Le mois de juillet est chargé en festivals. Parmi l’une des semaines les plus intenses, Au Foin De La Rue se tiendra les 5 et 6 juillet 2024. Nous avons rencontré Laura Violette, responsable communication, qui nous révèle les secrets de cet événement, éthique et éclectique, qui convainc des milliers de festivaliers depuis vingt-trois éditions.
Pourrais-tu te présenter ?
Je suis Laura Violette, je travaille pour Au Foin De La Rue depuis un an maintenant. Je suis chargée de la communication, des relations avec les partenaires. Je suis également référente prévention sur le festival.
Au Foin De La Rue est un festival éthique et éclectique. Quelles sont les valeurs que vous défendez et comment le faites-vous ?
Depuis nos débuts, nous sommes un festival associatif. Nous sommes quatre à cinq salarié.e.s à l’année, avec des stagiaires et des alternants qui viennent renforcer les rangs. Le cœur du projet reste nos bénévoles qui s’engagent. Ils sont plus d’une centaine sur l’année. C’est cette diversité de personnes qui donnent de leur temps, qui fait que l’accès à la culture pour tous et toutes a toujours été un axe hyper important, surtout dans un milieu rural.
Le festival a été créé au début des années 2000. À l’époque, l’aspect musiques actuelles était assez peu développé. Nous étions au tout début des SMAC. Nous voulions faire venir des artistes de musiques actuelles dans des secteurs isolés et faire résonner cette identité rurale. Dans cette dynamique d’ouverture et d’éducation populaire, l’association a fait le choix de s’ancrer dans le développement durable. Il y avait aussi l’aspect accessibilité, ce qu’on appelle chez nous, “avec accès pour tous et toutes”, avec l’enjeu d’impliquer les anciens et les anciennes. C’est là où ça a commencé, cette démarche d’inclusion, c’était avec l’EHPAD de Saint-Denis de Gastines. Ça a fait un effet boule de neige, les bénévoles se sont saisis de la question des différents handicaps pour justement travailler pour le plus d’inclusion possible. Enfin, on va travailler sur des sujets hyper importants, par exemple la lutte contre les risques en milieu festif.
Vous proposez donc une programmation elle aussi éclectique. Comment ces choix permettent de proposer une programmation qui soit éclectique, qui parle à tout le monde ?
Nous avons un programmateur qui travaille avec nous tout au long de l’année. Également, nous avons une commission de programmation composée de bénévoles. Les deux sont complémentaires. Le programmateur a la connaissance des réseaux de musiques actuelles. C’est grâce à lui que nous avons eu, par exemple, Zaho de Sagazan sur la Grande Scène l’an dernier, qui aujourd’hui explose partout en France et qui a fait un show incroyable. C’est lui qui va faire toutes les démarches pour négocier les contrats. Et du coup, cette commission de programmation, qui est bénévole, est mixte et paritaire, entre 22 et 50 ans. C’est un beau mélange de genres et d’esthétiques. Ce sont des gens qui sont potentiellement susceptibles d’aller en concert et qui connaissent l’histoire du festival. Par exemple cette année, Deluxe revient pour la troisième fois. Il y a ce truc de dire qu’en 2014, ils étaient chez nous sur la petite scène et qu’ils sont revenus en 2017. C’est aussi quand un groupe quatre concerts chouette en concert, ça, c’est aussi avoir cette expérience. Nous travaillons à ce que des groupes qui ne viennent pas souvent dans notre territoire puissent y jouer.
De quelle manière les artistes que vous programmez se retrouvent dans les valeurs du festival ?
C’est le programmateur qui va porter ce discours. Ces aspects peuvent être un levier, sachant que nous n’avons pas d’aussi gros budgets que certains festivals. Quand ça prend auprès des artistes, c’est super chouette parce qu’on voit qu’il y en a qui sont sensibles à ça. Par exemple, depuis dix ans, on travaille avec les Mains Baladeuses qui font du chant en signes sur certains concerts, ce qui a permis de super belles rencontres. Certains artistes, avant leur show, ne savaient pas qu’ils allaient être chant-signés, et c’est aussi pour eux une super découverte.
En dehors de la programmation artistique du festival, quelles sont un peu les activités que vous allez proposer, qui peuvent aussi faire partie de l’expérience un peu plus immersive du festival ?
La journée de samedi est gratuite et s’ancre dans la dynamique de faire vivre et d’impliquer le village de Saint Denis de Gastines. On va avoir dès le matin des initiations à différentes pratiques sportives ou artistiques. On a du hula hoop, du graff, de la magie, des DJ sets, des fanfares, de l’art de rue… On va proposer cette offre gratuite pour nos campeurs, pour les festivaliers et festivalières, mais aussi pour les publics qui ne viendraient pas spécialement au festival. Les jauges sont réduites et plus tranquilles. Ces moments permettent de diversifier et de créer une dynamique de découverte de nouveaux artistes.
Dans une époque où la course aux têtes d’affiche est plus compliquée, ces activités permettent aussi d’attirer un autre public autour du festival et de le faire vivre d’une autre manière ?
Déjà, ça nous permet de diversifier notre offre culturelle tout en créant des relations avec les voisinages, qui sont impliqués dans l’événement. Le festival est très dépendant du territoire où il va s’implanter, mais aussi des riverains et de la municipalité avec qui on a de très bons rapports. Avoir cette proposition là, c’est aussi en fait de travailler à une image plus familiale de notre événement et à un accès à la culture pour tous.
Au Foin de la Rue se déroule en même temps que d’autres festivals français, dont Beauregard, la Nuit de l’Erdre, Le Main Square et les Eurockéennes. Comment se démarquer pour que le festival affiche complet ?
Nous sommes sur le même weekend que plusieurs festivals depuis des années, le choix pour les festivaliers existe depuis longtemps. Nous ne cherchons pas à attirer un public qui vienne de toute la France, notamment pour justement limiter au maximum les déplacements des festivaliers et donc leur impact. La taille de notre événement nous permet de proposer des tarifs plus faibles, ce qui nous rend de facto concurrentiel. Le territoire de la Mayenne est assez conquis par notre événement, un attachement s’est créé tout au long des années. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence et souhaitons la réussite de tous les événements. Nos affiches apparaissent à côté d’autres festivals, on s’assure que tout le monde ait sa place car les envies de chaque festivalier potentiel sont différentes.
Comment tu te retrouves, personnellement, dans les valeurs du festival ?
Ça a été un changement de vie car je ne suis pas originaire de la Mayenne, je suis plutôt de la région parisienne. J’ai changé de vie pour me retrouver dans un vrai projet associatif et avoir un vrai impact sur cette dynamisation du territoire, pour faire vivre un événement culturel qui rassemble plein de gens, sur ce côté très festif. Et bien sûr, effectivement, tout l’axe durable axé pour tout ceci et la prévention pour lequel je suis très sensible.