En quelques mots, peux-tu te présenter et dire un peu ce que tu fais sur cette année et un peu de manière générale ?
Je suis Nicolas Humbertjean, je suis attaché de presse indépendant, et je travaille sur le Cabaret Vert depuis sa première édition. Mon rôle, c’est les relations avec les médias à la fois pendant le festival, je m’occupe de faire rencontrer les médias avec les artistes, les organisateurs, les équipes, mais aussi en amont, en m’occupant de la promotion de l’événement auprès des médias.
Cette année, beaucoup de choses sur le festival ont changé, notamment au niveau des actions concernant le développement durable. Comment toi, tu as pu travailler pour communiquer sur ces choses ?
C’est important de communiquer à la fois concernant les nouveautés et le côté très pratique du festival. Évidemment, les médias sont des passe-relais pour les festivaliers. Nous communiquons ces informations pour que les festivaliers soient au courant de l’organisation, des nouveautés, comme par exemple la nouvelle entrée, mais aussi sur la programmation. Concernant les engagements du Cabaret Vert, il faut savoir que dès la première édition en 2005, le festival avait cette volonté de mettre en avant le territoire ardennais, notamment auprès des médias français qui ont toujours assez décrié ce département, parmi les plus pauvres de France. À l’époque, il n’y avait pas de scène de musiques actuelles. On ne parlait pas encore de développement durable, le but était surtout de mettre économiquement et artistiquement en avant les Ardennes, ce qui a perduré d’années en années. On a progressivement ajouté le terme de développement durable, on a même parlé à un moment d’éco-festival, bien que ce soit un engagement qui soit là depuis le début sur le Cabaret Vert. On cherche à donner des idées et des envies aux festivaliers d’appliquer nos engagements chez eux. C’est un festival vertueux, mais qui n’est pas parfait. Le but est de s’améliorer chaque année. C’est pour cette raison qu’à chaque édition, des nouveautés apparaissent. Pour la même raison, nous avons fait et communiqué sur notre bilan carbone en 2023.
Comment se passent tes missions à l’année ?
Évidemment, les équipes artistiques travaillent notamment sur la programmation musicale, car c’est avant tout la musique qui fait venir les festivaliers. De mon côté, je vais communiquer très en amont, dès la fin de l’année civile précédant le festival, ou en tout début d’année, sur les premiers noms de la programmation. On égrène ainsi la programmation au fil des mois avant le festival. Pas que la programmation musicale, d’ailleurs, car il y a aussi la programmation BD ou l’espace que l’on appelle l’Estaminet, où l’on retrouve des arts de rue, des thématiques liées au développement durable avec les tables rondes, les rencontres BD, les différents événements. Il y a pas mal de choses à présenter à travers les médias aux festivaliers. Ça fait déjà beaucoup de travail, et cela monte crescendo jusqu’au moment du festival au mois d’août.
Tu as commencé en 2005, bien avant l’arrivée des réseaux sociaux ou des billetteries en ligne. De quelle manière ton métier a évolué ?
Il y a plein de nouveaux supports avec l’apparition du web et des réseaux sociaux. Maintenant, on a beaucoup de demandes d’accréditation de ces médias web et de ces réseaux. Il faut s’adapter regarder un petit peu ce qui est fait, ce qui est intéressant. On a la chance en plus d’avoir un grand nombre de médias qui s’intéressent à cet engagement éco citoyen qu’est le festival. On va accréditer les médias dans ce sens. Après, il y a un travail d’analyse, voir si c’est pertinent qu’un média vienne sur le festival, on les aide aussi à travailler. C’est mon rôle auprès des journalistes, avec l’équipe des relations presse, de faciliter le travail des journalistes sur place, de les mettre en relation avec les représentants du festival et les artistes comme nous le disions.
Si on parlait de l’édition 2005, par exemple ? Toi, quand t’es arrivé, comment, comment ça s’est passé pour toi ?
J’ai ce petit rictus que tu peux voir (rires). 2005, c’était une toute première édition. J’étais pote avec Julien Sauvage, le directeur, qui était en stage dans le label de musique dans lequel je travaillais. Je suis pas ardennais à la base, je n’ai pas de lien avec le territoire initialement, mais on avait cette sympathie. Julien savait déjà emmener les gens et vendre son territoire. Donc moi, juste par sympathie, je l’ai suivi dans cette folle aventure et lui ai filé un coup de main, bénévole sur la première année. J’ai été agréablement surpris parce qu’il s’est entouré de beaucoup de bénévoles, de gens qui n’avaient jamais fait de festival, n’avaient jamais organisé. Cette première édition a duré deux jours avec un jour gratuit. Ça avait rencontré un vrai succès, même si je ne me souviens plus du remplissage. La journée gratuite a été très populaire. Les différentes institutions, dont la mairie et le département, ont vu qu’il y avait un réel intérêt et un réel impact sur le territoire. Progressivement, le festival a grandi. Je me rappelle justement quand on était avec Julien à ce moment-là quand on travaillait ensemble en label, on envoyait des fax, des courriers. Ça a bien changé, tout ça ! Le travail a bien été facilité, mais rien n’était impossible. Il y a des gros festivals qui ont 40 ou 50 ans d’existence et qui travaillent aussi très bien. Le Cabaret Vert a maintenant quelques années, mais il a commencé à une époque où il n’y avait pas autant de me médias, de réseaux sociaux. C’est marrant d’avoir vécu ça depuis le début.
On parle du Cabaret Vert, de ses valeurs, de sa programmation. Pour autant, le nom vient d’un poème d’Arthur Rimbaud.
Le nom du festival n’est pas lié directement au développement durable. Le Cabaret-Vert, c’est un poème d’Arthur Rimbaud, qui vient de Charleville. Julien et son équipe avaient envie de donner un lien avec ce côté poétique et cette figure de Charleville en cherchant un nom pour le festival. Le nom Cabaret Vert s’est imposé à lui. C’est notamment sa mère, prof de latin, très attachée aux lettres, à Arthur Rimbaud, qui a pensé à ce nom. Dans le mot Cabaret, il y a l’idée de fête, fête et après, évidemment, Vert rappelle le territoire des Ardennes. On est vraiment contents du nom, il correspond très bien à l’identité du festival.
Est-ce que tu as un souvenir ou une anecdote, d’un moment qui t’a marqué dans ton histoire sur le Cabaret Vert ?
J’ai toujours du mal avec ça, parce qu’en plus je confonds les années, sachant que ça fait 18 ans. Il y a eu beaucoup de moments marquants. Je peux citer l’année où Manu Chao est venu. C’est la première édition où on est passés sur quatre jours, il y a peut-être une bonne dizaine d’années. C’est le premier jeudi qu’on faisait, ça a été un vrai événement de faire venir Manu Chao avec en plus ce qu’il dégage, les valeurs qu’il défend aussi. Donc je me rappelle évidemment de cette édition-là. Après, tout dépend des sensibilités de chacun, mais moi je sais que l’année dernière, par exemple, le concert d’Enhancer, c’est un de ceux qui m’a le plus marqué alors que c’était pas une des plus grosses têtes d’affiche. C’était le retour de ce groupe-là qui me touche. Ils ont fait un super concert avec une énergie, une vraie envie, le smile parce qu’ils n’avaient pas joué ensemble depuis longtemps. On va garder des petits moments qu’on a appréciés de chaque édition. Tu vas en oublier certains, d’autres vont revenir plus tard. On a plein d’histoires sur chaque édition !