SUN, en révélation au Printemps de Bourges, est loin de vivre un début de carrière. Présente sur la scène musicale depuis longtemps, SUN est à tout chanteuse, actrice au cinéma et au théâtre. Ses premières parties de Shaka Ponk lui ont permis d’assoir sa notoriété avec ce nouveau projet et un style bien particulier : le Brutal Pop.
À quelques jours du Printemps de Bourges, comment te sens-tu ?
Je suis très contente d’enfin y jouer ! Ça fait pas mal de temps que je fais de la musique et que je voulais y participer car c’est une belle vitrine. Ce festival peut toujours paraître un peu étonnant, notamment avec le côté pro et le fait que l’on joue dans des lieux qui ne sont pas forcément prévus pour. Il faut aussi montrer ce que l’on sait faire, en tout juste vingt minutes. Donc ça crée des petits imprévus (rires). En fait, je me suis pas rendue compte que ça venait aussi vite car j’ai vraiment eu deux années super speed. La semaine dernière, j’étais sous -5 degrés à Tallinn, aujourd’hui je suis à Genève, j’interviens avec l’Orchestre de Genève qui m’invite pour faire un répertoire. Donc je n’ai pas vraiment vu le Printemps venir !
Sachant que tu fais aussi du cinéma et du théâtre, comment tu as préparé ce show, en plein milieu de tout ce programme ?
Sur ce genre de format en showcase, tu ne peux pas amener tout ce que tu as, je n’ai pas pu avoir une immense préparation. En plus, c’est toi et ta prod qui prennent en charge tout ça. Pour moi, ce qui est important, c’est de pouvoir synthétiser ce que je sais faire. Je ne peux pas tout montrer, mais je peux présenter l’essence qui fait que tu as compris. Le fait de faire du théâtre aide à synthétiser et à savoir faire des trucs avec rien. Je ne souhaite pas arriver avec un gros backdrop, une grosse scéno, mais plutôt être là avec mes costumes et mes musiciens, et que le son soit le meilleur possible. Rien que ça, c’est déjà gagné, vaut mieux ça que de venir avec un backdrop, de stresser, d’avoir toute une scéno, et au final le son est pourri.
Tes tenues sont à chaque fois différentes. Ce sont des envies du moment, ou une réflexion sur du long terme ?
C’est plutôt une réflexion de base que je décline constamment. J’ai bien réfléchi à mon image de scène et à ce que je voulais. J’essaie de toujours porter quelque chose de différent, ça m’aide notamment sur mes réseaux sociaux. On ne peut pas trop avoir une seule tenue de tournée sinon le contenu est toujours le même. Parfois, je travaille avec des créateurs, mais parfois, je trouve des pépites en friperie. C’est toujours fait un peu au fur et à mesure, mais toujours sur cette ligne directrice.
De quelle manière utilises-tu tes dates, comme le Printemps de Bourges pour amplifier ton audience, notamment celle sur les réseaux sociaux ?
J’ai déjà pas mal entamé ma carrière et j’ai du public dans plusieurs pays, notamment car je suis franco-allemande. En ce moment mon audience grimpe car j’ai fait les premières parties des Shaka Ponk dans les Arenas. Je n’ai jamais eu autant de streaming et ça amplifie beaucoup la fanbase. Concernant le pro, en France, c’est assez important d’expliquer son projet, notamment à ceux qui sont à la programmation. J’ai inventé mon style que j’appelle Brutal pop, c’est littéralement devenu ma marque. Il faut que les programmateurs viennent voir, et en cela les événements comme le Printemps sont nécessaires. C’est parfois plus difficile d’avoir cette proximité lorsque tu invites des programmateurs sur une date à paris par exemple.
Tu as fait beaucoup de premières parties, dont Shaka Ponk et Jeanne Added. Sens-tu que tu fais partie d’un mouvement artistique en France ?
Avec Poni Hoax et Jeanne Added, c’est quand je faisais encore Caroline Rose, quand c’était encore un projet qui s’appelait comme moi je m’appelle vraiment. Mon nom artistique est SUN depuis 2017 et c’est un projet qui me correspond à 100 %. Je viens de la classe moyenne de base et j’étais une enfant assez seule, je n’ai pas eu trop d’entrées dans le milieu, j’ai du me créer ces entrées. J’ai fait la présélection de l’Eurovision en Allemagne, mais aussi The Voice en France en 2013. Et finalement j’ai été repérée par Babx qui m’a menée à Jeanne Added qui m’a mené à Dan Levy. Je sais pas si c’est un mouvement, mais je sens que je fais partie d’une team d’artistes ou de gens qui se sont retrouvés à Paris au même moment et qui ont fait plein de choses. Je me suis retrouvée dans des pièces de théâtre organisées avec Camélia Jordana, on jouait La Bohème de Puccini. En même temps, je viens aussi du monde du metal. C’est difficile de me dire que j’appartiens à cette clique parisienne que j’adore, qui sont des gens incroyables, dont je suis super fan. J’ai aussi connu la scène brutal death metal de Paris, et en même temps, je n’en fais pas vraiment partie non plus parce que je suis totalement girly et j’adore la pop. Je trouve qu’il y a quand même un beau noyau d’artistes qui se soutiennent quel que soit le genre.
