Pour sa seule date en festival cet été, Corine a décidé de poser ses valises à Musilac. Perruque vissée sur la tête, la chanteuse offre un show dansant et plein de bonnes énergies. Quelques minutes avant le show de Macklemore, la reine de l’italo-disco à la française nous rencontre et nous livre quelques secrets de son album R, sorti en mars 2023.
Merci d’avoir accepté cette interview ! Tu viens d’arriver sur Musilac, qui est ta seule date de l’été !
Oui, c’est assez inédit. C’est assez fou ! C’est la seule date de l’été pour nous.
C’est un show spécifique pour cette tournée, ou c’est la fin de tournée ?
C’est la fin de la tournée. C’est un peu particulier de se retrouver sur un festival isolé, puis un festival comme Musilac qui est un festival mythique. Donc on est très excités, très joyeux et on a décidé de vraiment en profiter, comme à chaque fois qu’on est sur scène. Ça va être un moment émouvant et d’autant plus qu’il y a un titre sur mon album que j’ai fait avec Pino D’Angiò, qui est décédé le 6 juillet, il y a moins d’une semaine. Et donc je sais que ce soir ça va être un moment un peu particulier pour moi aussi.
De quelle manière vous aviez collaboré, avec Pino D’Angiò ?
Pino D’Angiò, c’est rigolo parce que c’était pendant le confinement, mon producteur me dit que ce serait extraordinaire que je fasse un duo avec Pino D’Angiò. Et je lui dis ouais, à fond. Je vais lui écrire et je pense qu’il me répondra jamais. En fait, il m’a répondu dans l’heure. De là a commencé une relation épistolaire. On s’est écrit pendant un an à peu près et puis après il a commencé à enregistrer des voix à Rome et moi à Paris. Et puis une fois que le titre est sorti, on a fait le clip et donc là on s’est rencontrés. Ça a été magnifique, très drôle aussi. C’était vraiment un personnage avec beaucoup d’humour et à la fois j’étais évidemment impressionnée par ce maître de l’italo disco que je rêvais de rencontrer depuis longtemps.
Tu avais une tournée en 2019 qui passait notamment par Solidays. Qu’est-ce qui a changé, sur cette nouvelle tournée que tu termines ?
La première tournée, c’était vraiment très cinématographique, mis en scène. Sur le deuxième album, j’ai des chansons, je reviens à mes amours premières de chansons aussi, avec des textes très intimes. Je parle de la mort de ma mère, de la naissance mon fils. Le voyage, il est encore plus grand entre le disco, les moments très dancefloor et les moments plus intimes.
Le disco paraît être une musique très joyeuse de prime abord. Comment peux-tu partager des textes plus intimes sur une musique plus joyeuse ?
Je n’enferme pas le disco dans une musique légère, au contraire. I Will Survive, je donne toujours cet exemple, mais parce que c’est un bon exemple, c’est un texte qui n’est pas drôle du tout. C’est un texte de combat. On peut raconter plein de choses sur de la musique dansante. Notamment sur mon dernier album, j’ai un titre qui s’appelle Les cigales en été où je parle du jour de l’enterrement de ma maman. Et pourtant c’est sur un uptempo, une sorte de transe très dancefloor. Pour moi c’est pas antinomique. Les moments de balades pour moi, dans ce spectacle que je fais en ce moment, c’est des respirations au milieu de toute cette effervescence, de tout ce uptempo.
Ton album s’appelle R. Qu’est ce que ça provoque aussi dans l’imaginaire des gens qui vont un petit peu se questionner par rapport à tout ça ?
Ça, il faut demander aux gens (rires). En tout cas, dans mon imaginaire, je trouvais que cette lettre rassemblait très bien tous les thèmes que j’aborde dans mon album qui sont la résilience, la renaissance. La résilience à travers justement la mort de ma mère, la renaissance à travers la naissance de mon fils, et aussi l’après COVID qu’on avait tous vécu ensemble. J’ai écrit mon album pendant le COVID. « R » signifie rien dans le langage street et je trouvais ça bien. J’avais dans l’idée de dire tiens, je suis repartie de rien parce que je suis parti à la campagne aussi pour écrire cet album. J’avais besoin d’être loin de toute une agitation et donc le rien pour moi, c’est pas négatif, au contraire, c’est un moyen de se ressourcer, de revenir à l’essentiel. Je trouvais que cette lettre était jolie, elle sonnait bien et que ça permettait aussi à chacun de pouvoir l’interpréter comme il le souhaitait.
Ça permet aux publics de s’approprier tes textes.
Oui oui. Puis après vraiment, cette lettre à elle, elle fédère, elle rassemble les thèmes que j’aborde. Donc ça avait vraiment du sens aussi.
Tu es en fin de tournée, et en train de préparer un nouvel album, c’est bien ça ?
Je travaille sur deux collabs qui vont sortir bientôt et en même temps sur mon troisième album où je vais prendre un peu plus de temps. Mais là, il y a des choses qui vont arriver.
Quand on sort un album aussi personnel que celui que tu viens de faire, a t’on encore des thématiques que l’on souhaite aborder ?
Les collaborations, ça me permet de respirer un peu et d’être dans d’autres choses sans être toute seule. Ça me fait du bien de travailler en duo avec d’autres artistes et de me dégager un peu de cette pression, quand on est toute seule à leader. Ça me laisse le temps de pouvoir écrire pour moi. Concernant les thèmes que je vais aborder, je ne me pose pas trop la question de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il y a des chansons qui sont encore intimes parce qu’évidemment, en fait, on est tous pareils, on a nos vies, on évolue. Je crois que c’est important surtout de rester libre dans son art. J’essaye de retrouver à chaque fois le plaisir d’écrire sans réfléchir. Après, c’est du travail et donc il y a des thèmes, tu vois qu’ils sont très récurrents. À la fois, ça va tourner encore quand même sur des choses évidemment très intimes, des questionnements qui me sont chers depuis longtemps. Je suis vraiment à fond en ce moment dans l’italo-disco, je me replonge dans plein d’albums, qu’ils soient anciens ou dans les artistes actuels aussi italiens ou des artistes comme Róisín Murphy qui m’inspirent énormément. Ouais, de rester quand même sur cet angle très dancefloor, très festif de la nuit, qui permet de libérer la parole aussi et de raconter les choses avec du recul et j’espère, une forme d’humilité. C’est ce que j’aime dans cette musique, c’est aussi ce qu’on fait, on se la raconte. Il y a du glamour, mais derrière, il y a des vrais sujets à aborder. Moi, ça me touche.
Quelques artistes qui t’inspirent dans l’italo disco ?
Il y a une artiste qui s’appelle Italie avec qui j’adorerais travailler qui a fait ce titre en italien, Emmanuelle, il y a des artistes comme Nu Genea avec qui j’aimerais bien travailler aussi. Il y a cet artiste que j’écoute en boucle, À cet artiste là que j’écoute en boucle, Matia Bazar, ce groupe des années 70-80. Là on revient vraiment sur des prods très organiques, vraiment seventies. Je me plonge là dedans pour pour retrouver mon inspiration pour la suite.