C’est seulement la troisième date du projet Yannis & the Yaw et pourtant, les fans sont au rendez-vous. Le 11 septembre, l’Alhambra affiche complet. Retour sur un concert marquant d’émotions et d’hommages à Tony Allen, figure marquante de ce projet.
Pour comprendre l’émotion autour de cette date, remontons en 2016. Yannis Philippakis, chanteur du groupe Foals croisé notamment à Rock en Seine en 2023 (et sur bien d’autres dates !), réalise un rêve à Paris : rencontrer Tony Allen et improviser quelque chose qui aurait pu, selon la légende, ressembler à de l’afrobeat. Pourtant sur scène et au travers d’un EP intitulé London Paris Lagos sorti le 30 août, on découvre quelque chose de bien différent : un projet à la croisée des mondes, entre influences rock, funk et jazz. Si la patte de Foals se retrouve dans ce format cinq titres qui tiendra parfaitement plus d’une heure sur scène, ce projet est tout simplement différent.
À l’Alhambra, le public attend, captivé, l’arrivée de Yannis. Lors de ce concert qui devait initialement se jouer à la Cigale, les émotions s’enchaînent sur les sept titres joués en live. Après une très longue intro – peut-être de huit minutes, ou plus encore, Yannis prend enfin le micro et, après un doux « Bonsoir Paris », JAM 3 démarre. Le public connaît déjà tout sur le bout des doigts, depuis les premiers rangs jusqu’au fond de la salle. Quel plaisir, d’ailleurs, de retrouver Yannis dans un format aussi intimiste. Habitué des grandes dates, de Rock en Seine à La Nuit de l’Erdre en passant par les Eurocks ou encore le Zénith, l’artiste semble complètement habité par ce format, beaucoup plus proche du public. Une légèreté s’installe en lui, un plaisir de l’improvisation toute contrôlée.
C’est d’ailleurs ce qui se ressent lors d’une jam session marquante en plein milieu du show. Pendant plus de quinze minutes, les notes s’enchaînent et les accords suivis créent une atmosphère intense dans laquelle on s’oublie, dans laquelle le monde extérieur disparaît. Comme une communion autour de la musique, on se retrouve, on danse, on profite.
Tony Allen, décédé en 2020, est dans le cœur et les esprits. Cité à plusieurs reprises par Yannis, son âme musicale se retrouve dans les artistes qui accompagnent le chanteur sur scène. C’est peut-être cela qui fait la force, mais aussi l’amour autour de ce projet, créé dans un studio à Paris. Ce n’est pas pour rien que l’EP s’appelle Lagos (ville natale de Tony Allen) Paris London.
Après une sortie de scène copieusement applaudie, Yannis & the Yaw reviennent sur scène pour jouer Clémentine. Là encore, les univers musicaux se confondent. Les paroles se retiennent extrêmement vite, même pour quelqu’un qui n’a entendu ce titre qu’une seule fois. Preuve en est que cet EP a encore de beaux jours devant lui. Le groupe se produira également en décembre prochain à l’occasion des Transmusicales de Rennes. Reste à savoir si d’autres dates auront encore lieu en France, si nous pourrons retrouver la formation sur des festivals. Une chose est sûre : le public répondra présent.