Tu proposes le Brutal pop, le genre que tu as créé, et as sorti deux EP de ce nom. D’ailleurs, tu dis que Brutal Pop 2 t’es beaucoup plus personnel. Est-ce que tu sens qu’il te correspond encore plus ?
Oui, complètement. C’est Dan Lévy qui a produit le premier EP et c’est très bien. À l’époque, j’avais besoin d’aide. C’est assez vertigineux de dire que j’ai un truc qui s’appelle Brutal Pop, qui mélange deux genres qui paraissent incompatibles à première vue, en plus à ma façon. Avec le deuxième EP, je voulais me prouver que je savais produire. J’ai d’ailleurs travaillé avec un ingé son qui s’appelle Andrew Scheps, qui est le plus grand ingé son de tous les temps. Pendant le processus, il devait mixer. Je lui ai parlé de mes choix de production, et il m’a prouvé que je devais foncer, d’arrêter de faire genre, de produire mon propre EP. Pendant qu’on parle d’ailleurs, je finis mon premier album. Je remarque que là où, pour moi, il n’y avait pas de problème de prod jusqu’à présent, avec le recul, il y a des choses qui me chagrinent. En fait, j’ai toujours aimé produire, mais c’est un monde aussi très masculin, si t’as une façon de travailler qui est pas tout à fait dans les codes et que tu ne connais pas exactement tous les aspects techniques de la chaîne, il y a un petit côté qui peut être intimidant. Et maintenant, j’ai dépassé ça.
Sur cet album à venir, tu vas encore plus loin le Brutal Pop ?
Je pense. Depuis toujours je me suis dit que j’allais faire mon premier album assez tard. Vu que je me fais moi même, sans vouloir être startup nation, je voulais être sûre de moi avant de le lâcher. J’ai gardé plein de titres qui me tenaient beaucoup à cœur, ce qui m’a fait mal pendant des années. Cet album va être vraiment très émotionnel pour moi. L’idée, c’était d’aller plus loin dans le metal et dans la pop, tout en gardant toujours quelque chose de très cohérent et tout en ouvrant davantage là où ça pouvait être un peu timide. Je vois que le public est réceptif, et j’ai été rassurée sur ça. Ça va être vraiment, vraiment très Brutal Pop.
La réception de ta musique est-elle la même dans tous les pays où tu joues ?
C’est très différent selon les pays. Après, globalement, c’est un peu la même réaction partout. Quand c’est la première fois, les gens sont d’abord surpris, il y a un petit temps d’adaptation, ils se disent « la princesse vient de faire quoi ? » Après, chaque pays est différent. Depuis la sortie du COVID,, j’ai été au Japon, au Laos où ça s’est trop bien passé. Il y avait même un groupe de première partie qui était super véner. J’ai halluciné. J’ai été en Espagne, au Portugal, en Suède, en Estonie, en Angleterre, en Bulgarie, en Roumanie. D’ailleurs en Roumanie j’étais dans un festival, j’ai joué devant des petites meufs aux cheveux lissés, petit jeans. Elles étaient à fond ! Je m’y attendais pas du tout. En tout cas moi, ce qui me fait plaisir et c’est pour ça que je le fais à plein temps maintenant, c’est que ça plaît partout. Je sais que je suis soutenue en Amérique du Sud, que j’ai des opportunités aux États-Unis, mais il faut des visas, c’est encore autre chose. Globalement, je suis super fière de voir que ça prend partout et en France pareil. Dis toi, je n’avais jamais compris l’engouement autour de Shaka Ponk. Ils remplissent les arénas dans le moindre bled de France où tu as a quatre concerts par année. Et c’est que des gens qui kiffent s’en prendre plein la gueule. Personne ne peut dire que la France n’est pas rock’n’roll. C’est méga rock, j’ai jamais vu autant d’engouement de personnes lambda autour de ma musique. J’aurais jamais cru que Jacqueline, mère de famille, kiffe ce que je fais ! (rires)