Sombre Clair

Au cours de notre visite au Cabaret Vert, nous avons rencontré Hélèna, chargée de production chez Safer. Safer est une organisation qui intervient sur de nombreux festivals en France pour mettre en place des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Lors de cette interview, Hélèna nous parle des missions de Safer, de l’évolution du projet depuis sa collaboration initiale avec le festival Marsatac, et des objectifs à long terme de cette initiative. Découvrez comment Safer s’engage à sensibiliser le public, à accompagner les victimes, et à contribuer à un environnement festif où chacun·e peut se sentir en sécurité.

Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais chez Safer ?

Je m’appelle Hélèna, je suis chargée de production au sein de l’équipe Safer. Mon rôle consiste principalement à organiser et gérer les prestations de Safer, que ce soit sur les festivals ou lors d’autres événements avec lesquels nous collaborons. Notre mission est de mettre en place des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Nous sommes présent·e·s pour sensibiliser le public à ces questions, mais aussi pour accompagner les victimes qui pourraient avoir besoin d’une prise en charge. Nous avons un outil qui permet aux personnes de lancer une alerte en cas de problème, que ce soit pour elles-mêmes ou en tant que témoins. Grâce à ce système, des bénévoles de Safer peuvent intervenir, offrir de l’aide, faire de la médiation et accompagner les personnes concernées. Sur les festivals, nous mettons également à disposition un stand en retrait, où les gens peuvent venir parler dans un espace plus calme. Des professionnel·le·s du CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) sont présent·e·s pour accueillir la parole des victimes, leur offrir un soutien social et juridique, et être à leur écoute.

MARSATAC-14.06-ISISMECHERAF-7
Safer est maintenant présent sur de nombreux festivals. Vous avez commencé avec Marsatac. Comment ce système s’est-il développé au point de devenir indispensable ?

Le projet a débuté avec l’idée de bien accueillir les festivalier·ère·s sur les événements, en nous posant des questions sur la sécurité et le bien-être du public. Le CIDFF nous a contacté·e·s pour réfléchir à la manière d’intervenir et de sensibiliser un public jeune sur les violences sexistes et sexuelles. Le projet a pris forme avec les équipes organisatrices du festival marseillais Marsatac. Safer s’est vraiment développé pendant la période COVID, qui nous a permis de réfléchir en profondeur à l’accueil des festivalier·ère·s et aux problématiques de violences sexistes et sexuelles. Depuis le début, nous avons été présent·e·s sur plus de 200 événements à travers la France. C’est notre troisième année au Cabaret Vert, et cela se passe très bien. Notre équipe est très impliquée et nous collaborons étroitement avec les équipes de sécurité, qui sont spécifiquement formées sur ces questions. Le dispositif a rapidement trouvé sa place, car nous nous sommes aperçu·e·s que les violences sexistes et sexuelles étaient un angle mort de l’accueil des festivalier·ère·s. Aujourd’hui, il est clair que ce type de dispositif est essentiel et nécessaire sur les festivals.

Quel est le projet à terme pour Safer ?

Notre objectif principal est de rendre visibles les questions de violences sexistes et sexuelles lors des événements et de montrer clairement que nous sommes du côté des victimes. Il ne s’agit plus de traiter ces questions à la marge, elles doivent faire partie intégrante des réflexions globales sur la prévention, la sécurité et la sûreté. À long terme, nous souhaitons que chacun·e se sente en sécurité lors des événements, sachant que notre présence peut dissuader les personnes ayant de mauvaises intentions. Quelle que soit la situation, nous serons toujours du côté des victimes.

GuillaumeBleyer-60
Quand vous êtes présent·e·s sur un festival, vous effectuez des maraudes. Qui sont vos bénévoles et comment sont-ils formé·e·s ?

Nous travaillons en amont de chaque événement avec les organisateur·ice·s pour préparer notre intervention. Une vingtaine de bénévoles est recrutée et sensibilisée avant le festival grâce à un mook et des modules de sensibilisation en ligne, afin d’apprendre à identifier les situations de violences sexistes et sexuelles. Ces bénévoles adoptent une posture bienveillante et non jugeante envers les personnes qu’ils rencontrent. Ils sensibilisent et informent le public sur les outils disponibles et peuvent intervenir en cas de problème. Sur le terrain, notamment la nuit, ils effectuent des maraudes autour des scènes ainsi que dans des zones plus sombres et isolées pour s’assurer que tout se passe bien et intervenir si nécessaire.

Le but ultime serait qu’il n’y ait plus besoin de Safer. Comment y parvenir ?

Pour cela, il est nécessaire d’atteindre une prise de conscience collective, où de plus en plus de personnes s’éduquent et se sensibilisent sur ces questions. Il ne faut pas hésiter à entrer en contact avec les acteur·ice·s qui travaillent sur ces sujets au quotidien, qui seront toujours prêt·e·s à échanger. Il existe de plus en plus de structures comme le CIDFF, qui continuent d’éduquer le public pour faire en sorte que ces questions ne soient plus un sujet de préoccupation. La présence de dispositifs comme Safer lors d’événements festifs est une étape dans ce processus de conscientisation. C’est une petite partie d’un enjeu global.

valentin-antonucci-3437
À quel moment as-tu voulu t’engager chez Safer ?

Je me suis engagé·e dans ce projet pour plusieurs raisons. D’abord, j’adore faire la fête ; je pense que ces moments sont essentiels pour se rassembler, créer des liens sociaux, et partager de bons moments entre ami·e·s et en famille. Je suis convaincue qu’il existe de nombreuses façons de faire la fête tout en adoptant des comportements et des pratiques responsables. L’objectif de Safer est de contribuer à rendre les fêtes plus sûres, en étant présent·e·s sur ces questions, et en apportant bienveillance et amour dans les lieux festifs. Vous pouvez compter sur nous pour être présent·e·s encore et encore, et pour toujours être du côté des victimes.

À lire également