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Tones and I à Musilac : « Je veux sincèrement que les gens soient heureux et vivent leur vie »

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Sombre Clair

Tones and I est heureuse d’être sur scène, et elle le fait savoir. L’artiste, qui cherche à inclure le plus de monde dans ses musiques et dans son coeur, partage avec nous ses valeurs, et son plaisir d’être de retour sur scène, après une tournée avortée par la pandémie. Retour sur une rencontre passionnante et touchante.

En 2022, tu tournes dans de nombreux festivals en Europe comme ici, à Musilac, ou bien aux Déferlantes et au Mad Cool. Que ressens-tu à l’idée de retrouver ton public ?

C’est fou. Je ne savais pas à quoi m’attendre quand je suis arrivé ici après si longtemps. Il y a une quantité de gens inimaginable. Pour le premier concert que j’ai joué ici, nous étions en deuxième partie de journée et il y avait environ 40 000 personnes, alors que je m’attendais à quelque chose comme 5000 personnes. C’est dingue parce que je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de jouer ici correctement sachant que ma tournée a été annulée.

Musilac - © Bazile Hamard
Musilac – © Bazile Hamard

Tu as été propulsée sur la scène internationale en 2019 avec Dance Monkey. Comment as-tu vécu le succès dans le monde, comment ta vie a-t-elle changée ?

Je pense qu’elle a changé d’une manière massive. Je passe d’un pays où je jouais ma musique dans une petite ville à une tournée mondiale où les gens connaissent ma musique. Je pense que c’est arrivé à un moment très positif, mais aussi très compliqué. Une très mauvaise période parce que je faisais ma première tournée et que le COVID a tout annulé, mais une très bonne période sachant que tous mes amis étaient des artistes de rue, comme moi. Grâce au projet, ils ont pu trouver un emploi. Je suis aussi reconnaissante que cela soit arrivé à ce moment-là.

Ton vrai nom est Toni. Quelle est l’histoire de ce nom ? Que représente ce « I » ?

Au départ, je voulais vraiment mettre l’emphase sur le « I ». J’avais l’habitude de jouer des petits concerts en tant que Toni Watson. Quand on y pense, combien de fois dans la vie a-t-on l’occasion de changer de nom et d’être connu ? J’ai pensé que Tones représente ma musique et que « I » me représente. Tones et moi, c’est un peu comme “toi et moi”, vu que les gens m’appellent Tones. Donc c’est comme si tu parlais de nous ensemble.

C’est une façon de partager avec le public, avec les gens qui écoutent ta musique, non ?

Oui. J’ai juste pensé à tellement de choses différentes. Et puis j’étais assise dans ma voiture et je me suis dit, ça y est, c’est « Tones and I ». C’est bien la preuve que des petites décisions peuvent avoir une incidence capitale. J’aurais pu m’appeler n’importe comment, mais c’est maintenant le nom dont les gens se souviennent.

Parlons de ton EP, “The Kids Are Coming”. L’artwork est très original, avec beaucoup de personnes sans visage et en même temps avec des drapeaux arc-en-ciel et d’autres anti-armes. Sont-ce les enfants dont tu parles ?

Je pense qu’avec The Kids Are Coming, je voulais montrer aux gens que cela représentait vraiment les jeunes qui vont de l’avant. Je sais qu’il y a des personnes plus âgées. Des grands-mères ou des grands-pères qui ont caché leur homosexualité toute leur vie. Ce n’est que maintenant qu’ils peuvent se montrer sous leur vrai jour. Et même ainsi, ils ont construit toute une vie et ils ne le feraient probablement toujours pas. Alors je voulais vraiment dire que les enfants arrivent pour montrer à quel point la jeune génération est en train de changer le monde. Je le crois vraiment. Je voulais aussi leur donner du pouvoir, mais aussi représenter une perspective plus fraîche. Mais je ne voulais pas exclure les personnes d’un certain âge. Quelqu’un peut écouter cet EP maintenant, puis dans 50 ou 60 ans.

Pour revenir à la chanson The Kids Are Coming, on a l’impression avec les trompettes notamment, qu’il y a une sorte d’armée qui arrive. Sont-ce également les enfants de cet artwork ?

