Comment te sens-tu juste après avoir joué ici, au Cabaret Vert ?
C’était cool, mais si c’était un show très tôt pour moi. On m’a dit qu’il a plu ici hier, mais aujourd’hui, il y a du soleil et les gens étaient vraiment sympa. J’ai passé un bon moment.
Il me semble que ce soit la plus grande tournée que tu aies faite en Europe et en Amérique du Nord ?
Je ne sais pas si c’est la plus grande tournée que j’ai jamais faite, mais on a fait les deux tournées l’une après l’autre. D’abord l’Amérique, puis l’Europe. On ne fait pas ça d’habitude. J’adore venir en Europe. L’ambiance est super, surtout en été. Voyager dans des pays différents chaque jour, c’est génial, surtout pour moi qui viens d’un grand pays avec une seule langue.
Ressens-tu des différences entre les pays d’Europe quand tu joues ?
Bien sûr, il y a des différences évidentes, comme la langue et la culture, mais en général, je trouve que l’énergie est similaire. J’ai beaucoup de chance parce que ce sont surtout de bonnes personnes qui viennent à mes concerts. Ce sont toujours des gens bienveillants qui célèbrent l’unité et l’environnement. Il y a une bonne ambiance partout où je vais. Cet esprit-là est présent dans tous les concerts, même si les cultures sont différentes.
C’est impressionnant de voir le nombre d’instruments que tu joues seul sur scène. Comment as-tu préparé ce spectacle pour montrer autant de ta personnalité musicale ?
Ça faisait plusieurs années que je jouais avec des groupes. J’avais cette envie de tourner en solo de nouveau, mais je ne voulais pas faire quelque chose de simple. Je voulais tout faire moi-même. Donc, on a petit à petit mis en place le système que j’utilise. Depuis toujours, j’aime jouer beaucoup d’instruments et faire beaucoup de sons. J’aime ce défi de créer une grande variété de sons tout seul.
Peux-tu décrire le drapeau que tu as sur scène, que l’on retrouve sur tes instruments ?
C’est le drapeau aborigène d’Australie. Le rouge représente la terre, le jaune le soleil qui donne vie, et le noir les personnes, les Aborigènes. L’Australie était à l’origine une nation aborigène. Les gens oublient trop souvent ça.
Freedom Sessions est ton premier EP depuis 25 ans. Pourquoi as-tu choisi de sortir ce format maintenant ?
J’ai commencé à composer des chansons chez moi. Je sors habituellement des albums tous les deux ou trois ans. Cette fois, j’ai enregistré plusieurs chansons sur une seule période, vers la fin de la période Covid. Les chansons parlent de la liberté et de ce que ça signifie pour nous. Le nom Freedom Sessions est assez logique.
World Order est un morceau en deux parties que l’on retrouve sur ton EP, chacune des parties représente le yin et le yang. Quelle était la réflexion derrière ces musiques ?
C’est un peu comme le yin et le yang, la lumière et l’obscurité. La première partie de la chanson parle de ces moments où on a l’impression de porter un poids sur nos épaules, que ce soit dans une relation, avec la famille, à cause du travail, ou d’autres choses personnelles. La deuxième partie, c’est ce sentiment d’exaltation, quand on se sent au mieux dans sa vie, comme si on volait. C’était un peu l’idée derrière ça.
C’est vrai que quand on écoute ta musique et tes paroles sur scène, on ressent beaucoup de bonheur.
Oh, c’est cool !
Comment souhaites-tu que les gens se sentent pendant tes concerts ?
Je ne me pose pas vraiment cette question, je fais juste ce que j’ai à faire. Si les gens aiment le show, alors je suis content. Ma musique parle de beaucoup de choses. Je vis dans la nature en Australie, près de l’océan en plein milieu de la nature. J’ai grandi loin des villes. J’écris beaucoup sur le monde naturel, à quel point je l’aime et combien on devrait le respecter. Je pense que les gens ressentent ça dans ma musique et quand je suis sur scène. C’est quelque chose de beau à célébrer. Le concert, comme je disais, c’est un peu un moment d’acceptation et de respect pour ce que l’on a, au lieu de se plaindre de ce qu’on n’a pas.
On connait tes valeurs, ton amour de la nature, de l’environnement. Comment rendre les concerts et les tournées plus respectueuses de l’environnement ?
L’industrie de la musique n’est pas vraiment respectueuse de l’environnement. On me demande souvent : tu es un activiste, un écologiste, comment réduis-tu ton empreinte carbone pendant tes tournées ? La vérité, c’est que je ne peux pas vraiment. Ce n’est pas un mode de vie durable, c’est ça tout le paradoxe. C’est aux festivals ou aux organisateurs de gérer ça. Mais une fois, j’ai joué dans un festival en Allemagne ou aux Pays-Bas, qui était alimenté par des vélos. Les gens du public pédalaient à tour de rôle pour alimenter la scène. C’était une super idée. C’était le festival le plus vert où j’ai joué.
C’est peut-être mieux, au final, d’organiser de grandes tournées et de savoir que les publics attendent que les artistes viennent près de chez eux… Ça peut limiter au moins les transports des publics.
On peut réduire notre impact là où on a un contrôle. Pour moi, la première chose à changer, c’est la quantité de plastique sur les événements. Il y a tellement de plastique, surtout les bouteilles d’eau. Ce n’est pas quelque chose de difficile à changer. C’était un sujet dont tout le monde parlait, puis le Covid est arrivé et on a un peu oublié cette thématique. Il y a beaucoup de frustrations dans le monde, et on en a tous. Ma musique est un endroit où j’aime célébrer toutes les belles choses qu’on a encore sur Terre. Parce qu’on vit à une époque où on peut encore profiter de belles parties de notre planète, et ce ne sera peut-être pas toujours le cas. J’écris de la musique pour rendre grâce et célébrer ça.