Le week-end dernier, l’Hippodrome de Longchamp s’est transformé en temple de la musique live à l’occasion du très attendu Lollapalooza Paris (ou Lolla pour les intimes). Pendant trois jours, une foule venue de tout Paris a vibré au rythme d’une programmation éclectique, ponctuée de découvertes, de performances grands formats et de surprises. Retour sur un festival qui, encore une fois, a tenu ses promesses.
Entre jeunes talents et artistes confirmés
C’est Lola Young qui a figuré parmi les premières à ouvrir cette édition. Révélée grâce à son titre Messy, la chanteuse britannique a livré un set parfaitement maîtrisé, loin de tout chaos. Un peu plus tard dans la soirée, le public a eu droit à un moment exceptionnel : l’unique escale française d’Olivia Rodrigo en 2025. Pour l’occasion, la pelouse s’est teintée de violet, couleur emblématique de l’artiste, fièrement arborée par une foule de fans surexcités.
Deux artistes, très différents mais également très attendus, ont marqué les esprits. Le premier, Benson Boone, venu tout droit des États-Unis, a enflammé la scène avec un show à l’américaine. Star montante révélée à Coachella pour les européens par sa reprise de Queen, il a enchaîné les sauts et envolées pop, devant un public visiblement séduit.
À l’opposé stylistique, Saint Levant a livré une prestation vivante et engagée. Programmé sur la troisième scène, qu’il aurait pu échanger sans difficulté contre l’unes des Main Stages tant la foule était dense, l’artiste a transformé son concert en une fête. Entre morceaux festifs et chansons porteuses de messages pour la Palestine, Saint Levant from Gaza a conquis Paris avec sincérité.
Dans un registre résolument rock, The Last Dinner Party a livré une performance à la fois puissante et théâtrale, fidèle à sa réputation déjà bien établie après son passage à Rock en Seine l’an dernier. Le groupe a confirmé son identité singulière, entre énergie brute et engagement scénique. De leur côté, les Canadiens de Mother Mother ont revisité leur titre emblématique Hayloft dans ses deux versions, offrant un moment fort et parfaitement maîtrisé dans l’écrin de l’Hippodrome.
Autre moment fort : le concert de Raye. Malgré une voix touchée par un rhume, la chanteuse britannique a su briller. Avec une voix exceptionnelle, un humour naturel et une réelle connexion avec le public, elle a transformé son passage sur une des Main Stages en véritable moment de grâce.
Côté incontournables, David Guetta, Macklemore ont assuré le spectacle malgré parfois une météo capricieuse. Justin Timberlake a bien évidemment honoré son statut. Véritable bête de scène, le roi du RnB a mobilisé tout son savoir-faire pour offrir une performance à la hauteur de sa légende. Un final grandiose pour clôturer le festival.
Enfin, une mention spéciale pour Zaho, qui a fait revivre les souvenirs de toute une génération en l’espace d’une heure, et ce avec une des plus belle énergie du festival.
Coups de foudre scénique
Impossible de ne pas mentionner le phénomène Jacob Collier. Le prodige britannique a transformé son concert en véritable expérience collective, et tout ceci en crocs s’il vous plaît. Sa reprise de La Vie en Rose, chantée en chœur par tout le public, restera un moment suspendu. Collier a une spécialité : transformer la foule en chorale vivante, fusion parfaite entre scène et public, de quoi rappeler ce qu’est un réel bon concert.
Autre ovni musical : Ca7riel & Paco Amoroso. Le duo argentin a livré un live aussi étrange que captivant, mêlant jazz, funk et trap avec une aisance déconcertante. Pour ceux qui les auraient manqués, ils seront au Bataclan en octobre prochain.
Une édition marquée par la diversité
Cette édition 2025 s’est distinguée par une grande diversité musicale. De la pop à l’électro en passant par la funk ou les musiques latines, tous les styles (ou presque) étaient représentés. La scène hispanophone s’est notamment illustrée grâce à Feid, Nathy Peluso et, encore une fois, Ca7riel & Paco Amoroso, attirant une fanbase venue tout spécialement pour eux.
À noter aussi, les sets electros, dont la prestation explosive de Trym sur la Perry’s Stage, véritable temple de la techno du week-end. Entre projections de feu et BPM survoltés, le DJ a su tirer parti d’une scène au format plus brut, rappelant l’esprit des raves underground, loin des Main Stages lissées des grands festivals.
L’expérience Lolla
Lollapalooza Paris 2025 a clairement rempli son contrat musical : des têtes d’affiche rares en France, Justin Timberlake ou Olivia Rodrigo, aux jeunes artistes prometteurs, le casting impressionne. Le festival oscille entre parc d’attractions (où l’on peut aussi bien croiser un stand Otacos qu’un stand France Travail) et événement musical clairement positionné haut de gamme.
Mais tout n’est pas parfait : pour un tarif journalier moyen de 89 €, le manque de navettes reste incompréhensible (surtout comparé à Solidays, organisé sur le même site). La plupart des artistes en dehors des têtes d’affiche disposent de créneaux limités, souvent inférieurs à une heure, et les soucis de sonorisation restent fréquents, en particulier sur l’Alternative Stage. L’omniprésence des marques et des espaces promotionnels, bien que cohérente avec le format du festival, peut ne pas convenir à tous les festivaliers et puristes du genre.
En somme, Lollapalooza Paris 2025 a offert un équilibre réussi entre shows spectaculaires, belles découvertes et instants suspendus. De quoi nourrir nos playlists, planifier nos prochains concerts de l’année, et déjà envisager la prochaine édition du festival, que l’on espère encore plus audacieuse… et peut-être un peu plus accessible.
Report co-écrit avec Sébastien Martinez-Cerisier / Photo de couverture © NICKO GUIHAL