À l’aube de sa vingtième édition, le Cabaret Vert propose une programmation toujours aussi riche et un événement toujours plus vert. Cette édition 2024 est marquée par une météo très mitigée, mais aussi par un public présent et des exclusivités internationales. Retour sur la dix-huitième édition du festival ardennais.
Une forte programmation, modifiée jusqu’au dernier moment
Le Cabaret Vert réussit toujours le pari de proposer une programmation artistique riche et éclectique, adaptée à un public nombreux et de tous les âges. Cette année ne déroge pas à la règle et certaines exclusivités, à l’instar de Korn et de 21 Savage, sont au rendez-vous. Si deux des journées se veulent plus éclectiques, le vendredi se démarque avec une programmation presque exclusivement rap. À l’affiche : Shay, Ninho, Sch ou encore Kaaris, qui remplace au pied levé Meryl. Rarement sur la scène Illuminations, le Cabaret Vert n’avait vu telle énergie. Le dimanche est également marqué par une programmation plus rock avec des artistes tels que Shaka Ponk, toujours en tournée d’adieu, Mass Hysteria également croisés au Foin De La Rue, ou encore les légendaires Korn qui offrent un show renversant.
Cette édition 2024 est d’ailleurs marquée par des changements de programmation rythmant les semaines avant l’événement. Queens of the Stone Age ont été parmi les premiers à annuler leur venue, et n’ont malheureusement pas pu être remplacés. Ainsi, Fontaines DC se retrouve à jouer sur la scène principale, pour le bonheur de leurs fans. TIF a également quitté la programmation de l’événement. Il a rapidement été remplacé par le gagnant de la saison 3 de Nouvelle École, Youssef Swatt’s.
Malgré ces changements, le public est là, conquis par les cinq scènes du festival. Au total, plus de 107 000 festivaliers sont présents, ce qui fait de cette édition du festival la plus fréquentée de son histoire. Notons quelques moments forts, notamment ce concert de Justice. Comme à leur habitude, le show son et lumière est intense, l’énergie dans le public est là. La pluie tombée toute la journée depuis six heures du matin se stoppe, presque comme par magie, le temps de ce live à couper le souffle. Dans le public, c’est l’apocalypse. La boue ajouterait presque quelque chose à l’expérience, comme une sensation d’intensité, notamment sur des titres plus violents comme Stress ou Chorus. Difficile d’oublier ce moment hors du temps.
La scène Green Floor, instoppable
Plus loin dans la forêt, une autre scène marque les esprits : la Green Floor. Nichée entre les arbres, la scène propose principalement des DJ sets, à l’image de ceux d’Urumi qui a également retourné Solidays, ou de Molécule avec ses sons planants. Mention spéciale au show d’Irène Dresel : le décor floral offre une ambiance encore plus planante que le son des deux artistes présents sur scène. On en veut encore !
Également, la scène met en valeur les cultures rap. C’est ici que nous applaudissons Youssef Swatt’s, le remplaçant de TIF, mais aussi Kay The Prodigy et Cristale.
Un modèle plus vert
Cabaret Vert, voilà un nom qui laisse sous-entendre les valeurs du festival. Peu savent pour autant que ce nom vient d’un poème d’Arthur Rimbaud, né à Charleville. Malgré tout, dès la création de l’événement en 2005, le festival est pionnier en matière de développement durable. Par exemple, dès la première édition, les toilettes sont des toilettes sèches, bien avant que la plupart des événements passent à ce modèle.
En 2024, une vision collective s’est dessinée autour de l’avenir énergétique durable du festival, véritable modèle d’expérimentation au niveau national (voire européen ?). Julien Sauvage, directeur du festival, a ouvert les échanges en soulignant l’importance de cette transition : « Après avoir travaillé sur la sobriété énergétique, nous entamons une nouvelle phase décisive en orientant notre stratégie vers une décarbonation totale de l’énergie d’ici 2030. Le projet que nous lançons aujourd’hui s’inscrit comme un modèle d’expérimentation pour lancer un programme ambitieux dans les années à venir. »
Également, Stéphane Flandre, directeur d’Initial Expertise, entreprise partenaire du projet, a alors présenté le mix énergétique qui sera créé à partir de 2025 et qui permettra au Cabaret Vert de produire de l’énergie utile pour les 4 jours du festival :
- – L’installation de la haute tension,
- – L’installation de panneaux photovoltaïques,
- – La réhabilitation de la turbine hydroélectrique présente sur le site de La Macérienne.
Toutes ces installations combinées au fort ancrage territorial du Cabaret Vert permettent alors d’aller encore plus loin dans ce projet et d’envisager de créer une boucle d’autoconsommation énergétique :
« Ce projet d’autoconsommation collective serait au service de l’autonomie énergétique du festival mais permettrait aussi à cette communauté d’acteurs de produire et consommer ensemble une énergie locale et renouvelable 365 jours de l’année. »
Un modèle unique, rappelant les engagements du Cabaret Vert et sa vocation, loin du greenwashing qui pourrait être le premier mode de pensée des festivaliers, sachant l’énergie consommée par un festival de l’ampleur de ce dernier.