scène complètement revisitée, hommage aux premières années du groupe, lorsque tout était joué live. Les membres du groupe reprennent leurs instruments, se font plaisir sur les titres les plus marquants de leur carrière, Honolulu, Béton Armé, Ring Ring, Danser Seul…. Deux heures de show, plusieurs drag Queens en invitées sur plusieurs titres… Les émotions et la joie sont palpables.

La Bête prend la parole pour parler de son couple, du besoin de plus d’ouverture d’esprit de ce monde et de l’histoire de son titre éponyme – véritable hymne à la bisexualité. La Bête est amoureuse, nous sommes amoureux·ses de la Bête. 

Puis, l’apothéose. Mourir au club prend une dimension plus intense que jamais : même si nous avons vécu ce moment auparavant et que nous savons la puissance live du morceau, ce soir tout est décuplé. Et que dire de la venue, quelques titres plus tard, de Thomas de Pourquery au saxophone ? Ou de l’ultime Au Revoir à Vous sous les confettis ? 

Si, dans cet article, la setlist n’est pas dans l’ordre, que les moments sont contés tel des morceaux de patchworks se voulant être le reflet d’une soirée unique, l’émotion du moment restera dans nos esprits à jamais. Bagarre, c’est douze ans d’amour avec un public, des milliers de personnes ayant grandi avec ces morceaux, des couples formés pendant des concerts. Des embrassades, des câlins, de la sueur, des souvenirs. Il ne reste de cette soirée que des images et des émotions, souvenirs précieux de magnifiques années musicales.

Au revoir à vous, Bagarre.


Le concert était annoncé “complet” depuis longtemps. La salle, prête, vibrait d’une attente particulière — tout le monde savait qu’il ne reviendrait pas. Lylo+2La Cigale+2

🎶 Une ambiance de “club-émeute” à ciel ouvert

La Cigale, ce soir-là, ne ressemblait pas à une salle de concert classique. Dès l’ouverture des portes, c’était la ruée des corps, des regards complices, des sourires nerveux. On sentait qu’on entrait dans un “club” — Bagarre l’avait toujours décrit ainsi : ni scène ni fosse, mais un espace hybride de fête, de mixité, de collision entre artistes et public. Lylo+2elyseemontmartre.com+2

Quand les lumières se sont éteintes, le collectif est monté sur scène. Pas de star unique : tous les membres du groupe jouent, chantent, dansent, se passent le micro — horizontalité totale, identité collective. L’énergie a frappé fort dès les premières secondes. sunburnsout.com+2Consequence Live+2

Le son — électro, pop, club — a submergé la foule : basses lourdes, beats impétueux, éclats de voix, effervescence. Le pogo s’est formé comme un mur mouvant, presque chaotique, mais porté par une communion réelle : pas seulement pour danser, mais pour partager un moment unique, intense, sans retenue.

🫂 Communion, souvenirs et utopie partagée

Bagarre n’a jamais été qu’un groupe : c’était un lieu, un ethos, un “club” d’utopie collective. Et ce soir-là, ce principe a trouvé sa pleine mesure. Sur scène, les musiciens ont alterné morceaux dansants, chansons plus profondes, instants de pause et regard vers le public — des regards lourds de sens, des remerciements, des sourires, de la sincérité.

Le concert a ressemblé à une immense fête d’adieu : nostalgie douce, exaltation, joie brute, mélancolie — tout entremêlé. Certains moments semblaient presque suspendus : des chansons chantées en chœur, des mains levées, des corps qui se serrent dans la foule, comme si on voulait graver la mémoire de cette soirée dans chaque respiration.

Et puis, la dimension politique et sociale, propre à Bagarre, s’est rappelée. Depuis ses débuts, le groupe a revendiqué une pop engagée, festive et libre — et ce final n’était pas qu’un “show”, mais un manifeste : le club, la fête, la communauté, l’amour, l’inclusion. elyseemontmartre.com+2TSUGI+2

🔚 Un adieu en apothéose

Quand les dernières notes sont tombées, ce n’était pas seulement la fin d’un concert. C’était la fin d’un cycle, d’une décennie d’insoumission et de danse, d’un monde qu’ils avaient construit à leur façon : sans compromis, sans hiérarchie, avec la rage, l’amour et la musique pour ciment.

La Cigale s’est tue, les lumières se sont rallumées, mais dans l’air, c’est un frisson collectif qui perdurait — celui d’avoir été là, ensemble, d’avoir vécu le dernier moment d’un club devenu légende.

Dans cette nuit de décembre, Bagarre a refermé la porte, mais ils ont laissé en héritage une utopie : celle d’un espace libre, où la fête est politique, la danse est résistance, et l’amour est radical.

Si tu veux — je peux essayer de retracer la setlist probable de ce concert (basée sur leurs morceaux récents + les récits de l’“avant-dernier” concert), pour imaginer ce qu’a pu entendre le public ce soir-là.

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