Le message était très inclusif. Pour le clip, j’étais exigeante sur le fait que les figurants soient militants. Je voulais qu’ils écrivent eux-mêmes sur leurs pancartes. Nous avons fait en sorte que chacun ait son moment. Les questions qui ressortent sont évidemment l’injustice, la communauté trans, LBGTQI+, les lois anti armes, la protection de l’environnement et bien sûr le racisme qui est énorme, notamment sur les médias sociaux en ce moment. On ne peut pas dire que ça n’existe pas. C’est peut être naïf, mais je n’ai rien mis en quoi je ne croyais pas. Je veux sincèrement que les gens soient heureux et vivent leur vie tant que ça n’affecte pas la santé de quelqu’un d’autre.

Parlons justement des réseaux sociaux. Tu es discrète sur des sujets, notamment ton âge, et tu dis que les choses sont souvent fausses sur Internet.

Je suis farouchement privée. Je pense que je suis connue pour ça, mais ça n’a pas vraiment commencé ainsi. Quand je faisais de la musique de rue, je voulais vraiment me montrer le plus possible. J’ai commencé avec 300 followers, et je me suis dit que quand je serai à 10 000, je sortirai ma première chanson, Johnny Run Away. Je voulais gagner ces 10 000 de manière organique Mais qu’est-ce qui s’est passé après ça ? Dans le mois ou les deux mois qui ont suivi, je suis passé à 50 000, puis j’ai sorti Dance Monkey. Je suis passé à 10 millions. À ce stade, tout le monde n’est pas complaisant, et c’est là que tu te protèges. Mon âge, je l’ai dit tant de fois, puis j’ai pensé que ce serait drôle de le cacher. J’ai regardé sur Wikipedia et j’ai trouvé deux âges. Aucun des deux n’était bon. Maintenant c’est drôle, c’est un truc. Désormais je dis juste que je suis assez âgée pour conduire légalement dans tous les pays.

Je me souviens de l’histoire d’un artiste français, Madeon, devenu très célèbre en avec un mash up réunissant beaucoup d’artistes. Il n’a pas voulu se montrer à ce moment-là. Quand il a percé on s’est rendus compte qu’à l’époque il avait une quinzaine d’années.

C’est arrivé aussi avec Billie Eilish. Je pense que c’est à l’adolescence que l’on ressent le plus de choses. Ces émotions disparaissent progressivement. On perd tous ces moments excitants comme Noël ou les vacances ou autres. Tout est toujours excitant, mais pas de la même manière. Je pense que si tu as quelqu’un à cet âge qui parle vraiment de ressentir une émotion, il faut se  rappeler que c’est l’âge où l’on ressent tout. Et je pense que c’est le meilleur âge pour écrire sur tous ces sujets. Honnêtement, je pense que Billie le fait si bien.

En mars de cette année, tu as sorti une autre chanson, Eyes Don’t Lie, assez différente de l’EP The Kids Are Coming. En devenant plus célèbre, tu souhaites faire quelque chose de plus libre et personnel ?

Ce qui est ironique, c’est que quand je faisais de la musique de rue, ma voix était toujours dans les tonalités de Eyes Don’t Lie. Malheureusement pour moi, c’est Dance Monkey qui est devenue célèbre, mais cela ne me définit pas. J’ai laissé les gens me faire croire que je n’avais aucune profondeur et je voulais vraiment m’assurer que je ne suivais pas la tendance de moi-même. Je préfère chanter ces chansons de type ballade. C’est le monde qui a décidé que Dance Monkey était LA chanson, alors je voulais vraiment marquer le coup. Je voulais partager cette facette en publiant une chanson différente avec ma voix, qui est toujours la mienne, mais les gens ne me connaissent pas pour autre chose que Dance Monkey et c’est effrayant. Même les couplets de Fly away sont plus bas.

Cette chanson est-elle l’annonce d’un nouvel EP ou d’un album à venir ?

J’ai un single qui va bientôt sortir, ma première collaboration avec mon artiste préféré. Ensuite un EP quatre semaines plus tard. Donc, dans les prochaines semaines, je vais sortir pas mal de choses.

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